De la perte d'un être cher à l'amour, en passant par les haragas qui périssent en mer, les maux de tous les jours et de toute une vie marquent de leur empreinte chaque mot transcrit par l'auteur, qui rend par ailleurs hommage au regretté Idir, disparu durant l'écriture de ce recueil. Le poète Mack Nat Frawsen publie son neuvième recueil à compte d'auteur intitulé Eclats de vers poétiques. Les thèmes de ses vers sont toujours inspirés de la réalité (amère) que vit notre monde, particulièrement en ces temps incertains. De la perte d'un être cher à l'amour, en passant par les haragas qui périssent en mer, les maux de tous les jours et de toute une vie marquent de leur empreinte chaque mot transcrit par ce natif des montagnes de Kabylie. Sa terre justement, il lui rend hommage à chaque publication. Loin d'elle à Paris, les souvenirs et le temps qui passe charrient pour le poète une avalanche d'émotions, de regrets peut-être. "Mon âme fait corps avec les racines de ta terre (...) Mes pas avancent puis reculent/Lorsqu'ils foulent/Cette terre qui brûle/Et ce ciel qui tremble/Mon cœur palpite et hésite/Mais saigne d'espoir/De revoir les sentiers de mon enfance", écrit-il dans Les Sentiers de mon enfance. Comme beaucoup d'émigrés et d'expatriés qui n'ont pu rejoindre leurs familles et les êtres chers pendant le confinement, le poète exprime cette frustration et les lourdes conséquences psychologiques dans nombre de passages. Ni la Ville Lumière, ni ses boulevards, ni ses terrasses enjouées n'ont pu atténuer un tant soit peu les ravages du chaos ambiant : "Confiné loin du monde/Seul avec la solitude/Face à mes doutes/Ou à mes certitudes/Je reste fidèle/Aux rêves des étoiles/Devant la feuille blanche/Ma plume crépite et hésite." Dans Confinement vôtre, il interpelle aussi le lecteur sur les ravages écologiques que l'Homme provoque, parfois sans s'en apercevoir. La nature a en effet repris ses droits pendant le confinement de 2020 et, aux yeux du poète, sa magnificence ne peut être que doublement célébrée. "Villes vides/Désert aride/Soleil rouge/Peaux blanches/Brûlent en silence/Entre quatre murs/Et Dame Nature/Souffle et enfin respire." Un autre drame, celui des harragas ou migrants clandestins, occupe les pensées de Nat Frawsen. Il lui consacre les toutes premières pages de son recueil, sous le titre Lampedusa, en référence à l'île italienne par laquelle des embarcations entières, de jeunes et de familles désemparés, arrivent du Maghreb. "Quand l'Occident vendait la romance/Et faisait miroiter son eldorado à distance/À cette jeunesse, pauvres diables !/Te voilà aujourd'hui malheureuse/À accueillir la misère dans ses cercueils/Ô Lampedusa !/Tu deviens le port d'attache/Et le phare obscur/De ces radeaux que la mer crache." La disparition du chanteur Idir, survenue en pleine écriture du recueil, inspire à Nat Frawsen dans La Dernière Séance ces vers suppliciés qui signent la fin d'une légende et d'une époque. "Idir/Ou ce prénom à l'espoir de vivre/Et l'artiste au doux sourire/Tu viens de quitter la scène/Et de poser ta guitare altière et souveraine/Nos cœurs en peine/Palpitent et saignent." Ingénieur de formation, consultant en chef de projets depuis près de vingt ans, Mack Nat Frawsen a publié huit recueils de poésie et deux romans : Le Voyage avec Elise paru chez Bookédition en 2017 et Lettres aux absences en 2020.