Cela fait quelques jours, la direction de l'unité ORL du CHU Sâadna-Abdennour de Sétif a été destinataire d'une correspondance qui a paru étrange aux patients et à leurs parents. En effet, la missive dont nous détenons une copie a été adressée au médecin-chef d'ophtalmologie qui a été installé il y a moins de six mois à la tête dudit service. Elle indique noir sur blanc qu'en application de la circulaire ministérielle n°7 en date du 22 novembre 2005, dans son alinéa dispensation ambulatoire et concernant le produit Ranibuzumab 10 mg/ml, un traitement curatif, voire une injection administrée aux patients souffrant d'une œdème maculaire diabétique qui reste la première cause de malvoyance et la première cause de cécité chez les sujets diabétiques de moins de 60 ans, l'organisation des soins doit être revue. En effet, selon des patients et leurs parents, l'injection de Ranibuzumab, qui permet de minimiser la perte d'acuité visuelle qui survient brutalement, ne sera plus disponible pour tous les malades qui se présenteront au service d'ophtalmologie de Sétif, notamment ceux qui viennent des autres wilayas. "Ce traitement curatif est une urgence. L'injection devra être administrée régulièrement afin d'éviter les complications oculaires qui peuvent aboutir à une diminution irréversible de la vision", a soutenu un parent d'un malade. Par ailleurs, on a appris que ladite injection est indiquée aussi dans le traitement du scotome qui touche aussi les jeunes. Durant la semaine en cours, deux patients sexagénaires souffrant d'une rétinopathie diabétique, voire d'un œdème maculaire diabétique, ont été renvoyés dans le cadre de l'application du contenu de ladite correspondance. Il s'agit d'un patient résident à El-Eulma qui a l'habitude de se soigner au niveau dudit service et qui n'a pas pu présenter un certificat pour justifier le lieu de résidence, et un autre patient, un ressortissant étranger installé à Sétif. Selon des ophtalmologues, l'interruption du traitement peut avoir des conséquences graves, voire une cécité. Dans la correspondance de la sous-direction de la pharmacie dont une copie a été aussi adressée au nouveau directeur général du CHU, il est mentionné que la dépense relative à l'acquisition du Ranibizumab 10 mg/ml qui est passée de 593 injections en 2020 à 636 durant les cinq premiers mois de l'année en cours pèse lourdement sur le budget de l'établissement. La correspondance indique aussi qu'il faut orienter les patients vers l'EPH (établissement public hospitalier) appelé communément hôpital du chef-lieu de la wilaya de résidence du patient pour acquisition du produit. Cependant, l'acte médical doit être maintenu au service d'ophtalmologie du CHU de Sétif. "Je ne comprends pas cette organisation. Moi, je suis un patient qui cherche à être soigné. Je ne suis pas censé me déplacer entre les différentes structures pour aller chercher l'injection dans un endroit, la seringue dans un autre et venir au service d'ophtalmologie pour l'administration de l'injection", s'est plaint un des patients qui se voit lésé. Il est à noter que le traitement qui est abandonné sous d'autres cieux à cause des nouvelles alternatives donne jusqu'à présent satisfaction. En effet, la dernière avancée scientifique, à savoir l'implant corticostéroïdien Ozurdex, est administrée en moyenne tous les 4 ou 5 mois au lieu d'une injection dans l'œil tous les mois.