Le procureur de la République près le tribunal correctionnel de Béjaïa a requis, hier, une peine de 5 ans de prison ferme à l'encontre des cinq cadres de la Direction de la jeunesse et des sports (DJS) de la même wilaya, poursuivis pour "dilapidation de deniers publics" et "abus de fonction". À l'issue des audiences, le juge a décidé de mettre en délibéré, au 19 avril, le verdict. Outre les cinq mis en cause, près d'une dizaine de témoins, dont deux anciens directeurs de l'Office des établissements de jeunes (Odej) de Béjaïa et des inspecteurs du même secteur, ont été appelés à la barre. Le principal accusé est un un ex-directeur de l'Odej de Béjaïa, El-Kheyer T.,. Parmi ses coaccusés, l'actuel chef de service des activités de jeunes à la DJS de Béjaïa, le dénommé Boubekeur L., ainsi que trois autres fonctionnaires relevant du secteur de la jeunesse, le directeur du camp de jeunes de Melbou, Riad M., et l'ancienne directrice de la Maison de jeunes d'Aokas, promue au poste de directrice de l'Auberge de jeunes de Tichy. Face au juge, les prévenus nient en bloc les accusations portées contre eux, notamment le chef d'inculpation de "détournement de fonds publics", à travers le recours à des "malversations comptables". Tandis que certains témoins confirment l'existence d'anomalies dans la gestion des revenus des établissements de jeunes, dont les responsables continuent à "enfreindre les instructions ministérielles ordonnant la fermeture de tous les comptes CCP ou bancaires". Appelé à la barre en tant que témoin dans cette affaire, l'ancien directeur de l'Odej de Béjaïa, Boualem Oudjehani, révèle que l'un des accusés, Riad M., cumule deux fonctions incompatibles, à savoir directeur du camp de jeunes de Melbou et président de l'association activant pour le compte du même établissement. "Outre son salaire de premier responsable de l'établissement, il s'attribue une indemnité mensuelle de 90 000 DA en tant que président de ladite association, qui a reçu, ces dernières années, plus d'un milliard de subventions de la part du fonds de wilaya", a-t-il affirmé. Un autre ancien directeur de l'Odej, Mansour Kabou, citera, quant à lui, le cas de la maison de jeunes Hariche-Mohand d'Aokas, dont les recettes en espèces émanant de la location du bloc d'accueil, d'une capacité de 50 lits, "sont gérées d'une manière pour le moins douteuse". Selon l'inspecteur de la jeunesse et des sports qui a eu à enquêter sur cette affaire, un trou de 121 millions de centimes a été constaté dans la comptabilité de cet établissement de jeunes. Pour rappel, l'éclatement de cette affaire remonte à l'année 2019, lorsque deux anciens cadres de l'Odej de Béjaïa, Mansour K. et Khelifa C., avaient saisi le procureur général près de Béjaïa, à travers une lettre de dénonciation, dont une copie avait été adressée au ministère de la Justice. Les deux signataires de la requête ont relevé, preuves à l'appui, un bon nombre d'irrégularités et d'abus de pouvoir dont se seraient rendus coupables certains cadres de la Direction de la jeunesse et des sports (DJS) de Béjaïa. Après quoi, les autorités judiciaires ont ordonné l'ouverture d'une enquête qui sera menée par les éléments de la Section de recherches de la Gendarmerie nationale de Béjaïa. Au bout de quatre mois d'investigations et d'audition de témoins à charge, les gendarmes enquêteurs ont conclu, selon une source proche du dossier, que beaucoup d'arguments probants prouvent la culpabilité des cinq prévenus. KAMAL OUHNIA