Les professionnels de la pêche attribuent cette flambée des prix à la rareté de ces clupéidés et autres poissons blancs, provoquée par les pratiques de pêche sauvage, comme la pêche à la dynamite ou encore au moyen de filets non réglementaires. Contrairement à ce que l'on pourrait s'imaginer, à Annaba, ville côtière aux traditions de pêche bien ancrées, ne mange pas le poisson qui veut. Le produit de la mer y est, en effet, devenu si cher que très peu de gens se hasardent du côté de la pêcherie du marché central ou au niveau des petits ports de pêche de la Caroube et de Sidi Salem, lieux, où d'habitude, les ménagères s'approvisionnent en poisson pas cher. La sardine, qualifiée à tort de poisson du pauvre, mais dont le prix est monté jusqu'à 700 DA, est venu allonger la déjà très longue liste des produits alimentaires que le commun des Algériens n'osent même plus regarder à l'étal. Les poissons dits bleus, comme l'allache et la bogue que les mères de famille d'ici préparaient à toutes les sauces, frits ou en boulettes, se vendent ces derniers temps à 500, voire à 600 DA le kilo, alors qu'il faut avoir un portefeuille bien garni pour se permettre du rouget, du merlan, de l'espadon ou encore de la daurade, qui sont affichés à plus de 2000 DA. Les professionnels de la pêche attribuent cette flambée des prix à la rareté de ces clupéidés et autres poissons blancs, qui ne se hasarderaient plus en banc important à hauteur de nos côtes depuis plus d'une décennie à cause des pratiques de pêche sauvage, comme la pêche à la dynamite ou encore au moyen de filets non réglementaires. Deux moyens prohibés dans l'exercice de ce métier qui ont eu des conséquences désastreuses sur la faune et la flore marine, que ne peuvent que déplorer les petits marins pêcheurs, en les dénonçant. Les responsables du secteur de la pêche ambitionnent pour leur part de réaliser au plus vite le programme de la tutelle afin d'atteindre des objectifs de production raisonnables. La production moyenne de l'ordre d'un peu plus de 10 000 tonnes qui est réalisée par quatre grands armateurs établis entre Annaba et Chetaïbi pourrait être, en effet, augmentée, de l'avis de ces derniers, à 12 000, voire 15 000 t/an, toutes espèces confondues, pour peu que les hommes de la mer soit dotés de moyens adéquats, comme annoncé récemment par le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Sid Ahmed Ferroukhi. La production se heurte, il est vrai, à la contrainte du relief sous-marin, très accidenté, de la zone de pêche allant d'El-Kala à Jijel pour ne citer que celle-là, d'où la nécessité, explique-t-on, de disposer d'un matériel conséquent pour en tirer un produit suffisamment abondant pour satisfaire la population. "Le plateau continental, étroit, ne présente pas les conditions requises pour le chalutage", regrettent nos interlocuteurs. Et d'affirmer que seule l'introduction de nouvelles techniques de pêche et surtout le renforcement de la flottille permettront une augmentation substantielle de la production. Selon les chiffres communiqués par l'antenne locale de la Société de gestion des ports de pêche SGPP, la flottille de Annaba se composerait de 642 embarcations de pêche de gabarits différents. On y recense un thonier, plusieurs petits bateaux de pêche ainsi que 151 sardiniers. Cet ensemble produit, rappelons-le, approximativement 10 000 tonnes de poissons de différentes espèces, dont le poisson bleu qui représente 75% de la prise, le reste se composant d'espèces de poisson bleu, blanc, crustacés et mollusques. En matière de ressources humaines, on indique que cette flottille est exploitée par plus de 5 700 marins pêcheurs, avec une augmentation annuelle entre 200 et 250 marins pêcheurs.