La dernière soirée de cette 6e édition a été marquée par la projection de "Hamada" du réalisateur Eloy Domínguez Serén. Sorti en 2018, ce long-métrage de 90 minutes tourné dans les camps de réfugiés de Tindouf, revient sur le quotidien de jeunes Sahraouis. Après une semaine intense et riche en émotion, les 6es journées du film européen ont été clôturées jeudi, à la Cinémathèque d'Alger. Et pour cette dernière soirée, le film projeté a été proposé par l'UNHCR (Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés), en partenariat avec la délégation de l'Union européenne en Algérie, organisatrice de cette manifestation cinématographique. Avant la projection, Stéphane Mechati, ministre conseiller à l'UE, a tenu à indiquer dans son allocution de clôture : "C'est un moment rare de se retrouver enfin après cette épreuve qui a ruiné nos vies personnelles et parfois la santé de nos proches. Je suis heureux que vous soyez venus nombreux, c'est encourageant !". À ce propos, il a informé que "cela va motiver davantage l'Union européenne et ses partenaires pour continuer à organiser des évènements, qui j'espère conviendront ; feront réfléchir et créeront de l'émotion". Tout en concluant son discours en rendant hommage à la "belle" salle de la Cinémathèque, et espère ainsi qu'elle devienne le lieu incontournable, des prochaines éditions du Film européen. Après le discours officiel, place au cinéma ! "Hamada" (plateau rocailleux et désertique en arabe), est un documentaire humaniste réalisé par l'espagnol Eloy Domínguez Serén. Sorti en 2018, ce long-métrage de 90 minutes tourné dans les camps de réfugiés de Tindouf, revient sur le quotidien de jeunes Sahraouis. Après y avoir vécu plusieurs mois entre 2014 et 2017, en tant qu'enseignant, le cinéaste décide de poser sa caméra face à cette jeunesse désillusionnée, qui attend la tenue d'un référendum pour l'autodétermination promis par le Maroc en 1991. Parmi ces protagonistes, nous découvrons Abdelhamid et Zara, tous deux ont des rêves plein la tête, notamment connaître le monde et s'émanciper. Dans ce no man's land où le temps semble s'être arrêté, Abdelhamid alterne les petits boulots et Zara cherche du travail, en frappant à toutes les portes sans fléchir. En fait, les jours se suivent et se ressemblent, mais cela ne les empêche nullement d'espérer mais surtout de vivre. Et leur fenêtre sur le monde, est la télé pour certains et les smartphones pour d'autres. Outre la condition humaine par laquelle passe les Sahraouis, "Hamada" dépeint la place de la femme, à l'instar de Zara qui tente d'apprendre différents métiers pour trouver du travail, comme mécano ou alors d'apprendre la conduite pour s'"évader" et être libre. En effet, sans tomber dans le misérabilisme, Eloy Domínguez Serén arrive à dresser le portrait de ses protagonistes avec beaucoup de tendresse. Même si l'humour et le sarcasme sont une "arme" de survie pour ces personnages, les gros plans dévoilent la résignation et la frustration dans leurs regards ; des regards qui reflètent de l'émotion dans de nombreux moments de silence, capturés par le cinéaste. Par ailleurs, le quotidien morose filmé avec finesse, est entrecoupé par des plans larges du désert et de ses dunes ; une belle prise d'images d'un désert qui finit par brûler ses habitants... En somme, "Hamada" est une œuvre à découvrir, car elle raconte la condition humaine d'un peuple opprimé, dont sa jeunesse rêve seulement d'autonomie, d'un meilleur avenir, d'amour, de prospérité... À l'issue de la projection, le représentant du HCR en Algérie, Agostino Mulas a annoncé avoir trouvé ce documentaire "intéressant", car il a "montré la résilience, la force et la frustration de la jeunesse sahraoui". Il est, entre autres, revenu dans son intervention sur le travail de l'agence onusienne, qui compte pas moins de 65 millions de réfugiés dans le monde ainsi que sur leur travail en Algérie, notamment leur assistance aux réfugiés sahraouis dans les cinq camps de Tindouf. Pour rappel, cette 6e édition qui s'est déroulée du 4 au 11 novembre, a été ponctuée de 16 films, entre documentaire, fiction et jeunesse, une résidence d'écriture et une série de courts-métrages inscrits sous le thème "Résilience", programmée par les participants de l'atelier "Programmation", dans le cadre du projet "Jil Cilima" (initié par le réseau Eunic, instituts culturels nationaux de l'Union européenne). À noter que d'autres rencontres cinématographiques auront lieu prochainement à la Cinémathèque, à l'instar de la semaine du film norvégien et argentin.