Tout porte à croire qu'Idriss Déby Itno sera reconduit pour un 6e mandat dans une élection qui respecte les "standards africains". Le Tchad s'achemine vers la réélection "sans surprise" à un 6e mandat d'Idriss Déby Itno, 30 ans au pouvoir sans partage, au premier tour d'un scrutin boudé par la majorité de la population, et devant une opposition laminée, mais qui considère que son appel au boycott du scrutin a été suivi. Le dépouillement et le décompte des bulletins sont terminés dans les bureaux de vote, au lendemain d'un scrutin dont semble s'être désintéressée une bonne partie de la population, convaincue de la victoire du président sortant Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 30 ans. Mais aucun chiffre n'est connu, notamment celui de la participation des quelque 7,3 millions d'électeurs sur 15 millions d'habitants, véritable enjeu de ce scrutin. Les résultats provisoires ne seront connus que le 25 avril, en raison des longs délais de compilation et d'acheminement des chiffres, dans ce vaste pays. Pouvoir et opposition, criaient déjà victoire. L'opposition la plus dure considère que son appel au boycott du scrutin a été suivi. Pour l'opposant historique, Saleh Kebozabo, qui s'était retiré de l'élection, "les images qui circulent des bureaux de vote désertés par les électeurs marquent une victoire importante pour notre appel au boycott". L'équipe de campagne de M. Déby s'est-elle félicitée dimanche que les Tchadiens aient "massivement participé à cet important exercice démocratique". "La participation a été mitigée dans les grandes villes, comme à N'Djamena", nuance, lundi, Kelma Manatouma, chercheur tchadien en sciences politiques à l'université Paris-Nanterre, qui évoque d'une "guerre de communication" entre le pouvoir et l'opposition. Dimanche, à Moursal, quartier du sud de N'Djamena réputé plutôt hostile à M. Déby, assez peu d'électeurs attendaient devant les bureaux, ont constaté les médias. Le vote s'est déroulé dans le calme à N'Djamena et dans le reste du pays, à l'exception d'une urne brûlée dans un arrondissement de la capitale par un groupe d'individus, a rapporté la présidente du bureau de vote. Le maréchal Déby a fait largement campagne sur la "paix et la sécurité" dont il dit être l'artisan, dans son pays, mais aussi dans une région tourmentée: le Tchad, enclavé entre la Libye, le Soudan et la Centrafrique entre autres, est un contributeur de poids au combat contre les jihadistes au Sahel, en projetant des troupes aguerries jusqu'au Mali et parfois au Nigeria. Mais le bilan économique est peu reluisant. Le Tchad est classé au 187e rang sur 189 selon l'Indice de Développement Humain du programme de l'ONU en 2020. En 2018, 42% de la population vivaient sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale. Seuls six candidats ont effectivement défié le président Déby, après l'invalidation par la Cour suprême de 7 des 16 candidatures déposées, puis le retrait de trois prétendants enregistrés.