Sur les 166 investisseurs censés peupler cette zone et nourrir pas moins de 4 000 familles, il n'y a, aujourd'hui, que 20 opérateurs encore en activité. Au moment où tous les discours officiels prêchent la nécessité de promouvoir l'investissement privé, afin de pouvoir surmonter, à plus ou moins moyen terme, la crise économique que traverse le pays, à Tizi Ouzou, non seulement la concrétisation de nouveaux investissements se fait rare en raison des conditions très peu attractives, mais même les opérateurs déjà en activité sont désormais confrontés, pour un bon nombre d'entre eux, au choix cornélien de résister ou d'abandonner. C'est le cas, notamment, des investisseurs installés dans les zones d'activité qui sont complètement à l'abandon, à l'instar de celle de Tala Athmane qui, malgré les promesses à chaque fois renouvelées par les autorités depuis le début des années 2000, demeure toujours dépourvue d'un minimum de conditions décentes lui permettant d'exercer ses activités. Selon des opérateurs installés dans la zone d'activité de Tala Athmane, relevant de la commune de Tizi Ouzou, si sur les 166 investisseurs censés peuplés cette zone et nourrir pas moins de 4 000 familles, il n'y a, aujourd'hui, que 20 opérateurs en activité, c'est qu'il y a un sérieux problème. "Si une soixantaine d'investisseurs subissent encore les affres des blocages de toutes natures, le reste des opérateurs a carrément abandonné ses projets. Comment pourrait-il en être autrement lorsque l'on sait qu'il y a, dans cette zone, une multitude de problèmes insolubles et des complications chroniques qui poussent jusqu'à soupçonner l'existence de blocages savamment entretenus, produits d'intervenants publics défaillants, d'entraves bureaucratiques sclérosantes et dont le résultat n'est que de sempiternels problèmes de viabilisation, d'insécurité et d'insalubrité systémique", a déclaré un investisseur qui se démène pour maintenir son activité. En effet, il suffit d'une virée sur les lieux pour constater que cette zone n'est plus qu'un dépotoir à ciel ouvert, tant des détritus en tous genres et même des cadavres d'animaux jonchent les abords des routes. Faute de clôture, la zone est également livrée à l'insécurité et à toutes sortes d'agressions, a-t-on fait savoir sur place. Cependant, aucune trace de viabilisation n'est visible sur les lieux. Ni éclairage public, ni clôture, ni accès contrôlé, ni assainissement... "L'accès vers cette zone est le pire des problèmes que nous rencontrons. La zone relève de la commune de Tizi Ouzou, mais il faut traverser trois autres communes pour y accéder par l'Est, et deux communes pour y accéder par l'Ouest. Et pour cela, il faut deux heures pour venir et deux autres heures pour retourner. Or, la réalisation, autrefois envisagée, d'un pont aurait permis de rallier la rn12 en cinq minutes", explique un opérateur. D'autres se plaignent du fait que leurs terrains soient inondés par les eaux usées provenant des villages mitoyens et d'autres encore d'un problème d'alimentation de leur site en électricité. " Je me suis déplacé 22 fois à Alger pour un document concernant le raccordement de mon unité au réseau d'électricité", a témoigné un industriel établi dans cette zone. Par endroits, des ossatures métalliques complètement rouillées témoignent de ces volontés d'investir brisées. Lors d'une énième réunion tenue le 22 juin 2020, les représentants de la Direction générale de Divindus-ZI se sont engagés, dans un procès-verbal dont Liberté détient une copie, "à entreprendre les actions nécessaires pour amorcer une dynamique de présence, d'activités et d'essor pour cette zone dont le potentiel est important". Mais voilà que plus de six mois après cet engagement signé par le wali de Tizi Ouzou, aucun des engagements pris dans le document n'est encore concrétisé, déplorent les opérateurs. Pis encore, les opérateurs établis dans cette zone sont constamment mis sous pression pour payer les redevances liées aux frais de participation sans que le gestionnaire assure la contrepartie, à savoir les travaux de viabilisation, l'entretien... "Même le cahier des charges ou une convention devant formaliser la relation entre opérateurs économiques et gestionnaire de la zone ne sont pas établis", déplore encore un chef d'entreprise, expliquant que les opérateurs établis dans cette zone ont pris l'initiative de créer leur association, afin de s'unir et de s'entraider pour sortir de cette situation désastreuse, mais qu'ils sont encore dans l'attente d'un agrément. Cependant, les autorités se contentent de compter le nombre de lots récupérés auprès des investisseurs qui n'ont pas concrétisé leurs projets et de les brandir comme des trophées de guerre sans, toutefois, se pencher sur les innombrables problèmes de fonds qui font que l'investissement productif de richesses et d'emplois meurt à petit feu dans cette wilaya où le chômage est endémique.