Pour lever rapidement l'immunité parlementaire au président du RCD, l'Assemblée populaire nationale ne perd pas son temps. Sa commission juridique s'est réunie hier. Elle a convoqué Mohcine Belabbas et Abdelkader Ouali, également concerné par la procédure, pour être "auditionnés" aujourd'hui. Le président du RCD a annoncé, lundi soir sur BRTV, qu'il ne répondra pas à cette convocation. Les membres de la commission des affaires juridiques et administratives et des libertés se sont penchés sur "les mesures législatives et réglementaires y afférentes conformément à l'article 72 du règlement intérieur de l'APN", a souligné le communiqué, ajoutant que "la commission a décidé d'entendre les deux députés concernés mercredi". Interrogé sur la question, le président du RCD a indiqué sur Berbère TV qu'il allait "refuser de répondre" à la convocation de la commission juridique de l'APN. "J'imagine qu'ils vont me convoquer très vite. Mais je ne vais pas y aller. En revanche, je répondrai volontiers à une convocation de la justice si elle me convoque, dès demain. Car, il faut qu'il y ait une explication définitive sur ce dossier. Je dois donner ma version, surtout que le pouvoir a déjà violé le secret de l'instruction en faisant fuiter des informations dans la presse", a-t-il indiqué. "En plus de cela, en répondant volontairement à la convocation de la gendarmerie et en acceptant d'être auditionné, j'ai renoncé, implicitement, à mon immunité", a-t-il indiqué. L'homme est en revanche convaincu qu'au-delà de sa personne, c'est "le militant" qui est visé. Il rappelle que son audition par la gendarmerie est intervenue en juin. Les autorités ont attendu fin septembre, donc "la veille de la réunion du conseil national du RCD", pour se manifester. "C'est la preuve que derrière cette affaire il y a une arrière-pensée politique. Car, ils ont constaté que toutes les autres pressions et menaces n'ont pas abouti", a-t-il tranché. Comme les responsables "ne peuvent pas me juger sur mes déclarations, ils ont donc cherché une autre affaire pour faire croire à un procès pour une affaire de droit commun. C'est ce qu'ils ont fait avec les journalistes aussi", a encore indiqué le président du RCD qui dit être conscient que "lorsque l'on fait de la politique", la prison fait "partie des risques". "Ce sont des choix à faire : soit on continue de se battre, soit on se résigne", a-t-il ajouté tout en assurant qu'il a choisi de se battre. Mohcine Belabbas, sous les feux des autorités ces derniers temps, est poursuivi dans une affaire "de droit commun". Il s'agit de la mort, en janvier 2019, d'un ouvrier sur un chantier de sa maison en construction. Les autorités font croire que le député de la capitale n'avait pas révélé l'incident. "Ils savaient tout. L'affaire a été traitée par la Protection civile et la gendarmerie", a-t-il rappelé, battant en brèche cette accusation. La concomitance de cette affaire avec le harcèlement que subit le RCD, ces derniers temps, laisse penser que le pouvoir "s'acharne" contre un parti qui commence à déranger.