"Le défunt a marqué de son empreinte la faculté de sociologie. Et on lui doit d'avoir développé la sociologie urbaine", reconnaît le professeur Mohamed Mebtoul, très affecté par la disparition du sociologue. Une semaine après la disparition d'Ali El-Kenz, l'Algérie vient de perdre une autre figure de la sociologie en la personne d'Abdelkader Lakjaa, enseignant-chercheur à l'université d'Oran. L'homme est décédé, avant-hier, des suites d'une longue maladie, laissant derrière lui un important legs de recherches et études socio-anthropologiques qu'il a réalisées durant 30 années de travail universitaire. "Le défunt a marqué de son empreinte la faculté de sociologie. Et on lui doit d'avoir développé la sociologie urbaine", reconnaît le professeur Mohamed Mebtoul, très affecté par la disparition du sociologue. Né un 22 mars 1953 dans la wilaya de Mascara, Abdelkader Lakjaa a intégré l'université dans les années 1970 pour y décrocher une licence en sociologie avant de se rendre en France où il obtient un doctorat 3e cycle en sociologie du travail. De retour en Algérie, il travaille à l'Office national des statistiques comme chef de département puis regagne l'université en tant que professeur pour donner la pleine mesure de ses compétences. Professeur en sociologie, il a multiplié les études, enquêtes et recherches et dirigé de nombreuses études : Vie associative et urbanisation en Algérie, Villes, culture et société en Algérie, Les périphéries oranaises, urbanité en émergence et refondation du lien social, L'habitat spontané à Oran... sont quelques intitulés de recherches qu'il avait conduites principalement sur la ville d'Oran. Abdelkader Lakjaa, qui a aussi participé à de nombreux colloques, laisse également des ouvrages dont l'Algérie, une société en attente de sa sociologie ou La longue marche de ouvriers agricoles : de la résistance à la prolétarisation à la conquête de l'identité. En phase avec sa société, le sociologue s'est naturellement fondu dans le mouvement libérateur du 22 février 2019, qu'il a soutenu de tous ses forces notamment en prenant part aux marches : "Il fait partie des fondateurs du Collectif des enseignants universitaires qui ont accompagné le Hirak", se souvient encore Mohamed Mebtoul pour souligner l'importance que la Révolution avait pris dans la vie du défunt. En septembre 2020, Lakjaa signera aux côtés de nombreux confrères, une tribune intitulée "L'université algérienne, ce qui doit changer" dans laquelle les enseignants universitaires alertent sur les dangers qui guettent l'université et proposent des pistes pour l'arracher du marasme dans lequel elle se débat. Décédé à l'âge de 67 ans, le défunt est unanimement salué par la communauté universitaire.