Deux années après l'acquisition par Sonatrach de la raffinerie italienne Augusta, le ministère de l'Energie dresse un bilan plutôt mitigé en matière d'objectifs initialement arrêtés pour l'activité de raffinage. Le bilan du secteur de l'énergie pour l'exercice 2019 fait ressortir une hausse de 98,3% des importations d'énergie, à 3,1 millions de tep (tonne équivalent pétrole), "suite à l'arrêt des opérations de processing de pétrole brut à l'étranger". Les détails dudit bilan montrent que les importations de produits dérivés ont plus que doublé (120%) durant l'année 2019 pour s'établir à 2,9 millions de tep, tirées par celles des produits pétroliers (184%). "La très forte reprise des importations, notamment pour l'essence (+364%) et de gasoil (+269%), s'est enclenchée à la suite de l'arrêt des opérations de processing de pétrole brut algérien à l'étranger depuis août 2019", lit-on dans le rapport du ministère de l'Energie. Sur les seuls trois premiers mois de l'année en cours, l'Algérie a importé pour pas moins de 465 millions de dollars de carburants et lubrifiants, contre un peu plus de 165 millions de dollars au 1er trimestre de 2019, marquant ainsi une hausse de 180%, avait alerté l'administration douanière dans sa note de conjoncture du premier trimestre 2020. Pour Sonatrach, Augusta était destinée pourtant à "couvrir les déficits algériens en essence et en gasoil sur toute la période du plan à moyen terme 2018-2022", avait précisé le groupe dans un communiqué. Augusta évolue ainsi à contre-courant des objectifs arrêtés à l'heure de son acquisition. Pendant que les opérations de processing étaient à l'arrêt, les importations en hausse, les charges de la raffinerie ont fortement augmenté en 2019. Les charges du personnel de Sonatrach Raffineria Italiana sont passées de 673 millions de dinars en 2018 à 10,140 milliards de dinars en 2019, alors que les charges financières ont totalisé 659 millions de dinars durant le même exercice, lit-on dans le bilan 2019 du groupe Sonatrach. Le même bilan fait état d'une perte de 1,274 milliard de dinars sur la valeur de marché de la raffinerie en 2019 par rapport à 2018, date de son acquisition auprès d'ExxonMobil. Le rachat de Sonatrach Raffineria Italiana avait coûté à Sonatrach près d'un milliard de dollars, faut-il le rappeler. Peu après l'acquisition, Sonatrach emprunte 250 millions de dollars à une institution financière saoudienne pour les besoins de la maintenance et de l'approvisionnement en pétrole de la raffinerie d'Augusta, vieille de 70 ans. L'arrêt des activités de raffinage à Augusta et la hausse fulgurante des importations de produits pétroliers témoignent, en tout cas, de la dépendance de l'étranger, encore importante, en matière d'approvisionnement en carburants. Le tableau de bord de suivi des activités de Sonatrach Raffineria Italiana reste — jusqu'ici — vierge, alors que sa comptabilité alerte sur une hausse importante des charges.