En cette période de l'année, la grande esplanade de l'université de Constantine 3 Salah-Boubnider est d'habitude bondée d'étudiants qui forment des petits groupes faisant un brin de causette et les couloirs des facultés sont pleins à craquer. Ce dimanche 4 octobre, l'université est déserte. Seuls quelques étudiants, qui ont terminé leurs examens, se trouvent devant les entrées des facultés pour discuter des contrôles qu'ils viennent de passer. Un timide sourire aux lèvres, Leïla n'a pu cacher son bonheur de reprendre les études et surtout de rompre avec une longue période d'inactivité et d'une routine étouffante. "Je suis soulagée à l'idée de reprendre enfin les cours. Cette année a été très difficile pour nous et j'avais peur de voir l'année universitaire 2020-2021 remise en cause. Je suis enfin contente de renouer avec l'ambiance de l'université, mais nous devons être toujours vigilants même si l'université a prévu un protocole sanitaire très strict que tous les étudiants doivent respecter", s'est-elle épanchée. S'exprimant sur la reprise progressive de l'activité pédagogique à l'université Salah-Boubnider, Hamadouche Raid, vice-recteur chargé de la pédagogie, a soutenu : "Malgré la complexité de la mission, je peux affirmer que la reprise progressive d'activités pédagogiques a été réussie. En suivant les consignes de la tutelle, nous avons travaillé par vagues pour un respect maximal des mesures de distanciation sociale. À notre niveau, les examens du deuxième semestre ont débuté samedi et tout fonctionne comme prévu, aucun problème n'a été signalé." Selon lui, 85% des soutenances ont été effectuées dans les délais impartis. "Nous avons, en revanche, enregistré des absences, notamment chez les étudiants résidant hors wilaya. Des absences dues à la perturbation survenue sur le transport urbain et universitaire due aux aléas de la Covid-19. Depuis samedi, toute la flotte composée de plus de 70 bus universitaires a repris son activité", a-t-il ajouté, en tenant à saluer "l'esprit de responsabilité de toute la communauté universitaire qui n'a ménagé aucun effort, afin d'assurer à nos étudiants un travail dans les meilleures conditions". Ce qui n'a pas empêché quelques étudiants rencontrés, hier, à l'université de Constantine 3, d'exprimer leur mécontentement quant au manque de transport urbain. Abdeldjalil, étudiant à la faculté des sciences politiques, assène : "Pour arriver à temps et de peur de rater mes examens, j'ai été obligé de louer un taxi clandestin à un prix exorbitant, le transport urbain étant toujours à l'arrêt. C'est un grand problème notamment pour les étudiants qui manquent de moyens." Le Dr Selim Braguedi, directeur de l'Institut de gestion des techniques urbaines (GTE), lui, s'est félicité de la réussite de la reprise. "Grâce aux efforts déployés par l'université, nous avons pu gérer la première vague consacrée aux étudiants de deux promotions — la première et la troisième années — avec succès sur tous les volets. Le taux d'absence était pratiquement nul", affirme-t-il, non sans souligner le respect du protocole sanitaire qui exige la réalisation du principe de la distanciation physique (16 étudiants pour 50 m2), la stérilisation, la ventilation et le nettoyage périodique des structures pédagogiques et administratives, l'interdiction de tous les regroupements et rassemblements au sein des facultés et, enfin, le port du masque pour tous les membres de la famille universitaire. S'agissant des soutenances, le Dr Braguedi a assuré : "J'ai reçu le dépôt de plus de 90% des dossiers de soutenance des thèses de doctorat et de master. Sur ce volet, aucun problème n'a été signalé." Pour mieux gérer la reprise des cours dans cet institut, la direction a effectué plusieurs aménagements, notamment pour l'enseignement, dont la multiplication des salles et des amphithéâtres et la diminution du nombre d'étudiants surtout que l'université 3 dispose d'énormes moyens et d'une grande capacité d'accueil. Concernant les conditions d'hébergement dans les cités universitaires dont dispose l'université 3 de Constantine, Hamadouche Raid a fait savoir que "la direction des œuvres universitaires a mobilisé des médecins et des infirmiers afin d'assurer le suivi sanitaire quotidien. Un pavillon d'une capacité de plus de 500 lits, destiné au confinement des étudiants qui présenteront des symptômes de la Covid-19, a été également réquisitionné pour assurer la sécurité des étudiants dans les résidences universitaires". "Des normes d'occupation ont été également mises en place dans les chambres universitaires. Ainsi, les chambres de 6m2 seront occupées par un seul étudiant, celles de 12 m2 par deux étudiants et enfin celles de 18 m2 par pas plus de 3 étudiants. Fort heureusement, l'université dispose de 19 cités, et 12 seulement sont exploitées", a détaillé M. Hamadouche. Interrogée sur les conditions d'hébergement dans la cité universitaire Randa, une résidente confie : "Les conditions d'hébergement sont meilleures qu'avant, une seule personne par chambre, les sanitaires sont nettoyés en permanence. Toutes les résidentes de ce pavillon respectent les mesures préventives imposées par la situation sanitaire." Pour ce qui est de la restauration, les étudiants seront obligés d'emporter leurs repas et la distribution se fera dans le respect des normes sanitaires avec des horaires assez étalés pour permettre une bonne gestion des flux d'étudiants. En outre, les travailleurs chargés du nettoyage désinfectent quotidiennement les pavillons, les restaurants et les plats en métal. Malgré toutes ces mesures, le protocole sanitaire n'est pas correctement respecté dans les réfectoires, déplore Skander, un étudiant à la faculté d'urbanisme. "Les étudiants continuent de se regrouper, de manger ensemble, de partager la même bouteille d'eau sans se soucier du danger pourtant bien réel et omniprésent", lance-t-il, inquiet. Ines Boukhalfa