Ces jeunes spécialistes se trouvent confrontés à une administration hospitalière qui semble être déconnectée de sa tutelle. En ce moment de grave crise sanitaire induite par le Covid-19, des gestionnaires des structures hospitalières refusent de recruter de nouveaux praticiens spécialistes. Selon des confidences, ils sont environ 250 médecins résidents de la promotion janvier 2020 qui ont été "éconduits" par des responsables des structures hospitalières dans plusieurs régions du pays. Ils sont au chômage depuis plus de six mois, alors qu'ils se sont présentés début juin dans des établissements hospitaliers avec des décisions d'affectation dûment signées par la tutelle. Mais mal leur en a pris, puisque des directeurs d'EPH défient la tutelle en invoquant des prétextes invraisemblables. Cette situation désolante est constatée même dans des régions où l'épidémie de coronavirus continue à se propager. Des sources locales citent alors des EPH, des CAC et autres établissements hospitaliers implantés notamment à l'est et au sud du pays. Les mêmes sources ajoutent que "beaucoup de responsables font leur loi et se permettent de renvoyer des médecins affectés sur décision ministérielle". Actuellement, ces médecins sont confrontés à une administration hospitalière qui semble être déconnectée de sa tutelle. La liste des établissements incriminés semble longue. "Il s'agit de plusieurs structures hospitalières de la wilaya de Sétif, de l'EPH d'Aflou (W. Laghouat), de l'EPH de Metlili (W. de Ghardaïa), des EPH de Biskra, du CAC de Béchar, du CHU et de l'EHS de Tizi Ouzou, de l'EPH de Bouira, de l'EPH de Mostaganem, de l'EPH de Relizane. Ces établissements refusent d'accepter ces médecins résidents pour plusieurs prétextes tels que l'absence de budget, de logements...", dénoncent des assistants en attente de poste. Selon d'autres confidences recueillies dans plusieurs wilayas, la plupart des gestionnaires concernés par ces recrutements invoquent le problème de dotation budgétaire. D'autres directeurs d'hôpitaux motivent, selon d'autres praticiens, leur refus par l'incompatibilité de la spécialité par rapport aux besoins exprimés. "Si un urologue se présentait pour être recruté, on lui ferait savoir qu'ils ont plutôt besoin d'un chirurgien orthopédiste ou d'un cardiologue, et vice-versa", déplorent d'autres médecins spécialistes. Alors que les services compétents du ministre Abderrahmane Benbouzid ont établi, selon nos sources, la nouvelle carte sanitaire des spécialités sur la base des rapports et des besoins exprimés par les responsables des EPH disséminés à travers le territoire national. "Les budgets destinés aux nouveaux postes de recrutement de spécialistes ont été débloqués bien avant la signature et la remise des décisions d'affectation aux concernés. Il est impensable de remettre des affectations aux médecins sans avoir au préalable résolu l'équation des postes budgétaires", ont confié des sources sûres. Ces derniers ne manquent pas d'ailleurs d'alerter les hautes autorités du pays sur ces "agissements irresponsables qui ne font que nuire au système de santé nationale qui est malade". Signalons enfin que sur les 1 552 spécialistes reçus en janvier 2020, 500 autres attendent l'examen de leur recours.