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AVEC LES RANDONNEURS DE L'EXTRÊME
Sur les sommets de l'Akoukeur, dans le Djurdjura
Publié dans Liberté le 29 - 10 - 2020

Au sommet, atteint après plus de deux heures d'ascension, la température ne dépasse point zéro degré, et le vent glacial qui souffle en rafales brûle les visages. Les randonneurs sont quasiment épuisés, mais jubilent devant la splendeur de ce lieu qui offre une vue unique sur les deux versants de la Kabylie.
Comme quasiment chaque week-end, la plateforme d'Aswel, qui culmine déjà à environ 1 750 m d'altitude, grouille de monde en cette matinée du vendredi 16 octobre. Parmi les présents, il n'y a pas que ceux qui viennent en famille ou entre amis en quête de moment d'évasion et de quiétude. Il y a aussi des groupes qui viennent à la recherche d'aventures à sensations encore plus fortes. Eux, ils se font appeler "les randonneurs de l'extrême", et ce, en raison des conditions qui caractérisent le défi qu'ils comptent relever. Généralement constitués en groupes, ils viennent de Béjaïa, de Bouira, de Tizi Ouzou et même des autres wilayas, avec un seul et même objectif : celui de s'attaquer à l'une des plus hautes cimes du Djurdjura, le sommet de l'Akoukeur, autrement appelé "Ich t medhwine" (La corne des lacs) qui, lui, culmine à 2 304 m d'altitude, soit 4 m de moins que le sommet Lalla Khedidja. Parmi les groupes présents en cette matinée à Aswel, certains sont venus de Boudjellil, d'Ighil Ali, d'Azazga, d'Abizar, d'Illoula Oumalou, de Michelet, d'Alger et de Bouzeguène. Ils ne sont pas forcément sportifs, mais ils partagent tous la même excitation à l'idée d'affronter, pour le plaisir, les aléas des hautes altitudes, notamment le vent et la baisse des températures en cette approche de la saison hivernale. Déjà à Aswel, première étape de cette randonnée qui pourrait être la dernière de l'année 2020, avant l'arrivée du grand froid et de la neige, les températures sont déjà assez basses. Moins de 10° Celsius.
À 8h30, plusieurs groupes sont déjà sur place. Pour être au rendez-vous, le groupe des 16 randonneurs, hommes et femmes, de Bouzeguène a pris le départ à 6h. D'autres ont dû quitter leurs régions encore plus tôt. En attendant les autres groupes, chacun raconte son émerveillement par la beauté du parcours emprunté pour atteindre cet endroit féerique, Aswel. Sur la route qui y mène, nous réalisons qu'au fur et à mesure que nous prenons de la hauteur, la végétation se fait de plus en plus rare sur les flancs montagneux rasés en permanence par le blizzard, ce vent glacial accompagné de chutes de neige. Par les paysages à couper le souffle qu'elle donne à voir, cette route nous fait presque oublier qu'elle est quelque peu en mauvais état.
C'est surtout à partir du majestueux col de Tizi n'Kouilal, qui culmine à 1 650 m d'altitude, que le massif du Djurdjura se révèle dans toute sa beauté. C'est à deux kilomètres de là, que nous atteignons Aswel qui se décline comme une sorte de large plaine entourée par les piémonts et massifs rocheux avec, au milieu, un grand terrain de football, entouré d'une piste d'athlétisme avec ses couloirs de course. "Plusieurs équipes de football national et athlètes de course de fond viennent s'entraîner, ici, en altitude, mais en ce moment, il est utilisé pour le bivouac, comme il a servi à ceux qui ont brisé le confinement avant l'heure", explique Hamid At Ali, notre guide de montagne.
À 9h, les derniers véhicules transportant les randonneurs arrivent tous quasiment à la même heure. D'autres groupes non prévus initialement se joignent encore à ceux qui étaient déjà prévus. Ils sont originaires de Boghni, de M'chedallah et de Hizer. Il y avait aussi un chirurgien-dentiste venu d'Alger ainsi qu'un groupe de femmes originaires de Bouira et d'Ighil Ali. Une lycéenne de 16 ans, Cyntia, a accompagné son père. Une autre femme, Khadidja, une habituée des randonnées, la quarantaine, est venue toute seule d'Ighil Ali.
Cependant, le guide de montagne, Mohand Amzal, le frère de Kamal Amzal, ce militant démocrate et berbériste assassiné en 1982 à l'université de Ben Aknoun, prodiguait les dernières consignes de sécurité avant le départ de la randonnée. "Je vous avertis que c'est une ascension difficile, très risquée. Ceux qui ont le vertige ou ceux qui n'ont pas le goût de l'aventure doivent s'abstenir. La seule étape possible, accessible à tout le monde, est le haut du télésiège, à 2 ou 3 km plus haut", nous montrant du doigt les deux chaumières bâties sur l'un des sommets du Djurdjura. La randonnée démarre sur les chapeaux de roue, d'abord sur une route goudronnée, la RN30, reliant Tizi Ouzou à la wilaya de Bouira, avant d'arpenter ensuite le Djurdjura. Les plus jeunes ont déjà pris de l'avance et les plus âgés suivent derrière. Le territoire, à ce niveau, est en partie une sorte d'alpage pour les troupeaux de bovins présents en nombre sur ces pâturages d'altitude et de transhumance en été.
Mais, que mangent ces bêtes à cette altitude ? "Ce sont des plantes parmi les plus remarquables de la flore de montagne, des graminacées ainsi que du genévrier (agherghar en kabyle) qui poussent sur ces hauteurs qui avoisinent les 1 700 m d'altitude", nous apprend Mabrouk Ramdani, un fidèle compagnon du guide, Hamid Nat Ali. Première étape, le belvédère du Djurdjura ou "Thaletat". "Ce lieu fait partie du massif de l'Akoukeur, situé au beau milieu de la chaîne du Djurdjura. Le belvédère, c'est le repaire du singe magot, de l'aigle et du vautour", nous renseigne Mohand Amzal. Mais que signifie "Thaletat" ? C'est un "doigt" en kabyle, explique notre guide précisant que "le lieu a pris ensuite plusieurs dénominations telles que la "Main du juif", ou le "Rocher de l'auriculaire". Un chemin bien tracé nous mène vers la terrasse du belvédère, bien aménagé et protégé par une rampe métallique pour éviter les chutes dans le ravin.
De là, on peut apprécier toute la vallée des Aït Boumehdi, dans la daïra des Ouacifs, sur le versant nord du Djurdjura. Une vue fabuleuse sur une large partie de la Kabylie. Elle permet de s'offrir tous les angles de vue sur ces dizaines de villages perchés sur les monts verdoyants, aux racines du Djurdjura. Le belvédère constitue une large partie du massif de l'"Akoukeur", qui s'élève à 2 304 m et dominé au sud par la "pointe" de Lalla Khedidja, qui culmine à 2 308 m. Nous atteignons le haut du télésiège. Nous l'appellerons ainsi parce que personne ne connaît le vrai nom des lieux. "Il faut interroger les bergers pour le savoir", nous murmure un vieux randonneur. Une application sur le téléphone donne une altitude de 2 190 m. Là, les randonneurs marquent une pause entre les deux chaumières bâties en pierre et en béton armé durant la guerre.
Construites depuis plus de 60 ans, les deux bâtisses parsemées à l'intérieur de bouses séchées sont toujours debout et servent, aujourd'hui, d'abri aux bovins en période de canicule. La montée, qui reprend ensuite pour atteindre la pointe de l'Akoukeur, devient de plus en plus difficile. Mohand Amzal rappelle ses consignes de prudence soulignant à chaque fois la difficulté de l'ascension. "C'est cinq heures de route aller-retour. Ce n'est pas pour vous faire peur, mais je vous avertis qu'on n'attendra pas en chemin les retardataires, ceux qui manifestent des craintes et des hésitations", lance-t-il aux randonneurs qui commencent à montrer des signes de fatigue pour bon nombre d'entre eux. Certains sont même parfois gagnés par le stress après avoir franchi certains endroits difficiles dont des sentiers quelque peu périlleux, des éboulis, des pentes et des descentes verticales. Des passages qui n'ont pas été traversés sans faire monter l'adrénaline de certains randonneurs. L'ascension s'est finalement déroulée sans que le moindre incident vienne la perturber. Au sommet, atteint après plus de deux heures d'ascension, la température ne dépasse point 0° Celsius, et le vent glacial qui souffle en rafales brûle les visages. Les randonneurs sont quasiment épuisés, mais jubilent devant la splendeur de ce lieu qui offre une vue unique sur les deux versants de la Kabylie. "C'est un rêve qui se réalise !" s'écrie un des randonneurs bien que visiblement essoufflé. Comme ce dernier, tous les participants disent, à leur descente, ne rêver que d'une chose : revisiter cet endroit magique encore et encore...

Reportage réalisé par : KAMEL NATH OUKACI


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