Des journalistes, des militants, notamment les deux coprévenus dans l'affaire Samir Belarbi et Slimane Hamitouche, des avocats (Mes Abdelghani Badi et Fetta Sadat) et des étudiants ont organisé le rassemblement de solidarité à Khaled Drareni, renouvelé chaque lundi à la maison de la presse Tahar-Djaout. Le rendez-vous hebdomadaire ne draine, certes, pas une foule immense, les dizaines de manifestants présents s'échinent, néanmoins, semaine après semaine, à entretenir la mobilisation pour la libération du journaliste incarcéré au centre pénitentiaire de Koléa depuis le 28 mars 2020. "Je suis là aujourd'hui, et je viendrai lundi prochain pour que Khaled Drareni ne soit pas oublié", a soulevé, réaliste, un activiste. La condamnation du fondateur du site électronique Casbah Tribune à trois ans de prison ferme en première instance, le 10 août, puis à deux ans de réclusion à l'issue du procès en appel, le 15 septembre, a scandalisé l'opinion publique jusqu'à faire réagir des instances internationales de défense des droits de l'Homme. Au fil des jours et sous la pression d'une actualité plus brûlante, la mobilisation s'est émoussée jusqu'à se circonscrire au décompte des jours d'incarcération sur les réseaux sociaux et les soubresauts des lundis à la Maison de la presse. Hier, les appels à la relaxe du journaliste ont retenti fortement. "Khaled Drareni est un journaliste libre" ; "Sahafa horra âadala moustaqila" (Une presse libre et une justice indépendante) se sont époumonés ses confrères et ses soutiens. En formant le V de la victoire, ils ont scandé pendant plusieurs minutes : "Libérez l'Algérie." Encore une fois, l'instrumentalisation de la justice par le pouvoir politique a été dénoncée dans des slogans et des chants contestataires. "Khaled Drareni a été condamné par le président de la République et le ministre de la Communication avant de l'être par le magistrat", ont rappelé de nombreux journalistes et activistes. Le correspondant de la chaîne française TV5Monde est actuellement en attente de la décision de la Cour suprême, après le pourvoi en cassation interjeté par ses avocats. Le collectif de défense a, en outre, toute latitude de déposer, à la fin du mois en cours, une demande de mise en liberté provisoire.