Il a fallu dix-sept minutes entre l'alerte, l'arrivée des plongeurs de la Protection civile et le repêchage des deux corps sans vie des deux frères Rabah, 7 ans et Abbas, 13 ans. L'alerte est donnée. Les confrères des télévisions sont avisés. Les retardataires se dirigent vers la morgue. Ils tombent nez à nez avec le wali. Ils sautent sur l'occasion pour l'interviewer sur le sujet. Ils prennent des plans des scènes macabres des deux petits corps enroulés dans des couvertures. Ils se fixent sur celle montrant le wali en train de consoler les parents des enfants. Le lendemain la cérémonie funéraire a eu lieu au village parental Mliliha. Une forte délégation a été conduite par le wali pour assister à l'enterrement. La famille des deux enfants du collecteur de ferrailles est très pauvre. C'est el Arch des ouled Aïfa qui a l'habitude de venir en solidarité qui a pris la relève de la wilaya dans la prise en charge des frais des funérailles. Chez les ouled Sidi Nail on est profondément croyant d'où la mort est une fatalité et fait partie du destin. On est croyant aussi lorsque quelqu'un meurt noyé, «il ira au paradis». C'est ce qui fait apaiser les oncles et tantes de Rabah et de Abbas, mais pas leur mère et leur père qui en ne cessant de pleurer a fait pleurer tous ceux qui sont venus compatir avec lui. Moi je ne connaissais pas ces enfants et je les pleure. Que dieu les accueille en son vaste paradis.