Sans un Etat de droit et démocratique, les crimes liés aux disparitions forcées resteront impunis et les familles victimes de ces disparitions ne pourront pas faire leur deuil. C'est en gros la conclusion à laquelle sont parvenus les nombreux participants à la conférence intitulée "Pour la ratification universelle de la Convention contre les disparitions forcées", organisée, hier, en visioconférence, par l'association SOS disparus et le Collectif des familles d'Algérie (CFDA). L'Algérie qui a signé, en 2007, cette convention, sans toutefois la ratifier, reste, de l'avis des intervenants, encore loin d'appliquer ses dispositions et donc, "peu respectueuse" de la protection des personnes contre les disparitions forcées. L'avocate Zoubida Assoul, présidente de l'UCP, a expliqué que l'application des dispositions de cette convention est "étroitement" liée au combat démocratique. "La seule solution pour parer aux multiples dérives contre les droits humains, dont la disparition forcée, est la construction d'un Etat de droit avec des institutions légitimes et démocratiques", soutient-elle, "sans quoi, prévient-elle, la violation de la citoyenneté". Par ailleurs, déplore l'avocate, la signature, par l'Algérie, de ladite convention n'a presque aucun effet. Elle appelle, de ce fait, à sa ratification, qui, elle, oblige l'Etat à respecter scrupuleusement les dispositions contenues dans cette convention."Contrairement à la signature, la ratification oblige l'Etat à respecter juridiquement les dispositions de la Convention onusienne", affirme la militante des droits de l'Homme. Le militant et membre fondateur du RAJ, Hakim Addad, abonde dans le même sens, en soutenant que le combat pour la ratification de cette convention doit être forcément mené de pair avec la revendication démocratique. "Il n'est, en aucun cas, possible de rendre effective la réconciliation nationale sans rendre justice aux familles victimes de disparitions forcées", a-t-il martelé, tout en appelant à l'édification d'un Etat de droit, seul préalable, soutient-il, pour pouvoir être en phase avec ce que dit la Convention internationale contre les disparitions forcées. Un constat que partage le professeur émérite de droit international et ancien président d'Amnesty International Algérie, Madjid Bencheikh, pour qui l'éradication de ces crimes "impunis en Algérie" passe par la mise en place d'un système d'organisation politique et social adéquat.