La cause était entendue depuis longtemps. L'Algérie n'avait aucune chance de placer un responsable dans le conseil de la FIFA en raison des choix stratégiques de son président, Gianni Infantino. Kheireddine Zetchi n'occupera pas de siège au conseil de la FIFA. Le président de la Fédération algérienne de football a décidé hier matin, quelques heures avant le début de l'assemblée générale élective de la CAF, de jeter l'éponge, ouvrant grand un boulevard à ses deux principaux concurrents, le Marocain Fawzi Lekdjaâ et l'Egyptien Abou Reda, qui ont été, comme prévu, élus au conseil de la FIFA. "Le président de la Fédération algérienne de football a choisi la voie de la sagesse en décidant de retirer sa candidature au poste de membre du conseil de la FIFA. Entre le rejet de sa candidature, le 26 janvier 2021, par l'organe chargé de l'examen des candidatures de l'instance du football internationale, et sa réhabilitation, par le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne le 5 mars 2021, M. Kheireddine Zetchi n'a pu effectuer sa campagne électorale convenablement et défendre ainsi les chances de l'Algérie de figurer au sein du conseil de la FIFA", explique la FAF dans un communiqué publié sur son site officiel. Et d'ajouter : "La FAF continuera avec la même passion à contribuer au développement du football continental à travers les commissions de la CAF où l'Algérie est fortement représentée." En vérité, la cause était entendue depuis longtemps. L'Algérie n'avait aucune chance de placer un responsable au conseil de la FIFA en raison des choix stratégiques de son président, Gianni Infantino. Le numéro un de la FIFA avait choisi depuis quelques mois déjà de s'allier au Maroc et à l'Egypte afin de parvenir à un consensus autour du Sud-Africain Patrice Motsepe pour présider la CAF. Pour ce faire, Gianni Infantino a amené, au bout d'âpres négociations, les autres candidats, Augustin Senghor (Sénégal), Jacques Anouma (Côte d'Ivoire) et Ahmed Yahya (Mauritanie), à accepter sa feuille de route en échange de postes à la CAF. Augustin Senghor et le Mauritanien Ahmed Yahya seront les deux vice-présidents de Patrice Motsepe, alors qu'Anouma hérite du poste de conseiller. Evidemment, le Maroc et l'Egypte ne sont pas en reste. Principaux artisans de cet accord, ils sont assurés de récupérer les deux sièges du conseil de la FIFA au profit de Fawzi Lekdjaâ et de Hani Abou Reda, au détriment de l'Algérien Kheireddine Zetchi et de l'Equato-Guinéen Gustavo Ndon. Le compromis politique autour du Sud-Africain Patrice Motsepe a été conclu le 26 février dernier à Rabat. En présence du président de la FIFA, Gianni Infantino, de plusieurs membres du conseil de la FIFA et du comité exécutif de la CAF, ainsi que de plus de 20 présidents d'associations membres africaines, le pacte de Rabat a été du reste rendu public à l'occasion d'une cérémonie "placée sous le signe de l'unité africaine qui s'est déroulée le 4 mars au Palais des congrès de Nouakchott, en Mauritanie", écrit le site de la FIFA. Du coup, l'Algérie est réduite à un rôle de spectatrice, de figurante, bien qu'elle ait choisi dès le début au plan politique de donner sa voix au Sud-Africain Patrice Motsepe. Les jeux étaient donc faits. La FAF tout comme le MJS, qui a donné son aval pour cette candidature, auraient dû éviter l'affront (le ministère de la Jeunesse et des Sports doit donner son accord écrit pour toute candidature algérienne sur le plan international conformément à la loi sur le sport). L'anticipation – n'est-ce pas ? – est l'avantage concurrentiel d'un bon manager ! À voir de près, la perche leur a été peut-être tendue le 26 janvier dernier par la FIFA. La puissante fédération mondiale avait en effet rejeté la candidature du président de la Fédération algérienne de football, Kheireddine Zetchi, aux élections du conseil de la Fédération internationale. "Je voudrais éclairer l'opinion publique au sujet de ma candidature aux élections du conseil de la FIFA. Effectivement, j'ai reçu une correspondance de la commission de contrôle de la FIFA qui invalide ma candidature. Les raisons invoquées est de ne pas avoir mentionné dans le questionnaire deux sanctions, à savoir une sanction interne prononcée en 2016 alors que j'étais officiel dans mon club, pour une déclaration à la presse, et la seconde est une sanction au niveau de la Confédération africaine (CAF) pour avoir quitté le comité d'organisation du Championnat d'Afrique des nations CHAN-2018 au Maroc", a indiqué Zetchi dans une déclaration vidéo diffusée sur le site de la FAF. Le recours... une occasion de se retirer ! D'ailleurs, il précise dans la foulée qu'il allait user de son "droit de recours" auprès du TAS de Lausanne. Le 5 mars, Zetchi est réhabilité par le TAS de Lausanne. Une victoire morale qui lui donne le droit de prendre part au scrutin. Mais au lieu de choisir ce moment précis pour se retirer, sachant que "le butin était déjà partagé", le président de la FAF a choisi d'aller jusqu'au bout. "Maintenant, je vais reprendre ma campagne, quitte à travailler 24 h/24, pour mettre tous les atouts de mon côté en vue de ces élections. J'avais entamé ma campagne en janvier au Cameroun lors du Championnat d'Afrique des nations CHAN-2021, mais elle a été interrompue après le rejet de ma candidature. Je vais reprendre contact avec les présidents de fédération au cours de la semaine. Je reste confiant même si la mission s'annonce d'ores et déjà difficile", avait-il assuré vendredi dernier. Mais une fois à Rabat, au luxueux Sofitel Jardin des Roses Hotel, Zetchi et ses accompagnateurs s'aperçoivent vite que la mission était impossible, comme le prédisaient déjà il y a quelques semaines des spécialistes. Après une nuit agitée (de jeudi à vendredi) de réflexion, Zetchi en sort avec un conseil évident : vaut mieux déclarer forfait. Ses partisans assurent cependant qu'il a négocié, en échange de son retrait, un futur poste à la CAF, alors que ses adversaires affirment qu'il s'est surtout retiré pour éviter une défaite cinglante. Gageons que nous serons vite renseignés.