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"Tout vient d'en haut, mais rien n'arrive en bas"
Mohamed Bouchakour, économiste
Publié dans Liberté le 17 - 08 - 2020

L'économiste explique, dans cet entretien, que le niveau local reste à la fois un ensemble de centres de coût, de foyers de mal-être et de tensions, alors qu'il devrait renfermer des centres de création de richesse et d'espaces de bien-être et d'épanouissement.
Liberté : Le développement local, le gouvernement en fait une priorité, dans le cadre d'une "politique de cohésion économique et sociale" appliquée à l'échelle de régions déshéritées. Dans cette politique, le wali est appelé à jouer un rôle de premier plan dans l'exécution des décisions prises par l'Exécutif. Dispose-t-il des prérogatives nécessaires pour mener à bien sa mission ?
Mohamed Bouchakour : Le wali représente, en principe, le chef du gouvernement sur le territoire dont il a la charge. Quant à la question de savoir si les walis utilisent le pouvoir absolu dont ils disposent à des fins de développement local, la situation socioéconomique dans laquelle se trouve le pays parle d'elle-même. Dans la très grande majorité des cas, ils ont été jusque-là plus des rouages de distribution de la rente et de dilapidation des deniers publics que des acteurs de développement local.
Comment le développement local peut-il apporter une contribution au plan économique et social ?
Contrairement aux programmes et projets nationaux dont la réalisation ne peut tout naturellement se concrétiser qu'à des niveaux locaux (top-down), le développement local a pour particularité de résulter d'une dynamique émergente (bottom-up). Le syndrome que nous avons vécu jusque-là se résume dans une formule kafkaïenne : "Tout vient d'en haut (en termes de choix et de ressources), mais rien n'arrive en bas (en termes de développement et de bien-être)." Le niveau local reste à la fois un ensemble de centres de coût, de foyers de mal-être et de tensions, alors qu'il devrait renfermer des centres de création de richesse et d'espaces de bien-être et d'épanouissement.
La démarche doit être inversée : les initiatives économiques et sociales culturelles doivent être libérées dans les communes et les wilayas, et être érigées en vecteur de développement ; les programmes et projets sectoriels de l'Etat central étant là pour soutenir, accompagner, catalyser le développement local par des grands travaux d'infrastructures. Tout compte fait, à part ces travaux d'infrastructures réalisés dans des conditions d'efficience désastreuses, l'Etat providence paternaliste et tout-puissant a surtout servi de paravent à des gaspillages et à des malversations qui dépassent tout entendement. À présent, l'ère de la rente pétrolière est terminée. La seule alternative réside dans l'éveil de la société civile locale, associative et entrepreneuriale et dans la prise en main de son destin. Dans sa tête, le père est mort.
L'approche adoptée en matière de développement local reste rigide, toutes les décisions étant prises au niveau central. Qu'en pensez-vous ?
J'irai jusqu'à affirmer qu'il n'existe pas d'approche de développement local, ni même d'orientations pour des initiatives pragmatiques à prendre en ce sens. Personne ne sait où en est la mise en œuvre du Snat (Schéma national d'aménagement du territoire), lancé il y a 10 ans. Aucun wali, à ma connaissance, ne s'est intéressé à cet outil pour produire une analyse et un plan stratégique de sa wilaya exactement comme le ferait un manager pour son entreprise. Le volet principal d'un tel plan stratégique serait la constitution d'un portefeuille d'idées de projets économiques, sociaux et culturels à promouvoir, à travers des appels à candidatures ouverts, accompagné d'une démarche structurée en matière de marketing territorial pour attirer les capitaux et les compétences.
Tout wali devrait être évalué sur cette base. L'amorce du développement local passe par une démarche aussi simple que celle-là. Au cours de ces rencontres des autorités supérieures avec les walis, on se demande de quoi ils s'entretiennent. Vous avez raison de qualifier l'approche officielle de rigide. Elle s'agrippe à un découpage administratif hérité de la colonisation, alors que l'intérêt national voudrait qu'on aille vers des espaces régionaux homogènes pour lesquels le Snat a esquissé des approches novatrices. L'enjeu n'est pas seulement énorme dans les zones frontalières et dans le Grand-Sud et les Hauts-Plateaux. Dans un pays-continent comme l'Algérie, aujourd'hui, plus que jamais, il ne peut y avoir de développement que local.
L'Exécutif veut transformer la manière dont sont gérés les deniers publics au niveau local. Comment cela est-il possible, alors que les Assemblées locales ne sont pas associées à la prise de décision et à l'élaboration de programmes de développement ?
La décentralisation des initiatives suppose celle des moyens et des pouvoirs. Le test essentiel dans ce domaine est celui de la réforme de la fiscalité locale et, bien sûr, celui de la bonne gouvernance locale avec son corollaire : la démocratie dans les communes et dans les wilayas. Personnellement, et sous certaines conditions, je serais d'avis de transposer le schéma communal au niveau des wilayas.
Cette institution serait placée sous l'autorité d'une APW dotée de la pleine souveraineté populaire et administrée par un SG nommé par le ministère de l'Intérieur et doté des pouvoirs régaliens nécessaires. Il est certain qu'au départ, il y aura des empoignades, des perturbations et des ratés, mais le développement local passe par des ruptures institutionnelles qui attribuent à chaque acteur la place et le rôle qui lui reviennent, ni plus ni moins.


Propos recueillis par : Youcef Salami


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