Pris en étau dans une interminable guerre qui dure depuis neuf ans, les civils libyens sont sortis maintes fois manifester contre une partie ou autre en conflit, dénonçant aussi les ingérences étrangères. Au moins 416 morts parmi les civils ont été enregistrés durant l'année 2020, victimes des violences armées entre les parties libyennes en conflit, a indiqué ce week-end un nouveau rapport du Comité national pour les droits de l'homme en Libye (CNDHL), mentionnant plus de 120 incidents ayant pris pour cible des civils et des infrastructures publiques, économiques et sanitaires. "Statistiques des victimes civiles en Libye au cours de l'année 2020 : 416 personnes ont été tuées à la suite d'opérations militaires, par balles et des tirs d'obus anarchiques ou des mines antipersonnel", affirme le CNDHL, précisant que parmi ces victimes, il y a "au moins 114 corps qui ne sont pas identifiés", lit-on sur la page de cette organisation libyenne. Le CNDHL a recensé au moins 89 victimes que les forces de sécurité du Gouvernement d'union nationale (GNA, Tripoli), issu de l'accord de l'ONU, ont déterrées des fosses communes, notamment après le retrait des forces armées dirigées par le controversé général Khalifa Haftar, suite à sa défaite cinglante au bout d'un an de vaine conquête militaire de la capitale libyenne entre avril 2019 et juin 2020. Outre des centaines de blessés parmi les militaires durant cette période de violences armées entre le GNA et Haftar, près de 500 civils ont également été blessés par les bombardements aveugles contre des quartiers résidentiels, les structures de santé, notamment à Tripoli. "491 blessés civils ont été enregistrés à la suite d'opérations militaires, de tirs de balles aveugles et de mines antipersonnel" que les forces de Haftar ont déposées à de nombreux endroits, piégeant aussi des immeubles, a ajouté le rapport du CNDHL. Dans leur avancée vers les anciennes positions de Haftar, dans le centre du pays, les forces du GNA ont régulièrement fait état de la destruction de ces mines qui continuent de provoquer des morts parmi les populations déplacées lors de leur retour dans leurs domiciles, dont les stigmates de la guerre sont visibles. Les atteintes aux droits de l'homme ne sont pas en reste dans ce conflit, que les ingérences étrangères ont aggravé, souligne le rapport du CNDHL, précisant que "105 cas d'enlèvements et de disparitions forcées de journalistes, de médecins, de militants de la société civile et de défenseurs des droits de l'homme ainsi que d'avocats et de membres du corps de la justice" sont aussi recensés en 2020. Ceci sans compter les enlèvements réguliers de ressortissants de pays étrangers, souvent libérés au bout de quelques jours, moyennant parfois des rançons ou des libérations de membres de milices armées détenus à l'étranger. Ces chiffres sont évidemment loin d'être exhaustifs, mais ils renseignent sur la nature d'un conflit qui a semé le chaos en Libye, au lendemain de la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, tué en octobre 2011, après dix mois de révolte populaire militairement appuyée par une intervention, elle aussi chaotique, de l'Alliance atlantique.