Cette position de la populatioon européenne n'est pas seulement motivée par l'attitude américaine vis-à-vis de l'Europe, mais aussi par les interventions de l'Organisation considérées parfois sans motif. Le Centre américain de recherche "Pew Research" a démontré, dans un nouveau sondage publié au mois de juin courant, qu'il y a désormais "une adhésion décroissante des populations de l'Union européenne (UE) aux idées de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord(Otan)". "On constate une dégringolade de 20% d'opinions favorables en France de 71 à 51% et de 14% en Allemagne de 73 à 59%", révèle le sondage, soulignant que "le désintérêt des populations occidentales à l'égard de l'Otan a débuté depuis 2009". Pour le général, François Chauvancy, ancien général de brigade de l'armée de terre en France, cette décroissance d'adhésion trouve son explication dans le contexte des différends entre l'UE et les Etats-Unis. "Il faudrait le voir dans le contexte des différends de l'Europe avec Donald Trump", a-t-il souligné dans une interview accordée à un média français. "Un sondage, c'est un instantané d'une opinion qui dépend du contexte. Aujourd'hui, l'Europe a subi la position américaine erratique de Donald Trump qui a beaucoup inquiété les Européens. La question va se reposer avec Joe Biden, qui a pris, semble-t-il, une autre direction. On verra dans un an ce que dit le sondage", a souligné M. Chauvancy. Selon le général français, l'impopularité de l'Otan auprès des populations occidentales s'explique aussi par les motifs des interventions de l'Otan, notant toutefois qu'"il faut dissocier la question des politiques d'un côté et l'opinion publique de l'autre". Il a noté, à ce sujet, que les partis de la droite qui gouvernent ces dernières années dans les pays occidentaux cherchent rarement à déclarer les guerres pour des motifs humanitaires ou des droits de l'Homme comme le faisaient par le passé des partis de la gauche. "Les interventions sous prétexte de protéger les populations, c'est un produit qui a été très bien vendu, qui plaît aux opinions publiques et la gauche y est très sensible. La gauche parle souvent de défendre les droits de l'Homme, ce sont les premiers à déclarer une guerre à un pays, ce qui n'est pas forcément le cas de la droite. La droite déclare rarement la guerre", argue le Général. Abordant le cas de la Grèce où l'impopularité de l'Alliance est la plus visible avec 57% d'opinions défavorables, le général a souligné que cette tendance n'est pas nouvelle chez les Grecs, tant que ces derniers ont toujours un "ennemi" au sein de l'OTAN, à savoir la Turquie. "Ce n'est pas nouveau, c'est depuis le début. La Grèce a un ennemi très clair, c'est la Turquie. Cet antagonisme est persistant. La Turquie est relativement proche des Américains qui la ménagent malgré les griefs. Peut-on faire confiance aux Américains pour trouver une solution entre Grecs et Turcs alors qu'ils privilégient les Turcs?", doute François Chauvancy.
