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Deux personnages historiques et, jadis, d'une utilité incontestable
Publié dans La Nouvelle République le 17 - 06 - 2019

Il s'agit de deux personnages qui ont longtemps occupé le devant de la scène dans la société traditionnelle où ils ont eu à jouer des rôles déterminants.
Le poète était quelqu'un que tout le monde adulait pour son verbe facile et son don de versifier dans la langue populaire, langue dans laquelle toutes les catégories sociales s'exprimaient pour échanger leurs impressions, idées, soucis et que le poète savait rendre belle par ses admirables combinaisons de mots de tous les jours, ses vers rimés et toujours improvisés qui faisaient la fierté de tous parce qu'ils s'adressaient à nous, parlaient des masses silencieuses opprimées. Le poète est, comme le chanteur, celui qui parle de problèmes sociaux, de sentiments, de ce qui agite les hommes dans une forme langagière esthétique qui charme le public. C'est pourquoi, chacun faisait l'effort de mémoriser ses paroles faute d'écriture et le travail de mémorisation était l'affaire de tous afin que ces textes poétiques concernant la collectivité ne tombent pas dans l'oubli. Le paysan appelé en langage de chez nous « le fellah » fait lui aussi un travail admirable, travailler la terre pour procurer à tout le monde de quoi vivre. Rôle noble que celui du fellah qui défriche, laboure la terre, sème, plante, récolte les fruits de son travail au profit des autres. Maintenant, le fellah bénéficie de tous les bienfaits de la technologie moderne : tracteur, engrais, système d'irrigation, prévisions météorologiques. Le travail s'est mécanisé, mais le fellah a beaucoup perdu de sa culture. Dans l'ancien temps, le fellah travaillait dans des conditions aléatoires. Il lui fallait fournir de gros efforts pour labourer avec la charrue traditionnelle, moissonner avec la faucille, faire le battage des céréales et des légumes secs sur une aire à battre, ramasser le fourrage. Il accomplit toutes les tâches à la main et avec des outils traditionnels. Le poète, témoin d'un temps et chantre des valeurs anciennes Il est avant tout un artiste et en que tel il parle en versifiant. Les poètes de l'oralité ont plus de mérite que les modernes qui écrivent tout ce qu'ils disent. Ils possèdent non seulement le don de versifier, mais aussi la langue. Ce qui explique la facilité qu'ils ont de composer en improvisant des poèmes sur le vécu individuel ou collectif. Il y a eu des poètes parmi d'autres qui ont composé des poèmes de circonstances, mais qui ont participé à des œuvres d'intérêt général et à la lutte contre l'envahisseur français, c'était la guerre anticoloniale. Mohamed Belkheir de la tribu des Ouled Sidi cheikh, du temps de Bouamama, au 19ème siècle, est de ces poètes qui exerce un bel art, celui de parler en vers ce que les siens ressentent intérieurement face à un occupant étranger et qu'il faut combattre. Belkheir lui- même a pris part à la lutte, il exprime ses sentiments allant de la volonté de vaincre au doute dans cet extrait traduit de l'arabe : « Insaisissable destin… Le pays appelle, vains échos. Comme l'enfant arraché à sa mère. De toutes les tribus, personne ne répond ». Mohamed Belkheir va connaitre le même sort que les autres combattants, il sera déporté en Corse puis en 1884 à la forteresse de Calvi. Le porte parole des Ouled Sidi CHEIKH se sentant livré à l'ennemi en tant que prisonnier loin de chez lui, invoque Le Tout Puissant dans des vers qui traduisent l'angoisse et l'espoir d'un miracle : « O Maitre généreux ! trouve nous un sultan, Droit et juste, et qui gouverne. Pour le triomphe de l'Islam sur l'infidèle. Et reconnu par les nations. » On voit bien que ces maîtres du verbe de l'oralité qui ont existé partout et à toutes les époques ont pour la plupart d'entre eux, pris des attitudes courageuses face à l'ennemi. Chaque région de chez nous avait ses poètes oraux qui improvisaient des poèmes de circonstances pour dire tout haut ce que les voix silencieuses disaient tout bas, avec talent et parfois sur un ton téméraire. L'administration coloniale et ses mouchards étaient toujours là pour réprimer les dépassements. Qui ne connait ibn M'saieb, Ben Guitoun, Ben Chetouan, au moins de nom. On a souvent entendu parler d'un poète atypique par son sort malheureux en tant que victime de la colonisation française, sa poésie engagée, sa culture de zaouia, il s'agit de Si Mohand ou M'hand qui a composé oralement de très nombreux poèmes d'une beauté incomparable qui ont fait l'objet de plusieurs publications dont la meilleure semble être celle de Mouloud Mammeri. Si Mohand est rentré tout petit à l'école coranique. Dès qu'il avait fini d'apprendre le Coran, il est rentré à la zaouia, école supérieure où toutes les matières lui sont enseignées dont la grammaire arabe. Mais l'armée coloniale a rasé le village du poète pour y construire Fort National, chef lieu des villages environnants. La famille de Si Mohand comme toutes les autres de ce village ont lutté contre l'occupant français, elles ont été décimées, l'oncle du poète a été déporté en Nouvelle Calédonie, son frère avait pris la fuite et s'est installé à Tunis comme confectionneur et marchand de beignets. Si Mohand qui était devenu poète errant, faisait la navette entre l'Algérie et la Tunisie et semait à tous vents ses poèmes. Il parlait en versifiant sur des thèmes pouvant intéresser tout le monde : la colonisation, problèmes de société et surtout sentimentaux. L'inconvénient chez Si Mohand, c'était qu'il ne répétait jamais ses poèmes et ne les écrivait jamais. Quand il lui arrivait d'être à Tunis, il écrivait des lettres en arabe aux Tunisiens illettrés. Pauvre poète obligé d'aller à Tunis pour exercer le métier d'écrivain public en alternance avec celui de confectionneur de beignets aux côtés de son frère qui avaient fui l'armée coloniale. Nous disions que les poètes d'expression orale, comme les chanteurs prenaient part aux joies et aux malheurs de leur société d'appartenance. Leurs textes chantés ou déclamés s'inspiraient toujours des problèmes du milieu à caractère social ou politique. C'est ainsi que Si Mohand Ou M'hand a composé un poème merveilleux sur une famille influente, grosse propriétaire terrienne dans la vallée du Sébaou au temps des Turcs et qui dès l'arrivée des français avait totalement disparu. Le fellah, travailleur de la terre et gardien des pratiques ancestrales Il n'avait pas la même acception qu'il a aujourd'hui par rapport à celle de l'ancien temps. Le fellah était quelqu'un qui se levait très tôt, à l'heure de l'appel à la prière pour aller au travail des champs, il priait d'abord avant de prendre son courage à deux mains pour commencer laborieusement sa journée. D'année en année, il défrichait, labourait la terre au début de l'automne et du printemps, semait, taillait les arbres et en plantait d'autres, s'occupait des moissons et du battage ainsi que de la récolte des fruits de toutes sortes. Les grands fellahs savaient joindre l'utile à l'agréable, ils profitaient de leur présence permanente dans les champs pour élever des abeilles. Le miel il en consommait et il vendait le surplus. Chaque soir, il ramenait sur ses bêtes de somme des charges de bois ou de fourrage. Il ne faut pas perdre de vue la culture du fellah acquise par transmission c'est à dire par la voie orale. Il est le véhicule d'une littérature essentiellement orale acquise au fil du temps au contact des autres fellahs et constituée de récits mythiques, contes, chansons, proverbes en rapport avec le monde agricole. Ce paysan des temps anciens possède également un savoir non négligeable en botanique ; il s'agit des techniques permettant de rendre plus productif les arbres fruitiers classés par familles, des manières de greffer telle catégorie d'arbre, de rendre fertile la terre dans laquelle on l'a planté. Il a également un savoir faire en ce qui concerne les différentes façons de cultiver les légumineuses et les céréales indispensables à la vie d'une population rurale qui aspire à une sécurité alimentaire. L'ensemble des connaissances acquises par le fellah relève de l'oralité et il véhiculé de génération en génération par des récits, anecdotes transmises de bouche à oreille en guise de connaissance à une population illettrée qui cherche à connaitre dans son domaine : celui de la terre nourricière, les différents types de cultures, le bétail composé de bovins, d'ovins, de bêtes de somme. On peut ajouter que le domaine des connaissances dans le monde paysan est immense quand il faut lui adjoindre celui concernant l'élevage des abeilles et celui des oiseaux de basse cour.

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