«Quand certains responsables se font servir par camionnettes entières de fruits et légumes, le peuple est tout nu !» L'Algérie est le seul pays dans le monde musulman où les prix des fruits et légumes et des produits alimentaires subissent de folles envolées durant le mois sacré de Ramadhan.Chaque année, cela est un constat amer, révoltant et sans aucune explication logique, où des barons connus sur la place publique au niveau de la wilaya de Mascara, «font et défont» le marché à leur guise, défiant tous les gouvernements et les lois, imposant plutôt les leurs. Le Ramadhan de l'année 2019, qui s'annonce apparemment très chaud, coïncide avec la nouvelle crise économique et sociale dont se débat notre pays, ajoutant davantage de souffrances aux algériens de la troisième couche de la société malmenés sur plusieurs fronts en même temps. Le gouvernement se tait, et en même temps se jette des satisfecits et regrette que certains critiquent son action dont les résultats sont, d'ailleurs, périmés. La loi autorise le gouvernement «legitime»,à intervenir lorsqu'il est constaté des hausses inconsidérées des prix de produits alimentaires de base. A l'exemple du prix du poulet qui a pris des ailes, où le tarif appliqué dans la wilaya de Mascara se monnaye à 250 dinars le kilogramme. Des aviculteurs rencontrés diront au sujet de la nouvelle cotation de la chair de volaille que : «Ce n'est pas au ministre de l'agriculture de nous dictez ses prix ! Dans une économie de marché libérale, les prix sont libres, en plus, les frais engagés par nos soins demeurent incommensurables en perte. Dans ce contexte, nous sommes dans l'obligation de revendre la viande de poulet au prix qui nous revient» Comment se fait-il que durant le premier jour du mois sacré, le prix de la viande bovine congelée hachée «made in India», a augmenté doublement pour finir chez des bouchers véreux et autres vendeurs de volailles au tarif ignoblement placardé de 850 DA/kg. Aussi, pour la viande ovine et bovine, qui parait-il, a été importée et qui normalement se trouve sur les étales des boucheries, à été perçue par les consommateurs comme étant un veritable «1er avril», ou plutôt un poisson d'avril. Que dalle, des ragots gouvernementales ! Profiant de l'anarchie régnante, où le permis de voler est devenu une mode, de gros bras connus sur la place publique manipulent les prix à leur guise. Ainsi, semoule, farine, huile, et autres denrées connaissent une flambée soudaine des prix. Ici, les contrôleurs des prix ne font pas leur boulot convenablement. Leur défaillance, à cet égard, est si évidente que l'on est tenté de dire qu'ils seraient de connivence avec les commerçants peu scrupuleux des lois de la république. Faut-il fermer les directions du contrôle et des prix en Algérie où il n'y a seulement que le petit épicier qui paye les pois cassés des contraventions et autres fermetures administratives abusives. Dans ce même contexte navrant, on nous fera savoir que la direction de la Concurrence et des prix «se fixe pour objectif le contrôle de la qualité, et que pour la pratique des prix, ils demeurent libres». Effectivement, c'est la loi de la jungle devant le regard complaisant des décideurs qui ne connaissent rien de l'érosion du pouvoir d'achat qui a franchi le seuil de l'insupportable où l'épargne de la troisième couche des laissés-pour-compte d'algériens est quasiment nulle. Aussi, les beaux discours du ministre du commerce, n'ont pas mis du baume dans le cœur. C'est l'anarchie. Il ne s'explique pas pourquoi, en économie de marché, l'offre dépasse de loin la demande, alors que les prix ne baissent pas. Mieux, ils augmentent. Les marchés sont gorgés de produits agricoles, conséquence d'une bonne production. Or, ces mêmes produits se vendent partout aux mêmes prix. C'est la loi d'une mafia puissante qui a accumulée des milliards à leurs incommensurables fortunes acquises malhonnêtement grâce à la manne financière de l'état-providence via des crédits administrés du Fndra, Pndra et autres sobriquets de la tarte nationale et de la culture de l'argent facile qui coule à flot. Ici, les nouveaux prix affichés ne sont plus un handicap, les riches consommateurs boulimiques et de toutes les classes sociales confondues achètent avec exagération, peu importent le prix pratiqué. La flambée a atteint son summum pendant ce mois sacré de Ramadhan. Les grossistes, intermédiaires, mandataires, commerçants se sont donné le mot d'ordre pour afficher partout le même refrain de la «liberté de voler» en toute impunité. Le citoyen, quant à lui résigné, ne fait qu'accepter de prendre ce qu'on lui propose : le kilo de carotte à 50 DA, les navets à 9O DA, la salade verte à 6O DA, la tomate entre 120 et 150 DA, la courgette à 85 DA, la pomme de terre à 55 DA, la viande mouton congelée importée de l'inde à 850 DA le kilogramme, une douzaine de Dioul à 100 DA, 500 grammes d'olives dénoyautées à 255 DA, etc. Nous remarquerons qu'il n'y a rien d'excessif dans ces achats limités aux petites bourses. Ce sont les prix exorbitants pratiqués durant ce mois sacré de Ramadhan qui vont crescendo. Ce qui nous donne la coquette somme de 5 500 dinars déboursés en moyenne par semaine pour une famille composée de quatre personnes, où le chef de famille doit dépenser davantage de dinars pour faire ses emplettes, puisque les prix ne cessent d'amplifier. Conscient de cet état de fait, le gouvernement a dès le début de ce mois sacré, comme à chaque Ramadhan, à l'exemple de la sortie fracassante du ministre de l'agriculture de vouloir afficher le prix du poulet à 180 dinars le kilogramme, mais aussi le ministre du commerce qui a annoncé la disponibilité des produits. Mais a quels prix ? Relayé par le chef du gouvernement qui a annoncé qu'il va faire de son mieux pour permettre aux citoyens de la troisième couche de s'approvisionner à des prix abordables. En vain. Comme à chaque serment, les mesures prises par les gouvernements qui se commutent peu ou prou soutenables et la vérité des barons s'impose, comme preuve du contraire de ce qui se passe sur le terrain du pouvoir d'achat des laissés-pour comptes. Tous ceux que nous avons interrogés ont manifesté leurs ras-le-bol au sujet des prix exagérés pratiqués par les gros bras des halls et la dégradation du pouvoir d'achat, où même un salaire de 40.000 DA, ne suffirait pas à tenir un mois convenablement. Les citoyens, qui s'attendaient à un retour à la normal de la mercuriale après la fête de l'Aïd El Fitr, assistent bien au contraire à un relèvement préoccupant des prix des fruits et légumes.Tous se passe comme si les mécanismes de contrôle des prix et d'hygiène mis en place pour la circonstance par les pouvoirs publics ont été réactivés durant ce mois sacré de piété, ont eu a intervenir en catimini ou des résultats maigres ont été enregistrés, et dont leurs interventions restent limitées. Ainsi, comme à chaque mois de Ramadhan, la tradition est respectée. Hausse des prix, passivité légendaire et reconduite de la répression et des fraudes et autres brigades mixtes. Pour fermer la marche, n'est-il pas vrai de dire que «quand certains responsables véreux se font servir par camionnettes entières de produits de fruits et légumes, le peuple est tout nu !».