Alors que l'affaire des lingots d'or d'Ahmed Ouyahia n'a pas fini de scandaliser l'opinion publique, la défense a jeté, jeudi, un autre pavé dans la mare en affirmant, devant la juge de la cour d'Alger, que son mandant a commis "un mensonge circonstanciel légal". Alors que l'affaire des lingots d'or d'Ahmed Ouyahia n'a pas fini de scandaliser l'opinion publique, son avocat Me Amine Ben Kraouda a jeté, jeudi dernier, un véritable pavé dans la mare en affirmant, devant la juge de la cour d'Alger, que son mandant a commis ce qu'il appelle "un mensonge circonstanciel légal". Si le mystère demeure encore total autour du "mobile" d'Ouyahia, justifiant l'origine de sa fortune par la vente — au marché noir — des 60 lingots d'or offerts par les Emirs du Golfe, il faut admettre que les propos de son avocat ne font qu'ajouter du trouble à un scandale qui est encore loin de révéler tous ses secrets. Peu prolixe, et recourant plutôt à des messages codés, Me Ben Kraouda a affirmé dans sa plaidoirie que les aveux de son client sont dictés par "des circonstances". "Il existe ce qu'on appelle un mensonge circonstanciel légal Mme la présidente. Il est dicté par des circonstances. Il y a des choses que seul Ouyahia, moi et Dieu connaissons. Un jour, elles seront connues", a dit l'avocat de l'ancien Premier ministre, avant de lâcher : "Sur l'affaire des lingots d'or, mon mandant a préféré parler du marché noir plutôt que du cabinet noir. Ahmed Ouyahia a choisi de parler du quatrième étage plutôt que du sous-sol et de la cave..." À quoi fait-il référence ? Me Amine Ben Kraouda n'en dira pas plus sur le sujet. Pourtant très attendues, les plaidoiries de la défense de l'ancien Premier ministre, au lieu d'apporter des réponses aux interrogations des Algériens sur les graves aveux d'Ouyahia, n'ont fait que rajouter une couche de confusion, ouvrant ainsi la voie à toutes les interprétations imaginables. En témoignent ces autres déclarations qui ne manquent pas d'ambiguïté et selon lesquelles Ouyahia n'aurait jamais parlé de cette affaire (lingots d'or, ndlr) s'il était jugé à la cour d'Alger et non pas par visioconférence depuis sa prison d'Abadla, à Béchar. "Les déclarations sur les lingots d'or ont été tenues depuis la prison de Béchar qui se trouve à 1 200 km de la capitale. À la cour d'Alger, Ouyahia ne les aurait jamais faites", a dit la défense de l'ancien Premier ministre, poursuivi, rappelle-t-on, dans les affaires du montage automobile et du financement "occulte" de la campagne électorale, pour un cinquième mandat, de l'ancien président déchu Abdelaziz Bouteflika. Dans sa plaidoirie, Me Ben Kraouda a également insisté sur le fait que son client n'a jamais été mêlé à des affaires de corruption. "Comment peut-on accuser l'ancien Premier ministre de corruption en l'absence du corrupteur et du corrompu ? De plus, lorsqu'il était en fonction, Ahmed Ouyahia a constamment été escorté par les services de sécurité, du matin au soir, partout, dans chacun de ses déplacements. Comment peut-il être mêlé à la corruption dans de telles conditions, en présence des services de sécurité ?" s'est demandé la défense d'Ouyahia, avant d'ajouter qu'"Ahmed Ouyahia n'a jamais fait partie de la îssaba (la bande) et l'Histoire le réhabilitera comme elle a réhabilité Messali Hadj et (Ahmed) Ben Bella", a dit Me Amine Ben Kraouda. Interrogé, en marge des plaidoiries, pour plus d'explications sur ses déclarations, l'avocat d'Ahmed Ouyahia s'est refusé à tout commentaire, en affirmant se limiter à ce qu'il a dit dans sa plaidoirie.