L'auteur Mebrouk Boudraa vient de publier chez les éditions Boussekine, Le départ de mon père. Natif de la ville de Béjaïa, Mebrouk Boudraa vit depuis 15 ans au Canada où il exerce le métier d'enseignant. Diplômé de l'Institut supérieur des technologies du sport (ISTS), il a exercé dans une vie antérieure en tant qu'entraîneur sportif "de hautes performances puis inspecteur des sports" avant de se lancer dans l'écriture de scénarios et dans la réalisation pour le compte de la télévision. Il a, à son actif, plusieurs reportages et documentaires. Maîtrisant également les techniques de la composition littéraire, il achève, tour à tour, l'écriture d'une pièce de théâtre et son premier roman, Le départ de mon père. Son héroïne, Anya, est enseignante dans une école primaire. Elle part en compagnie d'un collègue, étranger — et chrétien —, en quête de son père, disparu après une nuit de carnage, commis par des islamistes armés. En prélude, l'auteur écrit : "Après avoir achevé l'écriture de ce roman, je me suis rendu compte que je n'ai pas écrit des rêves. Aucune fantaisie. Aucune imposture. J'ai seulement extirpé au silence des tombes la tragédie des islamistes armés, qui ont hanté nos nuits. Libération." Le roman, écrit par succession de plans — influence du cinéma oblige — décrit les pérégrinations de cette héroïne, qui fait des déplacements incessants en de nombreux endroits, tous aussi malfamés les uns les autres pour retrouver la trace de son père, disparu. "A-t-il été assassiné pour ses écrits d'hommes de lettres engagé ou s'adonne-t-il réellement à l'ivresse et à la débauche dans la taverne du temple rouge ?" Ce qui conduit Anya à se risquer jusqu'à aller chercher son père dans cette taverne, tolérée par les groupes islamistes armés, qui en tirent profit, ainsi que les contrebandiers, qui se sont énormément enrichis dans le trafic en tous genres. C'est à travers le régime totalitaire d'un pays fictif se trouvant sur les rives de la Méditerranée, que Mebrouk Boudraa, a voulu nous montrer les ravages de l'islamisme que des soulèvements populaires, réclamant plus de liberté et de démocratie, ont paradoxalement engendrés. Et dans ce face-à-face, qui opposent les groupes armés islamistes et l'armée, qui défend son pré carré, Anya finit par rejoindre une organisation clandestine de la résistance populaire où elle aura à affronter avec les armes les milices islamistes. L'armée de cet Etat failli, fictif s'entend, ne faisant que défendre un territoire menacé. S'il est vrai qu'à la lecture de ce roman, plutôt bien écrit, nous rapporte toujours à la passion du livre, de la passion pour l'enseignement, la foi tranquille des simples gens et leur tolérance, le combat des femmes et le départ des êtres aimés, le lecteur ne peut s'empêcher, notamment pour ceux qui ont vécu la tragédie nationale, de revivre la décennie rouge. Si le vin coule à flots dans la taverne de Smina, à Aït Aghris, cette ville de l'ouest du pays fictif, la mort est partout présente. Et la gent féminine menacée de tomber dans l'esclavage sexuel. M. Ouyougoute