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Triste et endeuillée
Une année culturelle
Publié dans Liberté le 31 - 12 - 2020

Grande manifestation culturelle, le Sila n'a pas ouvert ses portes, au grand dam des lecteurs, éditeurs et écrivains. Les fidèles Raconte-Arts n'ont pas eu la chance de remonter les chemins escarpés du village d'Ath Aïssi. Les amateurs du théâtre, du cinéma et des grands festivals de musiques étaient privés eux aussi de leurs rendez-vous annuels.
La culture a été sans nul doute le secteur le plus malmené par le coronavirus. Son expression est éteinte et ses manifestations sont tout bonnement annulées. Retour sur une année culturelle qui n'a pas eu lieu. Dès le mois de mars, les autorités décident d'interdire tout rassemblement et recourent, quelques jours plus tard, à l'instauration d'un confinement partiel.
Le théâtre national Mahieddine-Bachtarzi, l'opéra d'Alger Boualem-Bessaïh, les espaces culturels, bibliothèques, galeries, ou encore les quelques salles de cinéma que comptent nos villes ferment leurs portes. Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes, Festival national du théâtre professionnel (FNTP) – reporté une première fois en 2019 –, les projections devant se tenir à la Cinémathèque algérienne, Tlemcen, Oran, Béchar, Béjaïa et Sidi Bel-Abbès, ou encore les derniers films du box-office US sont suspendus jusqu'à nouvel ordre. Les spectateurs, cinéphiles et lecteurs accusent le coup.
Devant une situation sanitaire qui ne s'améliore pas, les longs mois qui suivront seront un cataclysme pour le secteur déjà déliquescent de la culture. Les acteurs de ce dernier se sont retrouvés et se retrouvent encore dans une situation de grande précarité. L'unique source de revenus pour beaucoup d'entre eux s'est tarie.
Ces blocages signifient zéro revenu. Et cela a mis à mal une situation socioprofessionnelle déjà mal en point. Puis, avec la venue de l'été et le mois sacré de Ramadhan, le vide laissé par le secteur des arts et de la culture s'est fait ressentir davantage. Synonyme d'ordinaire de détente, de sorties et de divertissements – mêmes restreints –, l'été 2020 en Algérie a été pénible et bien long.
Quelques semaines après, c'était la période des festivals (Timgad, Djemila, etc.) et fêtes de villages. Véritable bouffée d'oxygène pour les estivants-festivaliers autant que pour les organisateurs, artistes et artisans, ces rendez-vous ont été reportés à des dates ultérieures. Les conséquences se sont fait ressentir aussitôt. En Kabylie, qui connaît à cette période de l'année un véritable bouillonnement culturel, les organisateurs ont vite déchanté, surtout que les perspectives de reprise étaient encore très floues.
La Covid-19 a cassé une dynamique culturelle ancestrale, ancrée à Ath Yenni, Mâatkas ou encore Tiferdoud. Point de festivals indépendants non plus, à l'image de la 17e édition de Raconte-Arts, prévue du 18 au 25 juillet au village Aït Aïssi (Yakouren). Dans nos colonnes, Hacène Metref, cofondateur de Raconte-Arts expliquait que "les conséquences de l'annulation du festival sont négatives, surtout pour ce qui est des villages qui l'abritent (...) Les commerçants, les hôtels et les transports ne travaillent pas.
Raconte-Arts est devenu un festival qui fait rentrer énormément d'argent aux villages". Du 4 au 10 août, une semaine virtuelle intitulée ‘‘La Fenêtre du web'' a tout de même été organisée, en revenant sur les précédentes éditions et les faits marquants à travers des photos et des vidéos. La Covid-19 a également eu raison des traditionnels feuilletons ramadhanesques. Quelques-uns ont pu tenir le coup, en modifiant quelques séquences et en s'adaptant tant bien que mal aux restrictions liées au virus comme le feuilleton Yemma. Mais nombreux aussi ont été ceux qui ont été suspendus.
La saison 2 de Machair, une coproduction algéro-tunisienne, a été interrompue à mi-tournage, tandis que la 3e saison de la sitcom de Nabil Asli et Nassim Hadouche Dakious et Makious a tout bonnement été arrêtée, non pas à cause de la pandémie cette fois-ci, mais pour des raisons supposées politiques, même si les deux acteurs expliquaient, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, que la chaîne Echourouk ne leur avait donné aucun motif quant à la suspension de leur programme.
Le 7e art a lui aussi son lot d'annulations ou de reports. Avant-premières, projections et festivals cinématographiques ont dû faire avec les aléas de la pandémie ; mais sans public, la tâche était, il va sans dire, des plus compliquées.
Les 18es Rencontres cinématographiques de Béjaïa devant se tenir du 19 au 24 septembre ont été reportées au premier semestre 2021, de même que pour le Festival international du film engagé (FICA) ou encore le Festival du film arabe d'Oran qui aura connu deux reports consécutifs en 2019 et 2020. Toutefois, ce même cinéma a brillé à l'international en recevant plusieurs distinctions dans le cadre de festivals qui se sont tenus en ligne.
Abou Leila d'Amin Sidi-Boumediène a reçu le prix "Gérard Frot-Coutaz" du festival Entrevues de Belfort en France. Le court métrage documentaire Objectif Hirak de Rédha Menassel a remporté le prix du meilleur montage au Buddha International Film Festival en Inde, et le documentaire Leur Algérie de Lina Soualem a remporté le prix du meilleur documentaire arabe lors de la 4e édition du festival de cinéma d'El-Gouna en Egypte.
Par ailleurs, le film Héliopolis de Djaâfar Gacem, qui sera projeté après report en 2021, a été nominé pour représenter l'Algérie aux prochains oscars dans la catégorie meilleur film étranger pour 2021.
Une année sans le Sila
La 25e édition de l'incontournable rendez-vous livresque de l'année, le SILA en l'occurrence, a lui aussi, et après moult tergiversations, été annulé. Les éditeurs, pour lesquels il est l'occasion de présenter de nouveaux ouvrages, de faire la promotion de leurs auteurs et écrivains et de réaliser un important chiffre d'affaires, ne savent plus à quel saint se vouer.
À l'image des autres professionnels du secteur culturel, ils n'ont cessé d'interpeller la tutelle, surtout que, sous d'autres cieux, des fonds d'aide spéciaux ont été débloqués, même s'ils sont jugés "insuffisants". Une alternative virtuelle a été envisagée dès l'annonce de l'annulation du salon, mais a été vite abandonnée.
Qu'à cela ne tienne, certains éditeurs, comme Barzakh, ont proposé aux lecteurs, du 24 octobre au 7 novembre derniers, une "braderie du livre" à Alger, Oran ou encore Mascara. Pour d'autres, la crise semble insurmontable, à l'instar de la directrice des éditions El Ibriz, Samira Bendris, qui révèle que les éditeurs "n'arrivent plus à produire" : "Personnellement j'ai deux nouveaux titres cette année que j'ai du mal à placer en librairie, surtout que nous ne sommes pas payés pour nos publications passées. Tout le monde crie à la ruine (...)."
En réponse à ces annulations en chaîne, "l'arsenal virtuel" est déployé. Différents organismes publics et privés proposaient à leurs abonnés des rendez-vous en ligne, le plus souvent sur Facebook, YouTube ou Instagram, afin de garder un lien avec leur public et d'animer, même a minima, une sphère culturelle agonisante.
L'Office national de la culture et de l'information, l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), les instituts culturels de plusieurs pays (Espagne, Italie, France, etc.) ont programmé des événements en ligne pour pallier la suspension de toutes leurs activités en présentiel.
Cycles cinématographiques, rencontres-débats avec des artistes, chercheurs et experts, expositions, mini-concerts...Les initiatives individuelles, d'artistes, de jeunes militants culturels ont aussi grandement étoffé l'espace virtuel. Les webinaires (comprenez par là séminaires sur le web) ont explosé durant la période de confinement, donnant ainsi une plus grande visibilité aux jeunes artistes, peu sollicités lors des événements officiels.
2020 aura été une "année blanche". Depuis le début de la pandémie, artistes, éditeurs, galeristes, techniciens et professionnels se retrouvent dans une situation de grande précarité. L'unique source de revenus pour beaucoup d'entre eux s'est tarie. Plus de spectacles, d'expositions, de tournage de concerts signifie zéro revenu.
Et cela a mis à mal une situation socioprofessionnelle déjà mal en point. Combien de fois cette année n'a-t-on entendu leur cri de détresse ? Combien de fois aussi n'ont-ils demandé à la tutelle d'intervenir in extremis pour sauver ce qui peut encore l'être d'un secteur agonisant ?
La réponse de la tutelle, bien que présente, à travers les aides distribuées par l'Onda, était bien en deçà des attentes, compte tenu de la situation précaire dans laquelle se retrouvent beaucoup d'entre eux. Alors, pour 2021, la culture subira-t-elle encore ce statu quo ou les responsables daigneront-ils, une fois constatés les dégâts irrémédiables d'une pandémie de plus d'une année, répondre à leurs attentes ?

Par : Yasmine AZZOUZ


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