Le départ d'Abdelmadjid Attar suscite des interrogations, au moment où le secteur devait amorcer des réformes visant à redynamiser l'amont pétrolier et gazier et insuffler une nouvelle dynamique à l'investissement étranger. Le président Abdelmadjid Tebboune a remanié, dimanche, son gouvernement, en rappelant Mohamed Arkab au ministère de l'Energie. Il devra gérer à la fois l'énergie et les mines après que celles-ci avaient été confiées à un département complètement autonome. Mohamed Arkab arrive en remplacement d'Abdelmadjid Attar qui a répondu à l'appel d'Abdelmadjid Tebboune dans un contexte pour le moins sensible et délicat. Ce n'était un secret pour personne qu'Abdelmadjid Tebboune, après de longues années de contre-performances de l'amont pétrolier et gazier et dans un contexte de rechute drastique des cours pétroliers, cherchait à donner une nouvelle impulsion à un secteur en mal de gouvernance, empêtré dans des scandales politico-financiers et dont les mauvais résultats étaient chroniques. Et c'était Abdelmadjid Attar, homme du secteur, ancien P-DG de Sonatrach et ex-ministre des Ressources en eau, qui est arrivé à la tête du ministère de l'Energie il y a une année. Il avait pour mission de redynamiser l'amont pétrolier et gazier, redonner de la visibilité à l'Algérie sur l'échiquier mondial et insuffler une nouvelle dynamique à l'investissement étranger notamment après l'échec des quatre derniers appels d'offres malgré les premiers changements apportés à la loi sur les hydrocarbures en 2013. La dernière réforme en date, intervenue fin 2019, était restée sans lendemain, étant donné que sa mise en œuvre était tributaire de la publication des textes d'application, qui font toujours défaut. À la tête du ministère de l'Energie, Abdelmadjid Attar devait apporter des changements de nature à remettre l'activité des hydrocarbures en marche, rehausser les niveaux de production et concilier les impératifs d'exportation et les besoins domestiques en matière de consommation de produits énergétiques. Ainsi était le but de son arrivée au ministère de l'Energie, succédant à un Mohamed Arkab, réputé pour être plus enclin à respecter des garde-fous ancrés depuis longtemps dans le secteur. Abdelmadjid Attar semble avoir péché en nourrissant la volonté d'aller un peu plus loin dans ses réformes. Son défi était d'attribuer aux entreprises du secteur des statuts dignes des grandes compagnies de production et de distribution de produits pétroliers, de reparamétrer les coefficients de croissance de la consommation interne de l'énergie, en les adaptant aux taux de croissance des réserves et des capacités de production à long terme, tout en réorientant les usages vers les secteurs à haute valeur ajoutée. Dit autrement, il était question d'amorcer des réformes de fond qui rompent avec le réflexe qui consistait jusqu'ici à compter sur les réserves disponibles et parier sur une improbable remontée des cours pétroliers en maintenant le cap sur les politiques économiques et budgétaires habituelles. Cette impression de flou dans la stratégie gouvernementale de gestion du secteur et de ses entreprises ne semblait pas cadrer, en tout cas, avec les réformes que l'ancien P-DG de Sonatrach entendait mettre en branle. Le léger rebond des cours du brut semble avoir joué en sa défaveur et donc des changements qu'il envisageait d'introduire dans la gouvernance du secteur. Il y a comme un ordre établi qu'il faille respecter et auquel il serait maladroit de renoncer. Le départ d'Abdelmadjid Attar du ministère de l'Energie reste à tous points de vue une énigme pour les observateurs. Le retour de Mohamed Arkab en est une autre.