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La relance de l'UMA- réalités et perspectives
Publié dans La Nouvelle République le 27 - 11 - 2018

Le Maghreb, 99,38 millions d'habitants 375,6 milliards de dollars de PIB en 2017 (moins de 0,5% du PIB mondial) correspond à l'Afrique du Nord-Ouest, délimitée au Nord par la Méditerranée et au Sud par le Sahara. La superficie totale de l'UMA est de 5.8 millions km2 représentant 4,3 % de la superficie mondiale et dépassant de près de 80% la superficie de l'Union européenne, mais dont une grande partie est désertique.
Parmi ces avantages on peut citer : une population jeune éduquée et en pleine expansion, sur un vaste territoire ; une homogénéité culturelle que renforce l'unité linguistique; l'existence d'une élite importante et de qualité; des moyens financiers appréciables - même en situation de crise - qui placent la région en position confortable par rapport aux autres régions en développement; un potentiel énergétique, industriel et agricole prometteur, même s'il est inégalement réparti; la proximité de l'énorme marché européen et africain; la disponibilité de la communauté internationale et spécialement de l'Union européenne et les USA pour soutenir le gouvernement de la région (aides financières, délocalisations industrielles, ouverture des marchés, etc.).
Globalement outre une meilleure gouvernance passant par la démocratisation des sociétés maghrébines, tenant compte de leur anthropologie culturelle, sur le plan économique s'impose une nouvelle culture pour inculquer l'esprit d'entreprise afin d'intégrer la sphère informelle qui occupe plus de 50% de la superficie économique des pays du Maghreb et libérer l'ensemble des énergies créatrices loin des entraves bureaucratiques. Au niveau des pays du Maghreb notamment, cela passe par la coordination des politiques monétaires, commerciales, fiscales, douanières, Il y a lieu d'accorder une attention particulière à l'action éducative car l'homme pensant et créateur devra être à l'avenir le bénéficiaire et l'acteur principal du processus de développement.
C'est pourquoi je préconise la création d'une université maghrébine ainsi qu'un centre culturel de la jeunesse méditerranéenne comme moyen de fécondation réciproque des cultures, et la concrétisation du dialogue soutenu pour éviter les préjugés et les conflits sources de tensions inutiles. Dans ce cadre, l'émigration maghrébine ciment des liens culturels peut être la pierre angulaire de la consolidation de cette coopération. C'est un élément essentiel de ce rapprochement du fait qu'elle recèle d'importantes potentialités humaines, économiques et financières. Elle peut contribuer par des actions concrètes de promouvoir la synergie de systèmes privés, politiques et administratifs, pour développer une approche «coopération» avec l'Europe qui pourrait être mieux perçue par l'interlocuteur maghrébin qu'une approche purement commerciale.
4- Force est de constater que depuis sa création, l'UMA malgré toutes les résolutions évoquées précédemment, et les discours politiques, n'arrive toujours pas à se concrétiser et le bilan est très mitigé.
Si l'on prend l'année 2017, selon les données de la banque mondiale et du FMI nous avons :
- Algérie, un produit intérieur brut (PIB) de 170,4 milliards de dollars pur une population de 41,32 millions d'habitants
- Maroc, un PIB de 109,1 milliards de dollars pour une population de 35,74 millions d'habitants
- Tunisie, un PIB 40,2 milliards de dollars pour une population de 11,53 millions d'habitants
- Libye, un PIB de 50,9 milliards de dollars (baisse importante du fait des conflits internes) pour une population de 6,37 millions d'habitants
- Mauritanie, un PIB de 5,0 milliards de dollars pour une population de 4,42 millions d'habitants.
Ce qui nous donne pour 2017 un total un PIB pour le grand Maghreb de 375,6 milliards de dollars pour une population de 99,38 millions d'habitants. Si l'on soustrait le phosphate marocain et tunisien, le pétrole algérien et libyen le PIB serait inferieur à plus de 70%. A titre de comparaison, la Grèce malgré la crise ayant un PIB de 200,30 milliards de dollars pour une population de 10,77 millions d'habitants et la Belgique pour une population de11,35 millions d'habitants a un PIB de 462,7 milliards de dollars.
Un pays qui a une population supérieur de 20%, estimée en 2017 à 126,8 millions d'habitants, a un PIB de 4872 milliards de dollars soit près de treize (13) fois celui du Maghreb. Cela montre le long chemin qu'ont à parcourir les pays du Maghreb dont les échanges intra-maghrébins ne dépassent pas 3% et surtout sa marginalisation au sein de l'économie mondiale dont le PIB mondial pour 2017 a été de 79865 milliards de dollars pour une population de 7,44 milliards d'habitants.
Le Maghreb en 2017 représente environ 0,5% du PIB mondial. C'est que chaque pays de la région procède dans la gestion de ses relations extérieures avec les divers pays et blocs, en l'absence d'une coordination avec les autres pays de la région. Certains pays du Maghreb tentent d'assurer leurs propres intérêts et réaliser des acquis au détriment des autres pays maghrébins, alors que les autres blocs tels que l'Union européenne négocient en groupe leur partenariat avec ces pays (ceux du Maghreb) séparés.
Cela fait que les rapports deviennent déséquilibrés. Les peuples de la région paient l'incapacité des élites à concevoir un projet commun. Alors que le monde connaît des bouleversements sans précédent depuis la fin de la seconde guerre mondiale (1945), le Maghreb reste aux abonnés absents. Un rapport de la Banque mondiale 2009 souligne que l'intégration maghrébine pourrait permettre une croissance du Maghreb de plus de 3/4% du PIB par an gagnant ainsi plusieurs points qui auront une répercussion positive sur la création d'emplois et donc sur le niveau du taux de chômage. Alors on pourrait imaginer les importantes économies d'échelle, les gains de productivité si l'intégration maghrébine pouvait se réaliser. L'UMA a perdu plus de la moitié de son poids économique dans le monde entre 1980 et 2017, ses exportations qui représentaient environ 2% des exportations mondiales en 1980, contre moins de 0,50% en 2017.
Une étude réalisée par le Secrétariat de l'Union du Maghreb arabe (UMA) montre que la non 'intégration économique dans la région lui fait perdre plusieurs dizaines milliards de dollars US en investissement dont les IDE et un nombre important d'emplois dans une zone constituée de plusieurs millions de chômeurs qui constituent. Uniquement pour le secteur électrique, il pourrait économiser près de 25% de sa production si les centrales électriques maghrébines étaient intégrées. Et à supposer que la capacité de production pour les 20 prochaines années doit passer à 26 gigawatts, l'intégration permettrait d'en économiser 6,6 gigawatt.
En réalité l'impact négatif de la non intégration est plus important si l'on tient compte des effets cumulatifs dus aux économies d'échelle et surtout le peu d'attrait des investisseurs potentiels intéressés par de grands marchés. Aussi, il devient nécessaire, du fait de la densité de nos rapports culturels que les relations passionnelles soient transgressées dans le cadre des intérêts bien compris de chaque nation. Le chemin de la croissance ne peut être retrouvé que pour autant que l'appareil productif est modernisé et managé selon les techniques actuelles. Deux conditions qui ne peuvent être remplies que si le Maghreb se met en partenariat avec des firmes qui participent à l'innovation. Pour que de telles firmes s'intéressent au Maghreb, il s'agit d'acquérir la crédibilité sur le plan institutionnel et politique, donc aller vers l'intégration, et offrir un Etat de droit, évitant l'instabilité juridique, une cohérence et une visibilité économique qui autorisent le calcul économique.
C'est donc dans ce contexte que doit s'insérer la compréhension de la dynamique économique et sociale tenant compte tant de la stratégie des réseaux internes et externes ainsi que de l'urgence de nouvelles structures pour placer le Maghreb comme vecteur actif au sein de l'économie mondiale. Devant laisser de coté les problèmes politiques pour l'instant, l'on peut faire avancer cette intégration par des synergies cultuelles et économiques comme cela s'est passé entre l'Allemagne et la France grâce au programme Schuman du charbon et de l'acier.
A l'avenir, il y a lieu de penser à dynamiser la banque maghrébine d'investissement, la création d'une monnaie maghrébine conditionnée par la résolution de la distorsion des taux de change, la création dune banque centrale maghrébine et également penser la création une bourse maghrébine qui devrait s'insérer horizon 2020/2030 au sein du projet de création de la bourse euro-méditerranéenne. Le Maghreb contribuera ainsi à la valeur ajoutée mondiale. Par ailleurs, la stabilité de l'ensemble de la région, notamment au Sahel, suppose une entente régionale et une coopération active avec l'ensemble de la communauté internationale, car le terrorisme est une menace planétaire.
5- La stabilité de l'ensemble de la région, notamment au Sahel, suppose une entente régionale et une coopération active avec l'ensemble des pays de la région et de la communauté internationale, car le terrorisme est une menace planétaire (voir notre interview 28/12/2016 à l'American Herald Tribune USA). C'est que notre région connait actuellement et devrait connaitre dans les années à venir d'importants bouleversements géostratégiques, tant sur le plan militaire, politique, qu'économique, l'aspect sécuritaire étant déterminant car aucun développement n'est possible sans la sécurité condition de la stabilisation de la région, En effet, aujourd'hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains États.
Or, les défis collectifs nouveaux, sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydrauliques, la pauvreté, les épidémies, l'environnement. C'est que la lecture que font les experts en stratégie des menaces et défis auxquels le monde et notre région sont confrontés repose essentiellement sur la nécessité de développer ensemble une stratégie collective de riposte concernant notamment le terrorisme international, le trafic des êtres humains et la criminalité organisée à travers la drogue et le blanchissement d'argent.
L'Algérie qui partage des frontières terrestres avec ses 7 pays voisins : la Libye, le Mali, la Mauritanie, le Maroc, le Niger, la Tunisie et le Sahara occidental pour un total de 6 343 km a déployé une véritable task-force pour sécuriser ses frontières pour faire face à l'instabilité chronique de l'autre côté des frontières et dont les événements récents confirment la continuelle aggravation. Face à cette situation, l'objectif stratégique pour les maghrébins est de se rassembler et non de se diviser, de réaliser ce vieux rêve d'intégration du Maghreb, afin d'éviter la marginalisation de cet espace stratégique au sein de l'économie mondiale. La dynamisation des relations entre les pays du Maghreb ne sera possible que si les dirigeants ont une vision commune du devenir commun de leur population et des enjeux géostratégiques mondiaux, afin de peser dans les grandes décisions internationales, les micros Etats en ce XXIème siècle n'ayant que peu d'impacts.
Certes, c'est encore un rêve, mais il est possible de le réaliser, tous ensemble, en dépassant les divergences conjoncturelles. Les défis sont nombreux et les obstacles ne sont pas à négliger mais la société civile, les entrepreneurs ont un rôle stratégique à jouer pour dépassionner les relations L'irrationnel, l'archaïsme, la défense des privilèges, la non-prise en compte des aspirations populaires sont les ingrédients d'un immobilisme anachronique à contre-courant de l'Histoire. La mondialisation nous réserve de mauvaises surprises. Grâce à ses importantes potentialités, le Maghreb peut devenir le pont entre l'Europe et l'Afrique et dynamiser les segments productifs complémentaires.
L'Afrique qui devrait dynamiser l'économie mondiale à l'horizon 2030/2040 est un enjeu majeur au XXIe siècle, préfigurant d'importantes reconfigurations géostratégiques, avec le défi écologique et la transition énergétique. L'avenir du Maghreb est en termes d'avantages comparatifs en Afrique. La diplomatie économique (sous segment de la théorie de l'intelligence économique) doit contribuer à investir dans cet espace. En bref, comme je le rappelle depuis 1993 dans différentes interventions internationales, espérons une dynamisation de l'intégration car le Maghreb a toutes les potentialités pour devenir un espace pivot dynamisant facteur de la stabilité régionale méditerranéenne et africaine.
(Suite et fin)
Professeur Abderrahmane Mebtoul, expert international


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