Selon les dernières données de l'Organisation internationale du travail (BIT), l'économie informelle joue un rôle significatif dans la création de richesse et de l'emploi au sein des pays de la région de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient (Mena), où elle représente plus de 50% de l'emploi total non agricole. "L'économie informelle et les inégalités de genre", tel est le thème central du colloque international virtuel organisé, lundi 14 juin, par la Faculté des sciences économiques, commerciales et de gestion de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa, en collaboration avec le Laboratoire économie et développement (LED) et avec le concours de l'Association tiers-monde (ATM). Plusieurs chercheurs-universitaires et experts en économie sont intervenus en vidéoconférence depuis leurs universités, notamment en France, en Tunisie, en Turquie, en Ukraine, mais aussi d'autres régions d'Algérie. Dans son allocution d'ouverture des travaux de ce webinaire, la présidente du comité d'organisation du colloque, le Dr Hassiba Gherbi, a noté que "l'économie informelle correspond à l'emploi informel au sein du secteur informel, du secteur formel et des ménages qui ne bénéficient pas d'une protection sociale", ajoutant que, "selon les dernières données de l'Organisation internationale du travail (BIT), l'économie informelle joue un rôle significatif dans la création de richesse et de l'emploi au sein des pays de la région de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient (Mena), où elle représente plus de 50% de l'emploi total non agricole". L'intervenante a expliqué, en outre, que l'économie informelle exerce un "impact négatif", au regard du faible niveau de productivité et de la forte précarité des emplois créés, ainsi qu'un substantiel manque à gagner fiscal et une dualité dans l'environnement des affaires, mettant en péril le cadre réglementaire. "L'économie informelle génère cependant des emplois et des revenus, jouant ainsi un rôle de soupape de sûreté vis-à-vis des segments les moins protégés de la population", a-t-elle encore soutenu, avant d'ajouter que "les femmes en Afrique du Nord constituent en moyenne moins du quart de la population active urbaine, ce qui correspond à l'un des taux les plus faibles au monde, selon la Banque mondiale (2018). En dépit d'un taux d'activité bien inférieur à celui des hommes, les femmes participent aux activités informelles au moins autant que les hommes (OIT, 2012)". En Algérie, le taux de l'emploi informel féminin est estimé à 24% dans le secteur privé et est plus élevé que celui des hommes, alors qu'en Egypte comme en Tunisie, plus d'un quart des femmes occupées exercent dans l'informel, a fait savoir le Dr Gherbi de l'université de Béjaïa. Abordant le thème "Commerce informel de l'or dans le sud-est de la ville d'Alger", la sociologue Razika Medjoub, maître de recherche au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread), a présenté une communication sur l'un des plus importants espaces marchands informels de la capitale (Alger), connu sous le nom de "Dlala", situé au quartier populaire de Bachdjerrah. "L'ouverture économique de l'Algérie et sa perméabilité à l'économie mondiale ont ouvert des opportunités d'intégration économique aux populations ayant pâti de l'absence d'une réelle politique économique. Ces pratiques informelles redéfinissent le travail comme une valeur sociale qui repose moins sur la création de la valeur ajoutée pour l'économie algérienne, mais plutôt sur des pratiques rentières motivées par le gain facile et la rotation rapide du capital, en passant ainsi de l'Etat rentier aux populations rentières. Tel est le cas de Dlala de l'or de Bachdjerrah", a-t-elle noté dans sa communication. Selon la conférencière, "l'encastrement" du marché informel de l'or de Bachdjerrah dans les relations communautaires, fondées essentiellement sur l'appartenance à "el-houma" et les relations primaires, et son fonctionnement aux normes de cette communauté locale, "illustrent le gouffre existant entre l'Etat et les communautés qui exercent dans le secteur informel et confirment l'impossibilité de la construction de la citoyenneté". Par ailleurs, il convient de signaler que les différents participants à ce colloque ont abordé plusieurs autres axes thématiques, tels que "Les effets des chocs pétroliers sur l'étendue de l'économie informelle en Algérie", "L'emploi informel salarié des femmes et les différentiels de revenu hommes/femmes : quelles variations sectorielles ?", "L'entrepreneuriat informel et le genre : dans quelle mesure les aspirations vs les contraintes diffèrent-elles ?", "Comment assurer la transition de l'informel vers l'économie formelle"... KAMAL OUHNIA