Partout au niveau des différentes villes et régions, certaines femmes ont fait le choix de dédier leur vie aux opérations de bienfaisance. C'est le cas d'Aïcha Tabti, une employée du CHU Sâadna-Abdennour de Sétif qui, souvent, passe inaperçue parmi ses collègues. C'est l'un de ses collègues qui nous a parlé d'elle et surtout de sa bienveillance. Âgée de 54 ans, mère de quatre enfants, dont trois garçons et une fille, grand-mère plusieurs fois, Mme Zighem est l'exemple de la femme altruiste qui considère les cancéreux du service de pédiatrie comme ses enfants. Nous nous sommes rapprochés d'elle. Nous l'avons rencontrée, et après plusieurs tentatives elle a accepté que nous mettions la lumière sur l'important travail de bienfaisance qu'elle mène depuis plus de deux décades. Elle nous a ouvert son cœur, comme elle l'a ouvert depuis des années aux enfants nécessiteux qui ont besoin d'aide pour assurer les soins souvent coûteux. Nous lui avons demandé comment elle a eu l'idée d'entreprendre ces actions dont plusieurs de ses collègues et de ses proches ne savent rien. Elle nous a répondu : "Mon fils, actuellement âgé de 26 ans, souffrait d'une cardiopathie congénitale. J'ai vu comment les gens souffraient pour se procurer des médicaments et surtout les difficultés et les contraintes qu'ils rencontraient pour se déplacer de Sétif à Alger et comment payer certains examens très chers dont les analyses médicales, les TDM (scanner) et parfois l'IRM (imagerie par résonance magnétique) ou le Petscan (examen complémentaire à la radiographie, à l'échographie, à l'IRM, au scanner), qui sont des techniques d'imagerie anatomique. Actuellement mon fils a un master 2 en droit. Il a été sauvé parce que, Dieu merci, j'avais les moyens. Cette expérience ma ouvert grands les yeux pour voir les patients qui ont besoin d'aide", nous dira Mme Aïcha, comme aiment la nommer ses collègues. Elle nous a confié que porter aide aux patients qui ont son numéro de téléphone et qui l'appellent à n'importe quel moment de la journée fait partie de son quotidien. Elle nous dira que la plus perdue de toutes les journées est celle où elle ne porte pas aide et assistance à un patient. "Ici, tous les cancéreux me connaissent. Avant de venir pour des soins au niveau de l'unité d'oncologie du pôle pédiatrique, ils m'appellent et m'informent s'ils ont besoin de quelque chose. Je leur prépare des gâteaux. À chaque fois qu'ils ont un souci, ils m'appellent. Je les connais et je connais leur situation sociale et financière, et je me débrouille pour les aider. Ma mère, mes sœurs, ainsi que plusieurs autres membres de ma famille sont aisés et me font confiance pour me confier cette tâche On paye souvent les différents examens de cette caisse noire qui, on ne sait par quel miracle, ne se vide jamais", se réjouit Aïcha. Habitant près du pôle pédiatrique, sa maison est un prolongement du service. Même son époux, M. Zighem, ses enfants et ses belles-filles mettent la main à la pâte. C'est comme une fondation qui fonctionne depuis plusieurs années. "Il m'arrive que des parents de malades m'appellent la nuit pour leur procurer un médicament, des vêtements ou autre chose qui leur manque. Je contacte tout de suite mes connaissances, car je ne peux pas dormir si je ne le fais pas", dira la femme affable qui gère plusieurs millions par mois pour le paiement des examens et des analyses, dont l'immunophénotypage et l'anapath. Au rythme des pénuries au niveau de l'hôpital, l'intervention de l'aimable "Khalti Aïcha" est inévitable et salutaire. Venir en aide aux enfants cancéreux fait partie du quotidien de Mme Aïcha, qui connaît parfaitement le profil socio-économique des patients et de leurs parents. Faisant partie du décor du service, elle est aussi toujours souriante et pleine de charges positives. Elle pense même à la scolarité des enfants hospitalisés. En nous parlant, elle se rappelle qu'il manque quelques trousseaux scolaires pour des enfants hospitalisés qu'elle a commandés et que le fournisseur n'avait pas assuré la livraison à temps.
