Le problème ne réside pas dans les textes mais dans leur application. Explications. Lors d'un point de presse organisé dimanche à la hâte, suite à la sortie médiatique fracassante du boxeur Chouaïb Bouloudinat qui a annoncé son retrait des Jeux olympiques de Tokyo avant de se raviser, la ministre déléguée chargée du sport d'élite, Salima Souakri, a annoncé un certain nombre de mesures en faveur des athlètes de haut niveau. Elle a évoqué à ce titre l'attribution de salaires, indemnités de préparation, stages, le droit à une assurance, une insertion sociale. Jusque-là rien d'anormal, sauf que Salima Souakri doit savoir que toutes ces mesures existaient déjà dans le décret exécutif n°15-213 du 11 août 2015 fixant les modalités d'application des dispositions statutaires relatives au sportif d'élite et de haut niveau. En effet, les articles 15 et 16 stipulent que "les sportifs d'élite et de haut niveau sont classés par catégorie et niveau selon la nature de la compétition et le caractère de la discipline ou de l'épreuve pratiquée dans lesquelles ils se sont distingués comme suit : catégorie A : sportifs de haut niveau ; catégories B et C : sportifs d'élite. Les sportifs de haut niveau de la catégorie A sont classés en trois (3) niveaux : le premier niveau regroupe les sportifs ou collectif de sportifs ayant réalisé les performances suivantes : 1re place par équipes (sports collectifs) aux Jeux olympiques, championnats ou coupe du monde dans une discipline sportive olympique ; 1re place individuelle ou par équipes (sports individuels) aux Jeux olympiques, championnats ou coupe du monde ; un record olympique ou mondial individuel et/ou par équipes (sport individuel) dans une discipline sportive olympique ; 1er rang individuel dans un classement annuel établi par une fédération sportive internationale dans une discipline sportive olympique. Le deuxième niveau regroupe les sportifs ou collectif de sportifs ayant réalisé les performances suivantes : 1re place par équipes (sports individuels) aux championnats ou coupe du monde dans une discipline sportive olympique ; 2e ou 3e place individuelle ou par équipes (sports collectifs) aux championnats ou coupe du monde dans une discipline sportive olympique ; 2e ou 3e place individuelle ou par équipes (sports individuels ) aux Jeux olympiques ; 2e ou 3e rang individuel dans le classement annuel établi par une fédération sportive internationale dans une discipline sportive olympique ; 1re place individuelle ou par équipes (sports collectifs) des catégories juniors ou espoirs aux championnats ou coupe du monde dans une discipline sportive olympique ; 1re place individuelle ou par équipes aux Jeux paralympiques ; un record paralympique individuel ou par équipes (sports individuels). Le troisième niveau regroupe les sportifs ou collectif de sportifs ayant réalisé les performances suivantes : 1re place individuelle ou par équipes (sport individuel) et/ou par équipes (sports collectifs) aux compétitions mondiales officielles handisports (championnats et jeux mondiaux) ; 4e à 8e place individuelle ou par équipes (sports collectifs) aux championnats et coupes du monde dans une discipline sportive olympique ; 4e à 8e place individuelle ou par équipes aux Jeux olympiques (...)". Le décret exécutif n°15-213 du 11 août 2015 est clair et net Le décret précise du reste dans son article 25 que "la rémunération est prise en charge par le budget du ministère chargé des sports". En outre, le décret en question indique également dans son article 6 que "le sportif d'élite et de haut niveau bénéficie de contrats d'assurances contre les risques qu'il encourt à l'intérieur et à l'extérieur du territoire national avant, pendant et après les stages de préparation, les compétitions et manifestations sportives officielles internationales, obligatoirement souscrits par la fédération sportive nationale concernée, conformément à la législation et à la réglementation en vigueur". Les articles 7 et 8 soulignent également que "le sportif d'élite et de haut niveau bénéficie d'une protection contre toute agression éventuelle à l'occasion de l'exercice de son activité avant, pendant et après les compétitions sportives. À cet effet, et sans préjudice des dispositions législatives et réglementaires en vigueur, tout club, fédération sportive nationale ou ligue est responsable de la protection du sportif d'élite et de haut niveau et doit prendre les mesures nécessaires pour assurer le respect du sportif d'élite et de haut niveau. Le sportif d'élite et de haut niveau bénéficie de la protection et du suivi médico-sportif ainsi que de moyens de récupération en rapport avec les exigences de la pratique sportive assurés par la fédération sportive nationale concernée en relation avec les structures compétentes en matière de médecine du sport". En fait, le problème ne réside pas dans les textes, mais dans leur application. Durant des années, le MJS (les directeurs centraux notamment et les éternels conseillers) a ignoré les dispositions de ce décret. Les fédérations aussi, ce qui a engendré les scandales Larbi Bourrada et Chouaïb Bouloudinat pour ne citer que ceux-là. Salima Souakri, connue pour son franc-parler et son combat pour l'amélioration des conditions de vie et de travail des athlètes, aurait dû commencer par dénoncer les errements de ses prédécesseurs avant de recycler des mesures oubliées dans les tiroirs de la bureaucratie.