Parmi eux des médecins, des infirmiers, des femmes de ménage et des coursiers. À l'entrée du Centre anticancer du CHU Ibn-Badis de Constantine, plus d'une vingtaine d'hommes et de femmes attendent leur tour, certains pour une consultation, d'autres pour effectuer une séance de radioscopie. "Ce n'est plus comme avant. Depuis l'apparition de cette pandémie, il n'y a plus de monde. Je suis venue à 8h du matin, je n'ai trouvé que trois patientes avant moi. En dépit du manque de personnel, nous n'avons rencontré aucun obstacle", témoigne Leïla, une patiente rencontrée lors de notre passage mardi dernier au CAC. Dans l'étage supérieur où se trouve le service oncologie, fermé suite à l'infection de la majorité du personnel à la Covid-19, cinq femmes attendent devant la porte d'entrée pour prendre rendez-vous. "Je dois prendre rendez-vous pour mon fils qui ne peut pas venir. Je suis soulagé à l'idée que le service puisse enfin reprendre", se réjouit Fatima, une sexagénaire rencontrée sur les lieux. L'infirmière chargée de cette tâche explique : "La majorité de nos collègues ont été contaminés par le coronavirus et sont tous en confinement. Après plusieurs opérations de désinfection des lieux, le service devrait pouvoir reprendre et les patients pourront y accéder à partir de demain dimanche, sur rendez-vous. Il est 9h30 et j'ai déjà enregistré une centaine de rendez-vous. La plupart des patients sont venus des wilayas de Mila et de Jijel.'' Par ailleurs, Pr Bendjazia Aïcha, chef du service de radiothérapie-oncologie au Centre anticancer du CHU Ibn-Badis de Constantine, n'a pas nié la situation catastrophique dans laquelle se trouve son service depuis plusieurs années. Elle dira : "Le service de radiothérapie au Centre anticancer se trouve dans une situation difficile. Plus de 60% du personnel ont été infectés dont des médecins, des infirmiers, des femmes de ménage et des coursiers. Nous rencontrons d'énormes difficultés dans l'accomplissement de notre tâche. Le personnel restant fait des efforts extraordinaires et continue de prendre en charge les patients malgré l'insuffisance de moyens de travail, le manque d'équipements et d'accessoires, sans parler des conditions d'hygiène hospitalière qui laissent à désirer.'' La même responsable indique que le service reçoit des malades de plusieurs wilayas, à savoir "Mila, Skikda, Jilel, Guelma, Oum El-Baoughi, Sétif, Khenchela et Annaba. Pour cela, nous avons décidé d'adopter, depuis le début de la pandémie, un schéma de travail pour mieux gérer l'afflux des patients. Nous avons donc décidé que les consultations des anciens malades qui ont fini leur traitement se font par téléphone, les consultations des nouveaux malades se font sur rendez-vous et les consultations des malades en cours de traitement se font chaque jour au niveau du service tout en limitant le nombre par précaution. En ce qui concerne les patients qui suivent des séances de radiothérapie, nous avons opté pour un système de vagues pour éviter la présence de plusieurs malades à la fois, surtout que le service ne dispose pas de salles bien aérées ou climatisées''. Renchérissant, elle ajoute : "Nous avons également pris quelques mesures préventives, à l'instar de la prise de température des malades et du personnel à l'entrée du service, et avons interdit l'accompagnement des patients à l'exception des malades qui se trouvent dans un état grave." Pour les malades hospitalisés, Pr Bendjazia explique : "Actuellement nous comptons près de 25 malades admis au niveau de notre service. Ces derniers sont pris en charge quotidiennement par le personnel. Nous avons également plus de 100 malades qui passent des séances de radiothérapie par jour.'' Notre interlocutrice appelle la direction de l'hôpital à améliorer les conditions de travail et à répondre aux besoins quotidiens des citoyens et du personnel en termes de matériel et déplore, par la même occasion, le retard flagrant enregistré dans la finalisation de l'extension du service de radiothérapie qui traîne depuis 14 ans. "Cette nouvelle structure devrait soulager l'énorme pression qui pèse sur ce centre et permettre un meilleur accueil aux patients qui y viennent des quatre coins du pays. Comme vous pouvez le constater, le chantier est toujours à l'arrêt, et les travaux ne sont pas encore achevés", se désole-t-elle. Inès Boukhalfa
