Le pétrole de schiste américain, soutenu par un léger redressement des prix, reprend de la vigueur, avec une production journalière de 7,5 millions de barils, exerçant ainsi des pressions à la hausse sur l'offre. Avant la pandémie de coronavirus, les producteurs américains pompaient 13 millions de barils par jour. Si le pétrole de schiste continue à couler à flots, cela gonfle davantage l'offre mondiale de pétrole, alors que la demande reste encore faible et sape les efforts de l'Opep et de ses alliés pour parvenir à un rééquilibrage des marchés pétroliers. L'Opep et ses partenaires sont dans leurs petits souliers. Ils savent d'où vient le problème, mais ils ne savent que faire, face à des opérateurs américains, peu coopératifs. En fait, les producteurs américains n'accepteront pas de se joindre aux efforts visant à améliorer le fonctionnement des marchés pétroliers. Ils ont les yeux rivés sur les rendements nets. Plus les prix de l'or noir augmentent, plus les revenus qu'ils engrangent sont substantiels. Dans le grand bassin Permien, aux Etats-Unis, les coûts de l'extraction du pétrole de schiste s'élèvent à 53 dollars le baril. Ainsi, avec des cours à plus de 60 dollars le baril, l'industrie est dans les clous. Il reste, cependant, à savoir si cette tendance à l'amélioration des cours sera durable. Tout dépend de la croissance de la demande. Dans son étude "Oil 2021", l'Agence internationale de l'énergie prévoit un énorme rebond de la consommation pétrolière qui passera de 92 à 104,1 millions de barils par jour d'ici à 2026. L'AIE ne voit pas une situation de peak oil de la demande dans son scénario, même si la production devait se tendre. Si la production devait grimper à 104 millions, il ne resterait qu'une capacité tampon de 2,6 millions de barils par jour de surplus contre 6,5 millions aujourd'hui. Le différentiel est faible. Si une perturbation des marchés survient, l'Arabie saoudite et la Russie voleront au secours du marché en y mettant des barils supplémentaires. Les deux pays veulent, en fait, jouer le rôle de régulateur du marché, tout en espérant que la grosse machine américaine se grippera et que la production aux Etats-Unis n'impactera pas la compétitivité sur les marchés. Pour l'heure, en tout cas, les producteurs américains semblent mener le bal, mettant Saoudiens et Russes dans une situation de concurrence difficilement surmontable. Ils sont même allés sur le terrain de jeu de l'Arabie saoudite, en exportant plus de pétrole vers l'Inde, un marché naturel pour l'Arabie. En effet, les Etats-Unis sont devenus le deuxième plus grand exportateur pétrolier pour l'Inde. L'Arabie saoudite a reculé à la 3e place. L'Inde importe plus de 80% de son pétrole et cherche à diversifier les sources d'approvision-nement et à réduire ses coûts énergétiques.