Résumé : Houria termine son récit et demande à Hakima de l'aider à reprendre pied. La liberté pour elle n'est plus qu'un souvenir, car son passé la poursuivra désormais. Pourtant, elle en a tiré une bonne leçon. Hakima sait que son insertion dans la société ne sera pas facile, mais Nawel propose une solution... Hakima l'interrompt. - Nous verrons plus tard. Ce qui urge pour le moment, c'est de t'installer quelque part. Nawel connaît une association pour femmes en détresse. Elle va nous y conduire. Là-bas tu seras prise en charge jusqu'à ce que tu retrouves un peu de ton assurance. Elle contemple la tenue de Houria et poursuit : - Tu sembles sortie tout droit d'un asile de fous. Allons t'acheter tout d'abord quelques affaires décentes. Elles se lèvent. Houria est émue ; elle marche derrière les deux jeunes filles sans dire un mot. Nawel se dirige vers son véhicule et met ses paquets dans la malle, avant de s'installer au volant. Houria monte à l'arrière, et Hakima s'installe sur le siège du passager. Elle prend quelques billets de banque de son sac à main et se met à les compter. Nawel lui tend une petite liasse. - C'est tout ce que j'ai sur moi. Je pense que cela suffira à acheter quelques habits à notre amie. Houria se remet à pleurer. - Excusez-moi, je suis confuse, je ne sais pas comment vous remercier pour votre générosité. Hakima met un doigt sur sa bouche. - Chut ! Ne dis plus rien, Houria. Contente-toi de suivre nos instructions, et tu verras que la vie n'est pas aussi noire que tu le penses. Elles s'arrêtent devant un magasin de prêt-à-porter et achetèrent deux robes, un pantalon, un chemisier, un pyjama, quelques sous-vêtements et tout un nécessaire de toilette. Puis elles se dirigent vers le siège de l'association des femmes en détresse où, grâce aux relations de Nawel, Houria est admise. On lui attribue un lit dans une grande chambre, où se trouvent déjà quelques femmes qui, comme elle, ne savent plus à qui s'adresser. Rassurées sur son état, Nawel et Hakima promettent à la jeune femme de repasser la revoir dans le courant de la semaine. Hakima lui laisse ses coordonnées, afin qu'elles demeurent en contact. Prise dans l'engrenage de cette "aventure" inopinée, les deux filles ne pouvaient rentrer chez elle qu'au crépuscule. Exténuées, mais tout de même heureuses d'avoir pu prêter assistance à une délaissée comme Houria. Pour l'amour d'une femme ! Au même moment, Hamid décroche son portable à la rédaction : - Allô, Faouzi ? - Oui, Hamid. Comment cela va-t-il ? - Fort bien. Hakima partira au festival de Cannes. Elle a eu quelques réticences, mais je me suis imposé. - Tu as bien fait. N'a-t-elle pas demandé après moi ? - Oh que si ! Elle était même étonnée lorsque je lui ai certifié que tu étais en mission. Au fait, où es-tu donc en ce moment ? Faouzi pousse un soupir. - Je viens d'arriver à Batna. Je vais entamer la première étape de mon voyage. Rappelle-moi donc le nom de la mosquée... - La mosquée ? Ah tu veux parler de celle où on avait déposé Hakima, alors qu'elle n'était qu'un nouveau-né ? - Tout à fait. - Tu es donc aussi obstiné que cela ? - Plus que jamais. Je veux remonter jusqu'à la source de cette histoire. Peut-être que cela m'aidera à retrouver une trace de la famille de Hakima. Hamid a les larmes aux yeux. - Tu l'aimes donc à ce point Faouzi ? Faouzi garde le silence. On ne peut pas décrire un état d'âme, se dit-il, retrouvant presque spontanément les paroles de Hakima. Il repense à ce qu'elle lui a dit et ressent une grande admiration pour elle. - Allô Faouzi, tu es là ? - Hein ? Oui, je suis là. Dis-moi donc, tu as pu mettre la main sur le dossier de l'orphelinat ? - Oui. La chose ne s'est pas avérée aisée. Mais étant donné que j'avais un ordre de mission, la directrice de l'établissement a consenti à me donner quelques renseignements qui nous permettront d'entamer cette enquête. - Allez, donne-moi donc le nom de cette mosquée. Hamid prend un bout de papier de sa poche et lit : - Mosquée D... située à la lisière de la forêt A, à une vingtaine de kilomètres de Batna. L'imam qui officiait à cette époque s'appelait cheikh Mohamed M. Je ne sais pas s'il est encore de ce monde, mais tu retrouveras sûrement sa trace. - C'est certain. Je vais tenter de me rendre ce soir même à cette mosquée. - Fais très attention à toi, Faouzi. Tu ne connais pas bien les lieux et on ne sait jamais qui tu pourrais rencontrer sur ton chemin. Faouzi sourit. - Essaie plutôt de m'avoir d'autres renseignements sur cette affaire, Hamid. Je te rappellerai bientôt. Ils raccrochent et Hamid demeure pensif. Sacré Faouzi ! Si on lui avait dit un jour qu'il allait tomber sous le charme d'une femme et tenter de réhabiliter ses origines pour l'épouser, il n'en aurait pas cru un mot. Faouzi est un homme de terrain. Un homme dur à la besogne. Mais honnête et très sensible. Hamid se passe une main dans les cheveux. Aussi sensible que cet homme, il n'en avait jamais vu. Pourtant, Faouzi affiche quotidiennement un air autoritaire qui masque amplement ses sentiments...
(À SUIVRE) Y. H. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.