Les Etats-Unis ont vainement tenté, y compris à coup de menaces, de prolonger cet embargo qui, pour l'ONU, n'a plus lieu d'être maintenu. Pour Téhéran, il s'agit d'une importante victoire diplomatique contre le gendarme du monde. L'embargo imposé par l'ONU à l'Iran sur les armes a expiré hier sans qu'il ne soit prolongé par le Conseil de sécurité, malgré l'opposition des Etats-Unis depuis des mois. "À partir d'aujourd'hui (hier), toutes les restrictions sur les transferts d'armes, activités liées et services financiers à destination et en provenance de la République islamique d'Iran (...) sont toutes automatiquement levées", a indiqué le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué. "La République islamique d'Iran peut donc se procurer les armes et équipements nécessaires de n'importe quelle source sans aucune restriction légale et uniquement sur la base de ses besoins défensifs", ajoute le texte publié par le ministère. La fin de cet embargo signifie aussi que Téhéran "peut également exporter des armements défensifs sur la base de ses propres politiques". Et ce n'est pas les partenaires qui manquent pour développer ce marché, à commencer par la Russie et la Chine, deux membres permanents du Conseil de sécurité qui ont opposé leur veto à la volonté américaine d'étrangler l'Iran, considérant ce pays comme une menace pour la stabilité dans la région du Moyen et Proche-Orient et pour la sécurité de son allié israélien. Pour les Etats-Unis, c'est une défaite diplomatique de taille face à leurs rivaux russes et chinois, mais aussi face à leurs alliés européens qui se sont mis sur une nouvelle ligne politique depuis le retrait de Washington de l'accord sur le nucléaire iranien en 2018. Les pays européens veulent préserver cet accord âprement négocié avec Téhéran du temps du président américain Barack Obama. Mais depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, il a réactivé les sanctions américaines contre l'Iran et s'est retiré unilatéralement de cet accord, tout comme il a remis en cause d'ailleurs tous les accords multilatéraux signés par les Etats-Unis. M. Trump estime – contre les autres Etats parties à cet accord avec l'Iran (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) – que ledit accord nucléaire n'offre pas des garanties suffisantes pour empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique. L'Iran a toujours démenti vouloir une telle arme, et l'Agence internationale pour l'énergie atomique n'a émis aucune réserve lors de l'inspection des sites iraniens depuis la conclusion de cet accord. Depuis septembre, la Russie a ainsi montré sa volonté de réactiver sa coopération en matière militaire avec Téhéran. Et ce n'est que le début. Malgré les sanctions et la pandémie qui ont aggravé la situation économique dans ce pays, l'Iran continue de défier les Etats-Unis, tout en laissant la porte ouverte pour une normalisation des relations, qui a peu de chance de se faire dans le contexte actuel.