Le gouvernement parie sur un net recul de la valeur des importations sur la période 2021-2023. L'emballement des importations qui a caractérisé les précédents exercices budgétaires devrait être contenu à des niveaux plutôt soutenables dès l'an prochain avec, au compteur, une facture se chiffrant à 27,39 milliards de dollars en 2022 et à 27,01 milliards de dollars en 2023. Le gouvernement s'était mis depuis quelques semaines déjà à préparer les esprits à une cure d'amaigrissement qui devrait toucher de nombreux compartiments, dont l'équipement industriel et les services. Peu avant la publication des cadrages budgétaires pour 2021-2023, le gouvernement a ouvertement plaidé en faveur d'une plus grande rigueur dans la gestion du commerce extérieur aux fins de soutenir la balance des paiements. Les alertes de la Banque centrale quant à l'excès de la dépense brute par l'ensemble des agents économiques semble avoir fini par mettre l'Exécutif en demeure. Cette année, alors que le choc pandémique risque de se traduire par un important ralentissement de l'activité économique, l'Exécutif entend réaliser une économie de 4 milliards de dollars sur la facture dédiée à l'importation des équipements industriels. Dans ce compartiment qui, à lui seul, monopolise une douzaine de milliards de dollars de la facture d'importation, le ministre de l'Industrie y voyait des exonérations sans le moindre retour sur investissement, pouvant alimenter le Trésor à hauteur de 250 milliards de dollars si celles-ci venaient à être suspendues. D'autres solutions sont à l'étude pour contenir l'emballement des importations, dont la restriction du recours aux bureaux d'études étrangers et le développement du fret algérien, afin de répondre aux besoins de transport à la fois des importations et des exportations. Les services pèsent pour 12 milliards de dollars dans la facture globale des importations, tandis que les armateurs étrangers monopolisent la quasi-totalité de la logistique dédiée au commerce extérieur. Sur ces deux compartiments, l'Exécutif table sur une économie de 6 milliards de dollars annuellement. Il devrait présenter un dispositif de régulation plus détaillé pour un objectif potentiel d'économies de 10 à 12 milliards de dollars par an. La finalité étant de rendre soutenable le déficit de la balance des paiements qui, lui, a un effet corrosif sur les avoirs extérieurs du pays. Se pose, néanmoins, la question de savoir si l'objectif d'économies était réalisable à court terme, soit sur la période 2021-2027, à l'heure où les notions de rigueur budgétaire semblent voler en éclats sous l'effet d'un choc pandémique aussi préjudiciable que coûteux. Le défi futur du gouvernement consiste à slalomer entre les impératifs de rebond de la croissance et le besoin urgent de réduire les déficits budgétaire et courant, lesquels devraient atteindre des niveaux records conséquemment à la hausse des dépenses globales de l'Etat et à une baisse nette de ses recettes.