À Sétif comme dans d'autres villes du pays et contrairement à ce qui se passe sous d'autres cieux, le métier de concierge a disparu depuis des lustres. Les immeubles manquent de gérants, de concierges et même de femmes de ménage. Les bâtiments à usage d'habitation et qui abritent souvent des cabinets et des bureaux de professions libérales sont dans un état de délabrement avancé. Cet état de fait est constaté par tout un chacun. "La cession des biens de l'Etat dans les années 1980 a, au grand dam des habitants des cités, laissé tomber ces métiers pour laisser place à l'improvisation dans la gestion des bâtiments", nous dira Badreddine, un habitant de la cité Beggag, appelée communément cité 400-Logements (Bizar), qui se rappelle que le gérant de la cité, qui avait un logement au niveau de ladite cité, veillait au grain à l'entretien des différentes parties communes et coordonnait le travail des concierges et des femmes de ménage. "Je me souviens comme si cela datait d'hier de Ammi Bourahla, au milieu des années 1980, quand il assurait la coordination entre les différents intervenants au niveau de la cité et veillait même à la distribution du courrier dans un bureau ouvert dans un vide sanitaire de la cité. Il connaissait les habitants un à un", nous dira Abdelkader, un ancien habitant de la cité 20-Août-1955/56 (1 000 logements). Payés par les offices de promotion et de gestion immobilière, gérants, concierges et femmes de ménage au niveau des cités étaient considérés comme les dépanneurs et les garants de la sécurité et de l'hygiène au niveau des cités. Pour certains, ils étaient des voisins qui veillaient au bien-être de leurs colocataires. Ce métier a ensuite disparu à jamais. Cependant, cela fait quelques années, la réalisation de logements promotionnels a encouragé la résurrection du métier de concierge sous une autre appellation, à savoir le syndic, mais avec moins d'efficacité. Hormis une ou deux cités, où l'expérience a été une grande réussite, mais qui coûte les yeux de la tête aux colocataires, la conciergerie reste une demande des propriétaires de logements dans les cités promotionnelles. "Je connais un ami qui a refusé d'acheter un logement, parce qu'il a appris qu'il n'y avait pas de femme de ménage et de concierge", raconte Salim, un sexagénaire. Au niveau des logements érigés dans le cadre des formules logement social participatif (LSP), logement promotionnel aidé (LPA) ou logement public locatif (LPL) et des anciennes cités dont les logements ont été vendus aux locataires, les parties communes tombent dans la décrépitude. "Il y a quelques années nous nous sommes entendus pour réhabiliter notre bâtiment et, du coup, tenter de ressusciter cette fonction en recrutant une femme de ménage que nous payons au mois. Cependant, au bout du troisième mois, elle a abandonné parce que la plupart des colocataires ont refusé de la payer. Cette formule n'a pas réussi. Au niveau du bâtiment, nous n'avons pas d'éclairage public parce que les services de la concession de l'électricité et du gaz refusent d'installer un compteur au nom de tous les locataires. Il faut revoir la façon de gérer les cités dont les logements ont été cédés", nous dira Abderezzak, un habitant de la cité Mekarni (1 014 logements). Il est à noter aussi que la formule adoptée au niveau des cités AADL n'est pas toujours une réussite. "L'idée de prévoir une société pour la gestion des cités AADL est bonne, cependant elle doit faire l'objet d'un suivi rigoureux de la part des responsables. Chaque mois, nous payons rubis sur l'ongle les frais de gestion. Cependant, les services ne sont pas toujours à la hauteur", nous dira Salim, un habitant de la cité AADL de Sétif. Et d'ajouter : "Je ne suis pas contre le fait que la gestion des parties soit accordée à l'agence AADL, mais on est contre le paiement pour des services qui n'existent pas."