Après son match nul face au Burkina, les Verts préservent toutefois la tête du classement du groupe A grâce à la différence de buts. Il avait illustré et magnifié, de manière absolue, la personnalisation du triomphe à la Coupe d'Afrique des nations 2019, au Caire. Depuis mardi soir, il paraît désormais clair que Djamel Belmadi aura bien du mal à éviter la personnalisation de ce coup de mou de l'EN, tenue en échec d'une bien inquiétante façon par le Burkina Faso, mardi soir à Marrakech. Vu de loin, avec son plus large succès de l'histoire (8-0) face à Djibouti puis un nul (1-1) "à l'extérieur" face au plus sérieux rival de cette poule A, le bilan de la sélection nationale dans ces éliminatoires de la Coupe du monde FIFA Qatar 2022 après deux journées est forcément positif. Faire le plein de buts pour faire face au petit poucet du groupe, en perspective du goal-average final, puis tenir en respect l'outsider "chez lui", au Maroc, ont de quoi laisser doublement optimistes les Verts, quant à terminer en tête de cette poule et se qualifier au tour décisif, celui des barrages face à un top-10 du continent. Or, c'est justement le fait d'être accroché par le plus sérieux rival qu'est le Burkina Faso qui interpelle. Notamment après cette seconde mi-temps incroyable d'absence et de défaillances individuelles et collective des coéquipiers de Riyad Mahrez. Nous serions tentés de dire que si la tête à bout portant de Bensebaïni et la tentative de près de Slimani n'avaient pas trouvé un impérial Kouakou Koffi sur leur trajectoire, nous n'en serions pas là à évoquer ce temps faible de l'EN tout au long d'une seconde période qu'elle a traversé comme un fantôme. Pour ne pas avoir été "assez tueurs" (dixit Belmadi) lorsque les opportunités s'étaient présentées en première période, les Verts se sont mis en danger en seconde mi-temps. Et si le Burkina Faso ne donnait pas l'impression de pouvoir en profiter lorsque le vent avait définitivement tourné en sa faveur après la pause, il n'en sera probablement pas le (même) cas face à un adversaire plus aguerri, plus armé offensivement et plus expérimenté, comme le sont le Cameroun, la Côte d'Ivoire, l'Egypte ou encore le Ghana, possibles adversaires lors des barrages. Mahrez, comme un fantôme Et c'est là que la responsabilité du driver national paraît engagée. Djamel Belmadi reconnaissait, d'ailleurs, dans son intervention médiatique d'après-match, mise en ligne par la FAF, que "Ramiz Zerrouki prend de plus en plus de poids dans cette équipe", tout en relativisant les prestations en demi-teinte de Bennacer et de Feghouli par rapport à leur petite forme physique du moment. Il n'a, cependant, pas émis la moindre syllabe à propos de Mahrez, qui n'a jamais évolué mardi à son niveau et qui n'aurait (également) jamais dû terminer le match. Le lancement tardif de l'intenable Benrahma ainsi que le maintien d'un Zeffane toujours aussi limité dans le jeu ont, à n'en pas douter, plombé les chances des Verts de faire mieux. "La frustration permet de se remettre en question, de se préparer. C'est une qualification à la Coupe du monde. Ils se trompent ceux qui pensaient qu'on allait dérouler", argumentait Belmadi, comme pour éviter toute dramatisation de ce coup d'arrêt. Le fait d'évoquer, encore une fois, l'arbitre qui "venait dans le vestiaire pour nous perturber et nous faire des remarques sur les chaussettes qui auraient été mal mises, juste pour (nous) énerver", dessert, toutefois, énormément le discours du driver national qui aurait dû, justement, préparer psychologiquement ses éléments à de telles pratiques. Parce que "c'est une qualification à la Coupe du monde", comme il l'avait si bien précisé. Bien que soit (très) loin de nous l'idée de décrédibiliser les arguments avancés par l'architecte de cette historique série de 29 matchs sans défaite, étant donné qu'il a (aussi) le droit d'échouer après avoir tant gagné et triomphé, il nous semblait, pour autant, nécessaire de rappeler combien tout évolue rapidement dans le football, aussi bien dans le bon que dans le mauvais sens. Et s'il ne fait désormais aucun doute que la première place se jouera à Tchaker, entre le 14 et le 16 novembre prochain, vu que l'Algérie et le Burkina Faso ne devraient laisser aucune miette, respectivement au Niger et à Djibouti, lors de leurs deux double-confrontations en octobre (10-12) et novembre (11-13), il est encore temps de trouver une explication à cette incompréhensible seconde période à Marrakech, sûrement la moins aboutie de toute l'ère Belmadi. De ces réponses jailliront la vigilance et les nouvelles certitudes qui devront accompagner les Verts en barrages, où l'adversité sera tout autre et la moindre erreur plus coûteuse.