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Des merveilles qui attisent les convoitises
TIGHREMT, TIMRIDJINE ET TARDEMT (BéJAïA)
Publié dans Liberté le 22 - 09 - 2020

De multitudes criques ponctuent le long de cette côte, demeurée sauvage pendant des décennies, avant qu'elle ne soit domestiquée, au grand dam des amoureux de la nature et de la mer.
En quittant la station balnéaire de Saket, qui s'agrandit à vue d'œil avec les nouveaux immeubles construits en amphithéâtre vers l'arrière-pays, des criques s'offrent aux visiteurs, toujours aussi nombreux à prolonger leurs vacances en cet été particulier. Toutefois, la route est difficilement praticable. Et potentiellement dangereuse. Elle est en outre dépourvue d'éclairage public. Il faut dire que quelques kilomètres plus loin, on quitte le territoire du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa pour rejoindre Toudja, plus précisément de sa partie maritime. La commune, on peut le comprendre, est moins nantie. Elle vit de subventions d'équilibre. Mais Dame Nature l'a dotée des meilleures plages et autres criques. Et où l'on peut contempler une mer par endroits avec ses eaux turquoises, ses petites plages de galets mais aussi des falaises grandioses, qui l'entourent.
Djamel, qui est venu du Canada passer une année sabbatique, ne peut s'empêcher de manifester son admiration en redécouvrant ces paysages, qu'il se remémorait lorsqu'il lui arrivait de penser au bled, au pays, "c'est-à-dire tous les jours", confesse-t-il. "Alili, je veux revoir Tighzert, Tighremt, Timridjine et Tirdem. On pourra pousser jusqu'à l'oued Dess, si tu ne vois pas d'inconvénients ?" "Pas de problème, mais si tu dois t'arrêter comme tu le fais depuis tout à l'heure. On y sera en fin d'après-midi", rétorqua Alili, son compagnon, un retraité de l'Entreprise portuaire de Béjaïa. Toutefois, en avançant en voiture, Djamel ne cesse de demander à son ami de s'arrêter pour prendre des photos qu'il enverra ensuite à sa femme et à ses enfants, privés cette année d'Algérie pour cause de Covid-19.
De belles ponctuent, en effet, le long de cette côte, demeurée sauvage pendant des décennies, avant qu'elle ne soit domestiquée, au grand dam des amoureux de la nature et de la mer, comme on peut aisément le vérifier avec l'avancée du béton, les constructions anarchiques. Mais aussi à la vue des clôtures dressées tout au long de cet itinéraire et qui annoncent de nouvelles constructions, de nouveaux projets, qui viendraient s'ajouter aux autres. Ceux qui ont investi dans la vente de matériaux de construction l'ont bien compris. Il y en a un à Tazaboudjt, un autre à quelques kilomètres de Tighremt. Si tu ne vas pas chez eux, ce sont eux qui vont venir chez vous. "Déjà que ces criques sont difficiles d'accès, voilà que l'on se met à empiéter sur les réserves qui restent où il serait susceptible d'ouvrir des pistes pour accéder aux plages", a ajouté Alili.
Autre phénomène qui n'a pas échappé à l'œil vigilant de Djamel : les portails. Certains se sont mis, en effet, à dresser des portails depuis la RN24. On y a compté une bonne dizaine. "Ils privatisent de fait l'accès à ces plages", dénoncera Alili, qui découvre l'étendue des dégâts occasionnés à ces endroits paradisiaques. "Mais est-ce ce n'est pas en même temps un moyen de s'accaparer un terrain situé aux alentours", s'est interrogé Alili. Il s'agit en l'occurrence de terrain privé de l'Etat ou appartenant au Arch. C'est parce que les habitants de la région Iamranène, comme on les appelle, ont commencé à vendre, au milieu des années 1990, plusieurs portions de leurs terrains que l'on a pu ériger des villas, des bungalows, voire des immeubles avec cinq ou six étages, a-t-on constaté sur place.
"A ce rythme, on finira par y accéder seulement en bateau", a ajouté avec dépit Djamel, conseiller en sport, qui a constaté qu'il est difficile de s'approcher en voiture. Si par le passé, la surprise est totale pour les visiteurs, qui découvrent avec plaisir les criques et certaines plages depuis la route nationale, aujourd'hui, il est difficile de prendre de photos tellement il y a beaucoup de constructions. Et la route qui descend est la plupart du temps impraticable. "Adel, qui a loué un niveau de maison, ne comprend pas comment on investit des centaines de millions, voire des milliards et on rechigne à faire une route ne serait-ce avec du béton ?". Mais en compensation, a affirmé Adel, qui a servi de guide aux deux touristes, "on s'y baigne toujours loin de la foule. Je suis venu au milieu de l'été, c'est toujours pareil.
Les gens respectent la distance. Ce sont essentiellement des familles qui viennent dans cette plage de Timridjine ou Tighremt. Je pense que c'est le cas un peu pour la plage de Tirdemt ou un peu plus loin à Oued Dass". La beauté de ces plages reste préservée. Elle éblouit par ses paysages, entre mer et montagne. A notre passage, un jour de semaine, de nouvelles maisons y sont en construction ou en restauration. Celles notamment ayant subi des dégâts suite à des affaissements de terrain. Certaines clôtures, en dur s'entend, sont carrément tombées, a-t-on constaté.
Quelques travailleurs s'échinent tant bien que mal à les conforter en construisant des murs des soutènement. C'est le cas, a-t-on constaté, tout au long de la côte de Timridjine, soit sur près d'un kilomètre. Autre phénomène, qui revient à chaque saison estivale sur ce territoire de la commune de Toudja, qui compte 17 kilomètres de côte, les dizaines de tonnes d'ordures ménagères jetées sur les accotements de la RN24, qui relie Béjaïa à Alger, via Azeffoun (Tizi Ouzou). "Le phénomène n'est pas nouveau. Chaque année, c'est la même rengaine", peste Azeddine, un habitant de la région, qui se dit gêné devant ses hôtes à la vue d'un tel spectacle. Il reconnaît toutefois que "la commune n'a pas les moyens pour ramasser autant d'ordures générées chaque jour par l'activité saisonnière".
L'ancien édile local avait affirmé que la voirie communale ne dispose que d'un camion aménagé. Et il arrive à peine à débarrasser le chef-lieu communal des déchets ménagers de la population locale. Les différents exécutifs communaux n'ont cessé de soulever le problème à la veille de l'ouverture de la saison estivale. Et pour cause : le budget de la commune arrive à peine à couvrir trois mois de salaire pour les employés. Comme indiqué ci-dessus, la commune de Toudja fonctionne essentiellement grâce aux subventions locales. "Les activités hôtelières, la restauration et les parkings qui se greffent à la saison d'été ne profitent en aucun cas au budget de l'APC", avait affirmé l'ancien maire sur les ondes de la radio locale.
Et comme cette année, "il y a eu une baisse d'activité en raison de la pandémie de coronavirus", a affirmé Djamel, un militant politique, rencontré au niveau de la plage de Tardemt. Il nous a assuré que depuis quelques années, les différents exécutifs communaux n'ont cessé de demander à la wilaya "d'équiper les services de la voirie communale en camions à bennes-tasseuses ou à défaut de faire appel aux moyens de la direction des Travaux publics pour le ramassage des ordures". Images choquantes que l'on observe tout au long de ces 17 kilomètres relevant de la commune de Toudja où la montagne tombe dans la mer.
Elles contrastent avec la beauté des plages. Ce qui explique la fidélité des gens à ces beaux endroits. "On ne fait pas trop attention à ces ordures, sinon personne ne fera l'effort de venir", a indiqué Abdelhak, un Constantinois, qui a loué avec son frère deux niveaux de villa. "La vérité, avec la tranquillité des lieux, on essaie de ne pas trop y penser. Ici, on pose nos parasols ou simplement nos serviettes sur le sable et on se laisse happer par cette mer qui n'existe nulle part ailleurs." Adel acquiesce, avant d'ajouter : "Les familles se tiennent à bonne distance. On y vient en groupe. Je suis avec ma mère et mes frères et sœurs. On coupe. On oublie le stress quotidien. Je suis avec ma nièce, Nour, qui apprend à nager."
La fille de 13 ans portait une planche qui sert à son apprentissage. Cependant, Abdelhak n'a pas manqué de rappeler que l'accès en voiture est un peu raide. "Le problème, on ne peut pas se garer plus haut. Le bailleur nous a dissuadés en raison des vols qui y sont signalés. Les gens auraient pu s'entendre pour faire une route en béton. Le problème serait réglé. Idem pour les déchets ménagers. Vous avez certainement remarqué qu'il y a un dépotoir sur la route menant à la crique qui surplombe une magnifique plage. Les bailleurs auraient pu faire appel aux services d'une entreprise pour récupérer ces ordures ménagères et les acheminer dans des décharges autorisées. Il n'y a aucun effort, de ce côté-là", ajoutera-t-il, dépité.

Reportage réalisé par : Moussa Ouyougoute


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