Cette nouvelle initiative est visiblement motivée par la situation de grande impasse politique. La révélation n'est pas d'un responsable d'un parti, mais d'un diplomate chevronné dont les postures politiques sont assez souvent à équidistance de l'opposition et du pouvoir. Invité de l'émission "LSA direct" du quotidien Le Soir d'Algérie, Abdelaziz Rahabi a révélé l'existence "d'initiatives politiques" pour une sortie de crise, mais sans pour autant en révéler les contours, ni la teneur. Seul objectif assigné à ce qui semble être une nouvelle démarche et dont on saura bientôt l'identité des initiateurs : "Un accord politique le plus large possible". Cette nouvelle initiative, qui s'inscrit dans le prolongement de nombreuses propositions formulées séparément par des partis politiques et des personnalités, comme celle récente de l'ex-Gouverneur de la Banque d'Algérie, Abderrahmane Hadj Nacer, proposant la mise en place d'un "comité de sages", est visiblement motivée par la situation de grande impasse politique dans laquelle s'est retrouvé le pays. Une situation plombée par la pandémie, la dégradation de la situation socio-économique, la panne politique et aggravée par l'absence prolongée du chef de l'Etat ravivant, du coup, dans l'imaginaire des Algériens, le spectre de la vacance du pouvoir, comme du temps du président déchu, Abdelaziz Bouteflika. Mais, c'est assurément l'absence de convergence sur un projet démocratique chez les acteurs politiques et le refus obstiné du pouvoir à toute forme de compromis, de dialogue avec l'opposition et le refus d'ouverture qui ont installé le pays dans une forme d'immobilisme mortifère. "(...) ce qui me préoccupe le plus n'est pas tant la maladie du Président que l'absence d'un accord politique global autour de la situation actuelle et comment sortir de la crise. C'est ce que nous avons essayé de faire à Aïn Benian. Mais nous n'avons pas pu le faire de façon complète. La scène politique algérienne est très radicalisée. Il nous faut une convergence sur un projet démocratique, sans exclusion", soutient le diplomate et ex-ministre. Reste la question de savoir si la perspective d'un dialogue entre le pouvoir et l'opposition, mais aussi entre divers courants politiques, comme à Mazafran, sont possibles et si ces multiples initiatives ont quelque chance d'aboutir lorsque l'on sait que toutes celles formulées jusque-là ont été rejetées par le pouvoir. "Il est regrettable de constater que notre déclaration, tout comme les initiatives précédentes de personnalités nationales, de forces politiques et sociales, n'a pas trouvé d'écho auprès des tenants du pouvoir. En dépit de tout cela, notre sens patriotique et notre attachement profond à notre grand peuple nous appellent à rester engagés à ses côtés dans l'expression de nos positions de soutien à ses aspirations et à ses préoccupations", avait écrit, dans une déclaration, quelques jours avant la présidentielle du 12 décembre, Abdelaziz Rahabi en compagnie d'autres personnalités dont Taleb Ibrahimi, Ahmed Benbitour ou encore Mustapha Bouchachi pour ne citer que ceux-là. Mais en annonçant l'existence d'initiatives, Abdelaziz Rahabi, une des rares personnalités non clivantes, a peut-être décelé quelques indices de la disponibilité du pouvoir au dialogue, maintenant que celui-ci a vu sa "feuille de route" lamentablement échouer, que le "Hirak", dont on a voulu décréter la mort, a donné une réponse cinglante lors du référendum sur la Constitution et que de nombreux défis qui appellent une grande mobilisation et un consensus l'interpellent. C'est peut-être aussi le sens à donner aux multiples appels lancés par certains partis qui rivalisent de propositions depuis quelques jours et essentiellement axées sur un consensus sur le respect des libertés. "Attention, lorsque nous disons qu'il faut s'unir et résoudre nos problèmes internes entre nous, le peuple algérien doit prendre conscience de l'importance des efforts de solidarité et de fraternité pour trouver les meilleures voies à même de sortir de cette crise". Les propos sont d'Abdelaziz Djerad. Karim Kebir