Dans un communiqué rendu public à l'occasion de la célébration du 32e anniversaire des événements d'Octobre 1988, la Coordination nationale des universitaires algériens pour le changement (Cnuac) assure "assumer" sa part de responsabilité "dans l'engagement et les luttes pour une Algérie algérienne, républicaine, libre, démocratique et sociale". Dans ce document visant à faire le lien entre les événements d'Octobre 1988, qui ont fait "400 morts, un millier de blessés et de mutilés et des torturés..." et la révolte de Février 2019, les universitaires, parmi lesquels des professeurs de médecine et d'autres spécialités, rappellent que les émeutes du 5 Octobre sont considérées comme une "contestation" qui a "exprimé l'épuisement de tout un peuple soumis à une usure et à une dégradation de ses conditions de vie, l'absence de droit à l'expression politique et l'autoritarisme étouffant d'un régime corrompu et dépourvu de tout projet politique clair". Pour sa part, la jeunesse algérienne de Février 2019 "ressemble étrangement à celle d'Octobre 1988". "Elle connaît les mêmes conditions : cherté et précarité de la vie, chômage, el-hogra, bureaucratie, autoritarisme politique, austérité économique, corruption à grande échelle, el-harga... Il existe une continuité historique, une filiation évidente entre les jeunes du Hirak et ceux d'Octobre 1988, entretenue par le refus du système algérien de répondre à leur principale revendication : la rupture avec le régime en place et son socle systémique", indique encore le document qui rappelle que lors de ces manifestations, la jeunesse s'est soulevée "pour exiger le passage d'une dictature vers un Etat démocratique, d'un pouvoir clientéliste, séparatiste vers une gouvernance soucieuse de l'intérêt général et du bien-être de ses citoyens, d'une justice aux ordres vers une justice indépendante et impartiale. Jeunes et vieux, femmes et hommes, par millions, ont battu le pavé, durant plus de 70 vendredis et mardis, pour réitérer leur détermination à poursuivre la mobilisation jusqu'à l'instauration de cette ‘nouvelle Algérie'". Mais dans les deux cas, les manifestations n'ont pas abouti aux aspirations du peuple. En 1988, "le système a, encore une fois, pensé pouvoir répondre par la manipulation aux pressions de la rue et offrir l'illusion d'une ouverture démocratique, d'une pseudo-libéralisation de la presse et d'une caricature de multipartisme". Puis, lors de la révolte de 2019, "le système invite les Algériens et les Algériennes, manipulant les mêmes divisions entre berbérophones et arabophones, entre laïcs et islamistes, entre progressistes et conservateurs, entre femmes et hommes". Pour perpétuer la lutte, les membres de la Cnuac disent assumer leur part de "responsabilité dans l'engagement et les luttes pour une Algérie algérienne, républicaine, libre, démocratique et sociale". Ils appellent également "les différentes composantes de la société civile à manifester une solidarité sans faille avec la révolution du 22 Février 2019 et de s'appliquer à démanteler pacifiquement le système politique".