Plus de 900 000 Libyens sont inscrits à l'aide humanitaire, alors que beaucoup d'autres Libyens vivent au rythme d'un exode interne continu, à cause de la propagation des combats dans l'ouest du pays. La situation humanitaire en Libye inquiète de plus en plus les ONG, à l'approche de la probable bataille de Syrte, qui menace la vie de dizaines de milliers de civils, a indiqué le Comité national libyen des droits de l'homme (CNLDH) dans un communiqué jeudi soir. Plus de "125 000 civils se trouvent dans la zone de danger de la ville de Syrte et de ses environs, en raison des attroupements militaires dans les environs de la ville" natale de l'ancien colonel Mouammar Kadhafi, une cité-clé pour le contrôle de la production pétrolière en Libye, lit-on dans ce communiqué, précisant que plus de "2000 personnes ont déjà quitté leur domicile par peur des bombardements anarchiques à l'intérieur de Syrte", sous contrôle du général Khalifa Haftar, bras armé des autorités parallèles de l'Est libyen. Ces chiffres sont publiés dans un contexte de montée de tensions autour de Syrte, autour de laquelle des milliers de soldats et forces paramilitaires sont déployés par le Gouvernement d'union nationale (GNA) de Tripoli, appuyés par la Turquie, tandis que l'Armée nationale libyenne (ANL) de Haftar a déjà envoyé des renforts pour maintenir son contrôle sur cette ville stratégique, qui constitue une ligne de démarcation entre l'Est et l'Ouest libyens. Sur le plan diplomatique, les grandes puissances et les pays impliqués dans ce conflit, avec le GNA ou Haftar, sont entrés depuis plusieurs semaines dans d'interminables tractations pour éviter le pire, alors que sur le terrain plus de 16 000 civils ont fui la ville-garnison de Tarhouna (80 km au sud-est de Tripoli) que le GNA a repris récemment aux mains de l'ANL, après plusieurs jours de meurtriers combats terrestres et de raids aériens, selon le communiqué du CNLDH. "Les civils en Libye supportent le fardeau de la crise politique et paient le prix de la guerre et des conflits ‘de façon exorbitante'", rappelle ce comité qui fait état de l'inscription de près d'un million de Libyens à l'aide humanitaire d'urgence, en raison notamment de "la fermeture d'institutions vitales en Libye, la destruction et la fermeture de nombreuses installations pétrolières et l'interruption de la production" des hydrocarbures, que Haftar utilise comme une arme politique pour faire plier le GNA et l'amener à céder le pouvoir, après avoir échoué à entrer à Tripoli par la force des armes à l'issue d'un an de violences meurtrières qui ont fait plus de 2000 morts et des milliers de blessés, majoritairement des civils. "900 000 personnes se sont inscrites pour une aide humanitaire d'urgence", affirme le CNLDH. Ceci sans compter "le déplacement continu de 360 000 personnes en raison du conflit et des tensions dans le sud-ouest de Tripoli et dans les environs de la ville, à la suite de la guerre à Tripoli" d'avril 2019 à début mai 2020. Au risque de mourir de faim ou sous les bombardements continus des cibles civiles, des centaines de milliers de Libyens sont privés régulièrement d'accès à l'eau et à l'électricité, ce qui n'est pas sans impacter directement le train de vie quotidien des gens et un système de santé au bord de l'effondrement, rappelle ce comité. Lyès Menacer
