Outre la justice et la paix, les Soudanais réclament des réformes profondes nécessaires pour la relance de l'économie, alors que des pans entiers de la société sont menacés de pauvreté. Le gouvernement de Abdellah Hamdouk, au Soudan, reste sous la pression populaire, après des manifestations massives, lundi, exigeant l'accélération des réformes et l'application des revendications de la révolution de décembre 2019. Hier, plusieurs grands accès de la capitale Khartoum ont été fermés, en signe de protestation, par les Comités de résistance, soutenus par les coordinations professionnelles soudanaises qui ont appelé en outre à maintenir l'occupation de la rue. Dans la nuit de mardi à hier, des dizaines de manifestants sont sortis pour exprimer leur colère, après le recours de la police à la répression, lors des manifestations de la veille. Des jeunes ont brûlé des pneus et bloqué les principaux accès de la capitale, en signe de mécontentement contre les dirigeants du pays, accusés par ailleurs d'avoir "détourné le cours de la Révolution" de décembre 2019. Lors des manifestations d'ampleur, lundi, plusieurs milliers de Soudanais ont scandé des slogans hostiles au gouvernement actuel "incompétent" et "incapable", selon eux, de lancer des réformes à même de redresser la situation du pays plongé dans une double crise sécuritaire et économique sans précédent. Outre la justice et la paix, les Soudanais réclament des réformes profondes nécessaires pour la relance de l'économie, alors que des pans entiers de la société sont menacés de pauvreté. Plusieurs appels ont été lancés à l'adresse des autorités pour cesser le recours à la force contre les manifestants pacifiques. Des affrontements violents ont éclaté en fin de rassemblement, lundi, quand un conseiller du Premier ministre Abdallah Hamdouk est sorti récupérer une lettre rédigée par les manifestants, qui réclamaient que le chef du gouvernement se présente lui-même. La police a tiré des grenades lacrymogènes tandis que des manifestants, en majorité des jeunes, ont brûlé des pneus avant de se disperser, selon des médias soudanais. Le Conseil militaire à la tête du Soudan et les meneurs de la contestation ont signé pour rappel le 17 août 2019 une "déclaration constitutionnelle" finalisant un accord historique pour un transfert progressif du pouvoir aux civils, après des mois de protestations populaires, mais pour les manifestants, une partie des "affidés" de l'ancien système du président déchu Omar al-Bachir parasite les institutions du pays bloquant ainsi la "mise en place d'un pouvoir civil". Le Premier ministre Abdellah Hamdouk a détaillé, lundi soir dans un communiqué, les réalisations depuis un an, notamment les négociations avec les mouvements rebelles qui, selon lui, sont sur le point de se conclure et le remplacement des gouverneurs militaires par des civils dans les 18 Etats constituant le Soudan. Il a reconnu toutefois que "les questions de justice, principalement de la justice pour les victimes, restent l'une des tâches les plus importantes auxquelles nous sommes confrontés". Karim Benamar