La place du 1er-Novembre d'Oran, lieu de départ de toutes les marches depuis février 2019, était, hier après-midi, ceinturée par un impressionnant dispositif des forces de l'ordre. Dès 14h, des dizaines de policiers en uniforme ou en civil, des fourgons et des voitures ont été disposés de manière à bloquer toutes les issues menant vers le centre-ville. En arrivant sur les lieux, Amari Ayoub, un des porte-drapeaux du Hirak oranais, s'est vu confisquer les emblèmes qu'il avait l'habitude de promener dans les marches depuis février 2019. "Je ne comprends pas cette logique. Ce sont des drapeaux algériens, pourquoi me les prendre ?", s'est-il insurgé au milieu de la foule qui, malgré la présence policière dissuasive, grossissait à vue d'œil. Les pancartes brandies par les manifestants dénonçaient les élections de juin 2021, exigeaient la libération des détenus d'opinion et l'instauration d'un Etat démocratique. Les slogans scandés fustigeaient les forces de l'ordre qui "violaient le droit de manifester pacifiquement" et le pouvoir qui ne reculait devant rien pour se maintenir en place. "Ils ont sans doute peur d'une possible jonction du Hirak avec les mouvements de contestation sociale qui secouent Oran depuis la semaine passée", a analysé un manifestant en faisant allusion à la grève observée par une grande partie des travailleurs de l'éducation. A partir de 15h, et durant un peu plus d'une heure, les manifestants ont tenté de briser l'encerclement policier mais en vain, la police ayant réussi à bloquer toutes les issues sans recourir à la violence. Résultat, les manifestants ont été cantonnés à la place d'Armes et une dizaine de hirakistes ont été interpellés. "C'est probablement l'approche des législatives qui explique cette nouvelle interdiction. Rappelez-vous l'élection présidentielle de 2020, à mesure que le scrutin approchait, la répression augmentait. Il faudra sans doute s'attendre à des lendemains difficiles", a tenté d'expliquer un manifestant. Hier, la marche n'a finalement pas eu lieu au grand dam de tous ceux qui continuent de croire en l'avènement d'une nouvelle République. "Nous réussirons la prochaine fois. La dynamique est toujours là, les hirakistes ont foi dans leur combat et ni les interdictions ni la répression ne les empêcheront de poursuivre leur lutte", a assuré un hirakiste, alors que de nombreux manifestants commençaient à quitter la place du 1er-Novembre. Rendez-vous est ainsi pris pour le vendredi 30 avril.