Quelle perspective s'offre pour l'année 2019 à la campagne «Tomate Industrielle» (T.I) en Algérie ? La question est lancinante car présente dans toutes les discussions, tant des agriculteurs et transformateurs que celles des experts agricoles. Question légitime, au vu des nombreux soubresauts et scandales à dizaines de milliards qui caractérisent, depuis quelques mois, cette filière agricole stratégique. A elle seule, elle comptabilise plus de 100.000 emplois directs, temporaires ou saisonniers. Par le fait de certains se croyant tout permis, ces scandales persistent toujours. Les ministres de l'agriculture, du développement rural et de la pêche qui s'étaient succédés, s'étaient limités à faire dans la langue de bois ou à accorder des facilités diverses à leurs proches et amis. Notamment, Abdelkader Bouazghi, ministre du 25 mai 2017 jusqu'à 2019. Il est aussi à l'origine des facilitations financières accordées à des importateurs de produits agricoles dont le triple concentré de tomate et légumes secs. Elles étaient injustifiées à la lecture des quantités récoltées et celles enregistrées pour la trituration par les 17 unités de transformation implantées principalement dans les wilayas de Annaba, Tarf, Skikda, Guelma. Le dernier scandale en date concerne l'autorisation accordée à des conserveurs pour l'importation d'importantes quantités de triple concentré de tomate de (TCT) de Chine. Ce qui a eu pour effet de stopper nette la volonté des agriculteurs d'augmenter la production de la tomate industrielle. D'autant que de qualité douteuse, le TCT chinois a envahi le marché algérien avec pour impact la mévente du produit algérien. Après une longue période de stockage, ce dernier a atteint le pourrissement avant d'être jeté aux abords des oueds. Mieux encadrée et mieux gérée, cette filière stratégique qu'est la tomate industrielle et le secteur de la transformation des fruits et légumes dont le double et le triple concentré de tomate, aurait stimulé le secteur de l'emploi. Comme il aurait pu permettre de réduire les importations, améliorer les rendements à l'hectare, augmenter les surfaces de la culture et inscrire des records en termes de culture et de transformation de la tomate industrielle. On en est loin pour l'heure. Pis, nous en sommes aux grincements de dents des principaux acteurs entre agriculteurs et transformateurs, particulièrement à l'Est du pays. Et dire que l'on était sorti de la stagnation pour rejoindre le niveau de production de tomate fraîche ou C.T en 2010, durant laquelle l'Algérie était arrivée à produire, pour la première fois depuis l'indépendance, 40.000 tonnes de concentré de tomate (C.T). Elle s'était préparée à multiplier cette quantité par deux. Ce qui était synonyme d'arrêt des importations synonymes de transfert d'argent. Ce résultat avait été atteint en 2011 avec une récolte de plus de 600.000 tonnes de T.I ; Elles prendront la route des 7 unités de transformation qui étaient encore en exploitation pour produire 60.000 tonnes de C.T. C'est ce qui avait été avancé dans les bilans d'évaluation avancés par les agriculteurs producteurs de tomate industrielle portant sur l'état végétatif des cultures sur une surface globale de 16.000 ha. Cette surface est principalement concentrée à Annaba, Tarf, Guelma et Skikda. Cette évaluation pourrait être encore d'actualité même si les surfaces destinées à cette spéculation qu'est la tomate industrielle ont augmenté et que les capacités de trituration ont pratiquement doublées. Il reste que les agriculteurs doivent faire face aux attaques du Mildiou. Annuellement, il est à l'origine de la perte de 20 % de la production totale. Ce qui n'arrangeait pas les affaires des 17 unités en activité sur les 22 existantes depuis 2006. Elles étaient puissantes de par leur regroupement dans l'Association des conserveurs de tomate (ACTOM). On entend plus parler de cette structure de soutien et d'animation. Un des ministres en poste paraissait avoir trouvé un palliatif en créant le Comité national interprofessionnel (CNI). Hier assurée par un des acteurs du monde agricole, l'animation de cette institution est aujourd'hui en perte de vitesse. Tant et si bien que, pour parer au plus pressé, l'on a désigné un membre de l'Assemblée populaire de wilaya. Ancien agent administratif à la direction de l'Education, cet élu méconnait totalement le secteur de l'agriculture et surtout la culture de la tomate industrielle. Conséquence : le découragement et la lassitude caractérisent actuellement la filière de la tomate industrielle. D'où les risques de fermeture pour faillite de plusieurs unités de transformation de tomate industrielle. Même la subvention au kg censée fouetter la volonté des agriculteurs et des transformateurs agricoles, n'a pas suffi à créer un autre souffle pour la filière. Au regard de l'absence de toute réaction de l'actuelle ministère qui, bien que saisi, n'a toujours pas réagi au grand bonheur des spécialistes de l'importation du triple concentré de tomate.