ETRHB, Sovac, KouGC, Condor, Tahkout... l'Etat ne sait visiblement que faire de ces entreprises dont les patrons sont condamnés dans des affaires de corruption. Les administrateurs nommés avant d'être relevés, il y a quelque temps, ont échoué dans leur mission. Sans feuille de route claire, les gestionnaires qui les ont remplacés sont comme livrés à eux-mêmes. Après une première expérience qui s'est avérée peu fructueuse avec les administrateurs désignés par l'autorité judiciaire, certaines entreprises, dont les patrons font l'objet de poursuites judiciaires, voient leur espoir de relance se lézarder peu après la désignation de nouveaux "managers". Ceux-ci, succédant à des administrateurs dont le bilan était pour le moins douteux, sont soit indécis face à la pile de casse-têtes auxquels ils font face, soit dans une situation de résistance face à la décision de leur nomination. C'est l'une des pires craintes des travailleurs de ces entreprises qu'en raison des problèmes insolubles dans lesquels barbotent ces dernières, dont le blocage des comptes bancaires et les niveaux élevés de leurs dettes essentiellement, les nouveaux "managers" finissent par jeter l'éponge. Certains parmi les nouveaux administrateurs ont même décliné le poste avant même la prise de fonctions, avons-nous appris de sources sûres. Les craintes des travailleurs des entreprises mises sous administration judiciaire se révèlent à ce stade fondées, puisque certains managers ont carrément refusé la mission. Avec, bien évidemment, des effets en cascade, dont la difficulté de verser les salaires des travailleurs et le paiement des dettes des sous-traitants. Cette situation s'applique surtout au groupe ETRHB Haddad, dont le versement des salaires est tributaire d'une décision de justice pour la levée des saisies-arrêts à l'origine du blocage des comptes de l'entreprise. Les sous-traitants du groupe ETRHB ont obtenu des saisies-arrêts auprès de la justice pour le blocage des comptes de l'entreprise. Les tentatives du précédent administrateur de levée des saisies-arrêts ont été vaines, puisque le premier recours introduit auprès du tribunal de Bir Mourad-Raïs a été rejeté par cette instance. Un nouveau compte bancaire a été ouvert, mais il a été aussitôt bloqué par de nouvelles saisies-arrêts introduites par les sous-traitants du groupe. Un second recours pour la levée de cette procédure a été introduit depuis peu au tribunal d'Alger, nous disent des sources proches du dossier. Face à la persistance de ces blocages, le nouvel administrateur désigné à la tête du groupe ETRHB semble avoir les pieds et les poings liés, alors que la pression des travailleurs et des sous-traitants ne faiblit pas. Les 10 000 employés du groupe Condor sont, eux aussi, confrontés à une situation tout aussi rocambolesque, puisque le nouvel administrateur a brusquement refusé la mission. C'est la raison pour laquelle, il y a eu des mouvements de salariés ; ceux-ci ont tantôt observé une grève générale, tantôt tenté le blocage de l'autoroute Est-Ouest et de la zone industrielle de Bordj Bou-Arréridj. Des travailleurs se sont même déplacés au tribunal d'Alger où ils ont été reçus par le juge, lequel aurait promis de débloquer la situation en désignant un nouvel administrateur qui devrait valider les salaires cette semaine. Les salariés du groupe Tahkout ont, eux aussi, eu la désagréable impression de revivre les mêmes scènes, nomination après nomination, mais le scénario de crise et de blocage se répète. Selon nos sources, le second administrateur judiciaire désigné, il y a quelques jours, semble avoir refusé la mission, estimant le risque trop grand et la marge de manœuvre trop réduite pour pouvoir agir. Face à cette situation dont on ne voit pas la fin, les nouveaux "managers" fraîchement désignés semblent être incapables de prendre des mesures permettant à ces entreprises de sortir la tête de l'eau. D'autres ont carrément décliné la mission. L'effet sur les entreprises ainsi bloquées est catastrophique ; défiance des clients, des fournisseurs, des banques...