La mainmise sur les rues d'Oran par ce qu'on appelle désormais des parkingueurs a toujours été dénoncée par les automobilistes, mais leurs plaintes n'ont jamais eu d'écho auprès des autorités compétentes. Depuis le 29 juillet dernier, le stationnement au parking dit des Falaises, situé sur le boulevard 19-Mars, à quelques mètres du pont Zabana, est devenu gratuit. Le mérite en revient à la délégation communale El-Emir qui a mobilisé la force publique pour l'arracher aux gardiens autoproclamés et qui se l'étaient appropriés depuis des années, soumettant les automobilistes à la dîme. Sur sa page Facebook, la délégation communale, qui a publié des photos de la pose de plaques signalétiques confirmant la gratuité, a annoncé que la récupération du parking constitue le début d'une opération qui va toucher l'ensemble des aires de stationnements payantes situées sur son territoire de compétence, soit une partie du centre-ville d'Oran. La mainmise sur les rues d'Oran par ce qu'on appelle désormais des parkingueurs a toujours été dénoncée par les automobilistes, mais leurs plaintes n'ont jamais eu d'écho auprès des autorités compétentes. Par l'intimidation ou la violence physique à laquelle les gardiens n'hésitent pas à recourir, les usagers sont toujours contraints de s'acquitter d'un droit de stationnement imaginaire qui va de 20 à 100 DA selon les lieux. Et même lorsque la situation a engendré des incidents violents, voire mortels (que cela soit entre des automobilistes et des parkingueurs, ou entre des gardiens autoproclamés), l'indu-gardiennage n'a jamais été réellement inquiété. Des affaires ont même terminé devant les tribunaux avec des condamnations à la prison pour violences aggravées, mais le phénomène demeure et des légions de parkingueurs continuent de racketter les automobilistes. Aujourd'hui, à Oran, il est quasiment impossible de trouver une rue, une aire de stationnement qui ne soit pas gardée par un jeune ou moins jeune, gilet fluorescent sur le dos : "Ce n'est pas une situation normale. Les rues sont gratuites, pourquoi payer pour un gardiennage que personne n'a demandé ? Les autorités doivent agir pour mettre un terme à cette hogra", continuent de s'indigner les Oranais alors que les parkingueurs ont franchi un cap en marquant leurs territoires par la pose de cône de signalisation, des chaises ou des bacs à ordures au su et au vu de tout le monde. Certains parkingueurs justifient leur comportement par le chômage et la nécessité de subvenir aux besoins de leurs familles : "Je préfère ça à l'agression ou le vol. Et puis, je suis ici depuis plus de 10 années et les autorités ont promis de nous régulariser", explique un gardien du centre-ville. S'ils sont sensibles à l'argument humanitaire, les automobilistes refusent d'être solidaires sous la contrainte : "Il y a un homme âgé qui garde les voitures près d'un café du côté de la Pépinière (est d'Oran) qui aide au stationnement, mais ne demande jamais à être payer. C'est l'automobiliste qui décide. Mais la plupart des gardiens autoproclamés s'avancent dès que tu te glisses derrière le volant et ça, c'est du racket", s'indigne un des milliers d'automobilistes qui doivent affronter tous les jours les parkingueurs. En tout état de cause, l'initiative de la délégation communale El-Emir a permis de montrer qu'il était possible de mettre fin à une situation illégale. Il reste à savoir si elle va élargir son action et si les autres délégations communales suivront. S. Ould Ali