Elle disparaît sans avoir eu la chance de connaître le sort de son neveu, Amine Amrouche, enlevé au Ramadhan 1997 : fondatrice de l'association SOS Disparus, Mme Fatima Yous est décédée hier, à l'âge de 85 ans, à Paris, des suites d'une longue maladie, a annoncé l'association dans un communiqué. Cette grande dame à la petite silhouette, dont la témérité n'a d'égale que son passé révolutionnaire dans la région de Bouzguène, précisément à Takoucht, en Kabylie, a fait du combat pour la justice et la vérité sur les disparitions forcées durant la décennie "noire" sa raison d'être dès le jour où son neveu a été enlevé chez elle à Baraki, au sud d'Alger. "J'ai eu le privilège de travailler avec elle pendant vingt ans, c'est une battante, une ‘dame de fer', une moudjahida et une grande militante pour un Etat de droit. C'est une grande perte pour l'Algérie", regrette Ferhati Hassan, un des représentants de SOS Disparus. Il se rappelle comment en 2005, alors que le pouvoir de Bouteflika venait d'adopter la charte pour la paix et la réconciliation nationale, Mme Fatima Yous, lui et deux autres militantes ont mené une caravane d'Alger vers Ghardaïa, puis vers Oran, pour sensibiliser les citoyens sur la cause des disparus et battre en brèche la nouvelle politique visant à tourner la page de cette sanglante décennie. "Cette grande dame, militante infatigable, armée de courage, de détermination et d'engagement, était connue pour son combat pour la vérité et pour la justice sur les disparitions forcées", a réagi l'association RAJ. "Nous lui rendons un vibrant hommage et, à travers elle, à celles et à ceux qui se battent pour la vérité et la justice", écrit, pour sa part, le FFS qui se dit "très affecté par cette disparition", tout comme les ligues des droits de l'Homme. Mme Fatima Yous devrait être enterrée vendredi prochain à Baraki.