Pari réussi pour les femmes à Béjaïa qui se sont mobilisées et ont investi la rue pendant de longues heures. Elles étaient, en effet, plusieurs dizaines, voire des centaines, à défiler hier pour dine non au sort réservé à la femme algérienne dans les textes et aux violences dont elles sont victimes. Outre certaines figures connues, à l'instar de la femme d'Abdelouahab Fersaoui, ancien détenu et président du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), plusieurs hommes et activistes du Hirak ont pris part à cette journée de mobilisation des femmes. Ces femmes qui ont battu le pavé ont insisté pour dire qu'elles ne sont pas sorties "pour se faire offrir des roses, mais pour réclamer l'égalité entre les hommes et les femmes". Deux carrés de femmes ont commencé à se former au niveau de la maison de la culture Taos-Am-rouche avant de se mettre en mouvement en scandant des slogans spécifiques aux femmes et au Hirak dont elles font partie intégrante. Au coup d'envoi de la marche, les deux carrés de femmes ont préféré progresser séparément pour ensuite n'en former qu'un seul au niveau du lycée El-Hamamdia. Le premier carré, pluriel et plus nombreux, scandait des slogans propres au mouvement féministe et aux militantes de gauche, voire de l'extrême gauche, tels que "Houria, karama, houqoq niswya" (Liberté, dignité, droits des femmes), "Non au code la famille", "L'Algérie ne peut se construire sans les femmes", "Mazalna thouar, Nabila Djahnine" (Nous sommes toujours des combattants, Nabila Djahnine), du nom de la présidente de l'association Cri de la femme, assassinée en 1995. Le second carré a préféré scander des slogans propres au Hirak : "Le combat continue jusqu'au départ du système", "Dawla madania, machi âaskaria" (Etat civil, non militaire) ou encore "Libérez l'Algérie". Quant au troisième carré — composé d'une vingtaine de femmes —, il a préféré attendre patiemment au niveau de l'hôtel des finances pour tenter de prendre la tête de la manifestation. Mais cela n'a pas servi à grand-chose. Le gros carré des femmes a délibérément baissé le rythme de son évolution, afin de tenir à distance ces devancières, jugées "opportunistes". Concernant les banderoles et les pancartes, elles puisaient dans le répertoire propre aux droits des femmes et du Hirak. "Non au harcèlement des femmes au travail", "Tous unis contre la précarité de l'emploi", "Etat civil, non militaire", "Femme s'engage, système dégage", "Parité avec les hommes", "Fêtées une journée, exploitées toute l'année", "Demain ne se fera pas sans nous", "Basta, hogra", "Non aux violences faites aux femmes", "Nous ne voulons plus compter nos mortes", allusion au féminicide. M. OUYOUGOUTE