"La plantation aveugle d'engins explosifs par des forces affiliées à l'armée nationale libyenne", dirigée par Haftar, est une "violation potentielle du droit international", a affirmé la représentante par intérim de l'ONU en Libye, Stéphanie B. Williams. Les mines antipersonnel posées par les troupes de l'autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), dirigée par le général Khalifa Haftar, continuent d'endeuiller les familles libyennes, avec des explosions quasi quotidiennes aux abords de la capitale et d'autres villes de l'ouest du pays. Hier, trois membres d'une même famille ont été blessés lorsqu'une mine terrestre a explosé au sud de Tripoli, selon un communiqué des responsables du ministère de la Santé, portant à 11 le nombre de victimes ces dernières 72 heures. La veille, deux volontaires appartenant à des organisations non gouvernementales impliquées dans des opérations de déminage dans la région ont trouvé la mort après l'explosion de mines, selon la mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul). Dans un communiqué diffusé dans la nuit de lundi à mardi, la cheffe de la Manul par intérim, Stéphanie B. Williams, s'en est prise vertement aux "criminels affiliés aux troupes de Khalifa Haftar", responsables de la "pose des mines". "Je suis profondément attristée par la mort de deux autres travailleurs du déminage qui sont décédés dans l'exercice de leurs fonctions, sacrifiant leur vie pour veiller à ce que les quartiers civils soient nettoyés d'engins explosifs", a affirmé Mme Williams, en rappelant que la mission des agents du déminage a pour objectif d'"assurer aux citoyens libyens un retour dans leur ville et leur domicile en toute sécurité". "Il s'agit d'une violation potentielle du droit international", a fait savoir la cheffe de mission onusienne en Libye, accusant l'Armée nationale libyenne de Haftar d'avoir placé des mines dans des régions, "qu'il y ait ou non des habitations civiles". "La plantation aveugle par des forces affiliées aux Forces armées arabes libyennes (dirigées par Haftar, ndlr) d'engins explosifs dans des quartiers civils, qui, depuis fin mai, aurait tué et blessé près de 140 personnes, dont 81 civils, parmi lesquels des démineurs, est une violation potentielle du droit international", a averti Stéphanie B. Williams. Selon certaines sources libyennes, 57 explosions se sont produites ces derniers jours. Des femmes et des enfants ont trouvé la mort après l'explosion de ces mines, qui risquent de faire encore des victimes pendant longtemps au vu de l'étendue des champs de mines laissés dans plusieurs villes du pays. Ces actes criminels, qui endeuillent des familles entières libyennes, révèlent, encore une fois, le recours de Khalifa Haftar aux moyens atroces dans le seul but de la prise du pouvoir. Pis encore, ses échecs militaires répétés ces derniers mois face aux forces du GNA, reconnu par la communauté internationale, l'ont poussé à redoubler de barbarie, laissant derrière lui des fosses communes où ont été enterrés — parfois vivants — hommes, femmes et enfants. L'ONU et des organisations humanitaires internationales disposent aujourd'hui de suffisamment de preuves pour traduire, tel que soutenu par le GNA, ces criminels devant la cour de justice internationale. Karim Benamar