La situation humanitaire dans la région d'al-Hassaka, située dans le nord-est de la Syrie, près de la frontière turque, s'est dégradée suite aux opérations militaires turques, a déclaré le général-major Alexei Bakin, chef du centre de réconciliation des parties en conflit en Syrie, ont rapporté dimanche des médias locaux. Selon le général russe, plus de 100 000 civils, ayant fui les zones de combats intenses entre les forces militaires turques et les Unités de protection du peuple (milices kurdes), se sont rassemblés dans les villes de Qamishli, al-Hassaka et des localités habitées avoisinantes, a indiqué l'agence Tass. «Le Centre de réconciliation des parties en conflit reçoit des appels de civils locaux signalant des perturbations dans le fonctionnement des services de soins de santé, du commerce et des services de logement», a souligné M. Bakin. Le ministère russe de la Défense a déclaré que la plupart de ces zones de cette région sont dirigées par des gouvernements locaux, soutenus par les Etats-Unis et leurs alliés au sein de la coalition internationale luttant contre le groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique» (Daech/EI). «Compte tenu de l'incapacité des instances autonomes à assumer la situation qui se détériore rapidement dans le contexte de l'inaction factice de la coalition dirigée par les Etats-Unis, l'avenir des résidents locaux et l'arrivée de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays sont une source de grave préoccupation, a fait savoir le ministère russe de la Défense. Le Centre russe de réconciliation a déclaré, en outre, que les régions d'al-Hassaka, à Deir ez-Zor et à Raqqa ont vu des protestations spontanées de la population contre l'intervention étrangère et en faveur de la restauration de l'intégrité territoriale de la Syrie. «Afin d'éviter la catastrophe humanitaire imminente, nous exhortons la communauté internationale à fournir toute l'assistance possible afin que la souveraineté de la République arabe syrienne puisse être restaurée dans les régions orientales du pays dans les plus brefs délais», a recommandé M. Bakin. «Seules les autorités syriennes sont capables d'organiser les livraisons l'aide humanitaire aux personnes déplacées dans les délais les plus brefs et d'empêcher l'effondrement du système de santé et de l'infrastructure socio-économique dans cette région», a-t-il ajouté. Le 9 octobre, Ankara a lancé une offensive dans le nord-est de la Syrie, qui a débuté par des frappes aériennes sur des unités des forces kurdes. L'objectif est d'établir une zone de sécurité dans le nord de la Syrie pour la protection de la frontière turque. En outre, les réfugiés syriens pourraient revenir dans cette région depuis la Turquie. La communauté internationale a condamné l'opération d'Ankara qualifiée d'un acte d'agression, appelant à la fin immédiate des opérations militaires. La Ligue arabe condamne l'offensive de la Turquie dans le Nord de la Syrie La Ligue arabe a condamné l'offensive turque dans le Nord de la Syrie, estimant qu'elle enfreignait la souveraineté de ce pays ravagé par la guerre, a déclaré mercredi un responsable. «La Turquie ne devrait pas mener de telles opérations militaires quels que soient les prétextes qu'elle utilise pour se justifier», a déclaré le secrétaire général adjoint de la Ligue Arabe, Hossam Zaki. Ces propos de M. Zaki surviennent quelques heures après que la Turquie a lancé une offensive baptisée opération «Source de paix» contre les forces kurdes dans les régions du nord de la Syrie au sud de la la frontière avec Turquie, forces kurdes qu'Ankara considère comme des terroristes. Le responsable de la LA a déploré l'incapacité de cette organisation pan-arabe à jouer un rôle actif en Syrie après que Damas a vu son adhésion à la Ligue suspendue en 2011 pour avoir réprimé violemment des manifestations. Le chef de la LA, Ahmed Aboul-Gheit, avait tenté d'impliquer la LA dans le règlement de la crise syrienne mais que ses efforts n'avaient pas été fructueux jusqu'à présent, a expliqué M. Zaki. Cette organisation arabe basée au Caire a déclaré mercredi dans un communiqué antérieur, publié avant le début de l'opération turque, que cette manoeuvre de la Turquie serait «une violation flagrante de la souveraineté syrienne et une menace sérieuse pour l'intégrité territoriale de la Syrie». Elle a ajouté qu'une telle offensive pourrait provoquer une nouvelle dégradation des conditions humanitaires et de sécurité en Syrie, provoquer davantage de conflits et «permettre au groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique» (Daech/EI) de restaurer une partie de son pouvoir». «Toute intervention étrangère en Syrie de quelque partie que ce soit est rejetée et condamnée», souligne le communiqué de la ligue, appelant toutes les parties à ouvrir la voie au processus politique en Syrie plutôt qu'à une escalade militaire supplémentaire. De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé mercredi que l'opération dans le nord de la Syrie était menée en coopération avec l'Armée nationale syrienne. Ankara considère les Forces démocratiques syriennes (SDF) et les Unités de protection du peuple (YPG), deux groupes à majorité kurde, comme des mouvements terroristes alliés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) interdit en Turquie, selon M. Erdogan. Les forces kurdes étaient des alliés majeurs des Etats-Unis dans la lutte contre l'EI en Syrie, c'est pourquoi les Kurdes, tout comme les détracteurs du président américain Donald Trump, ont considéré le retrait récent des troupes américaines du nord de la Syrie, avant l'offensive turque, comme un «coup de poignard dans le dos».